Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean-Pierre Allali - Négritude et Judéité. Balades en noir et blanc, par Maurice Dorès

13 Septembre 2022 | 125 vue(s)
Catégorie(s) :
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Négritude et Judéité. Balades en noir et blanc, par Maurice Dorès (*)

 

Maurice Dorès, c’est l’immense auteur qui, dans le sillage de Jacques Faïtlovitch, nous fit découvrir, en 1992, avec « La beauté de Cham, mondes juifs, mondes noirs » (Balland), la richesse et la diversité du judaïsme longtemps méconnu de populations africaines et noires en général.

Étonnant Dorès avec ses multiples facettes : médecin psychiatre, ethnologue, ancien directeur de recherches à l’université Paris VIII et cinéaste auquel on doit, notamment « Black Israël » (2003) et « Jacques Faïtlovitch et les tribus perdues » (2012).

Maurice Dorès a véritablement sillonné la planète, de Dakar à Jérusalem en passant par les Antilles, les États-Unis et bien d’autres contrées.

Ce n’est que récemment, dans les années soixante-dix, que le monde a découvert l’existence de Juifs noirs en Éthiopie, les Falashas ou Beta Israël. Pourtant, bien avant, en 1904, Jacques Faïtlovitch, un Juif natif de Lodz en Pologne, poussé par son professeur, Joseph Halévy, avait fait le voyage africain et découvert, dans la région du Gondar, ces « Noirs qui se disent Juifs » et qui, de nos jours, ont pratiquement tous, choisi de rejoindre la Terre promise, Israël. C’est là, désormais, qu’ils célèbrent en grande pompe et en fanfare leur fête principale, le « Sigd ».

Comme le dit Dorès, digne héritier de Faïtlovitch, « Les Juifs et les Noirs se connaissent depuis longtemps. La terre n’est pas si grande qu’ils n’aient pu se rencontrer depuis les temps les plus reculés. L’Afrique n’est pas loin de la Judée. Les Ethiopiens sont très présents dans les textes anciens de la tradition juive ». « Kouch », l’Éthiopie, apparaît souvent dans les textes sacrés. Sans oublier Ibn Ezra selon lequel la Sulamite est belle comme une Éthiopienne et Tsipporah, la femme « noire » de Moïse.

Par-delà les Falashas et les Falashmuras , Falashas convertis au christianisme mais qui sont revenus à la foi de leurs ancêtres et vivent désormais eux-aussi, en Israël, Maurice Dorès nous parle des travailleurs immigrés africains qui vivent difficilement en Israël, notamment dans le sud de Tel Aviv. Des Soudanais et des Érythréens, des Ghanéens et des Nigérians, des Kenyans, des Congolais et des Ivoiriens.

Et voici aussi les Hébreux noirs de Ben Ami Carter, les familles afro-palestiniennes de Jérusalem, les Bédouins noirs, les Juifs du Cap Vert, les Afro-brésiliens, les Juifs du Nigéria et ceux du Ghana, les Abayudayas de l’Ouganda, les Lembas d’Afrique du Sud, les Juifs du Congo, les Ibos et bien d’autres.

Un chapitre très intéressant est consacré aux Juifs noirs de France désormais regroupés en associations.

Des portraits savoureux de personnages truculents nous sont proposés au fil des pages de ce remarquable ouvrage. Nathan Gamzédé, petit-fils d’un roi du Zimbabwe et fils d’ambassadeur, qui a choisi d’être un Juif haredi, strictement observant et qui vit à Safed. Yonah Zlanga, Centrafricain qui a abandonné sa langue natale, le sango pour l’hébreu et qui est désormais israélien et juif. Haï Ben Daniel, venu du Nigéria et désormais harédi lui aussi avec sa redingote et son chapeau noir…

Un beau livre pleins d’enseignements à découvrir sans tarder.

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Les Indes Savantes. Janvier 2021. 178 pages. 20 €.