Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean-Pierre Allali – Nous vivrons, Enquête sur l’avenir des Juifs, par Joann Sfar

27 Novembre 2024 | 113 vue(s)
Catégorie(s) :
Antisémitisme

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

À l'occasion des 80 ans du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), les membres du Crif ont été reçus à l'Élysée par le Président de la République, Emmanuel Macron, et Madame Brigitte Macron, lundi 18 mars 2024. Le Président du Crif, Yonathan Arfi, a prononcé un discours à cette occasion. 

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Nous vivrons, Enquête sur l’avenir des Juifs, par Joann Sfar (*)

 

Né en 1971 à Nice, Joann Sfar est le fils d’André Sfar, un avocat juif originaire de Sétif, en Algérie et de Liliane Haftel, une Juive ashkénaze, originaire d’Ukraine, fille d’une chanteuse pop renommée. Après des études de philosophie, il choisit de se lancer dans la bande dessinée et va connaître un grand succès avec Le Chat du rabbin. La nouvelle BD qu’il nous propose se caractérise par une extrême lourdeur. Au sens littéral du terme : plus d’un kilo à mon avis. Une lourdeur largement compensée par sa qualité. Le sujet est gravissime : le pogrom du 7 Octobre 2023 perpétré par les terroristes du Hamas, qui a meurtri Israël dans sa chair. Un Israël qui demeure debout et confiant en son avenir car un idéal et une espérance qui tiennent en deux mots : « Nous vivrons », animent le peuple juif. Une résilience millénaire symbolisée par la lettre hébraïque « Haï », bien en vue sur la couverture de l’ouvrage.

Par-delà une description sans fards de la tragédie du 7-Octobre, de la guerre qu’elle a engendré et de la vague antisémite qui a suivi, obligeant nombre de Juifs à éviter d’afficher en public leur appartenance, Joann Sfar rappelle de nombreux faits historiques souvent occultés : l’exode inexorable des Juifs du monde arabo-musulman où a sévi la haine des Juifs, le fait que la notion de « Palestinien » n’a été créée que parce qu’Israël a vu le jour, les rapports troubles entre Hadj Amine El Husseini et Hitler, les véritables raisons de l’exode des Palestiniens…

De nombreuses personnalités, de la communauté juive notamment, apparaissent ici et là, au fil des pages : le rabbin Delphine Horvilleur, Enrico Macias, Georges Kiejman, Frédéric Encel, Marc-Alain Ouaknin….

Relevons deux petites erreurs commises probablement par inadvertance : l’ancien Grand rabbin de France, Sirat, se prénommait René-Samuel et non Jean-Samuel. Par ailleurs, lorsqu’il visita le jeune État d’Israël, Joseph Kessel n’était pas muni du premier passeport israélien. Il était français et avait obtenu le premier visa émis par l’État juif.

On notera que, par souci d’équilibre, le Hamas et le terrorisme palestinien ayant été bien fustigés au fil des pages, Joann Sfar, par le biais de ses personnages, ne mâche pas ses mots quant à l’attitude de certains dirigeants israéliens : Netanyahou : « C’est le Premier ministre le plus impopulaire de l’histoire d’Israël ». « S’il n’y avait pas Netanyahou, il n’y aurait pas cette explosion anti-juive ». « Les extrémistes à la Ben Gvir sont les ennemis de tous »…

Une BD captivante et édifiante. À découvrir.

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Les Arènes BD, avril 2024, 456 pages, 35 €.

 

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