Jean-Pierre Allali
Le codex de Qumran, par Didier Nebot (*)
Qumran. Onze grottes dans les environs de la mer Rouge. Un site devenu célèbre depuis, qu’en 1947, un jeune Bédouin y découvrit, fortuitement, dans des jarres, des manuscrits datant de l’époque du Second Temple de Jérusalem et des Esséniens. Les « Manuscrits de la Mer Morte », la découverte archéologique la plus étonnante du XXe siècle, sont, pour partie, déposés au Musée Israël de Jérusalem, dans la « Maison du Livre ».
Didier Nebot, prend Qumram comme fil directeur et à travers les tribulations d’un cardiologue parisien, Salmon Chouraqui, fils d’Eliezer, père de Yaël et divorcé de Martine, par ailleurs petit-cousin d’André Chouraqui, qui fut maire-adjoint de Jérusalem, harcelé par des rêves prémonitoires, pour nous raconter l’histoire d’Israël, d’hier et d’aujourd’hui. Le livre s’ouvre sur une évocation du pogrom du 7-Octobre 2023 au kibboutz Be’eri ainsi nommé en mémoire de Berl Kaznelson, grand dirigeant sioniste socialiste. On se retrouve quelques pages plus loin, au même kibboutz Be’eri, le dimanche 6 octobre 1946 où deux Algérois, Mendel Chouraqui et Gabriel Rosenberg qui ont fait leur alyah, participent avec ferveur à l’édification du futur État juif. Didier Nebot retrace cette période difficile avec les méfaits du Grand mufti de Jérusalem Hadj Amine El Husseini, admirateur d’Adolf Hitler.
Après un séjour en Israël, le docteur Chouraqui est de plus en plus en proie à ses délires obsessionnels sur fond de prémonitions et d’angoisse car sa compagne, Nelly Wolf, est dans un coma profond. Peut-être atteint du fameux syndrome de Jérusalem, sur un coup de tête, il vend son cabinet médical, cède son bel appartement à un riche Saoudien et veut se consacrer à la résolution des mystères qui le hantent. Et voilà que Nelly retrouve la santé et qu’il se lance dans l’écriture d’un livret pour une comédie musicale basée sur la paix entre Juifs et Arabes et intitulée « Qumram. Il était une fois la paix ». Remise sur pied, Nelly décide de rompre avec son amant. Décidemment, notre héros ne sait plus où donner de la tête, à moins qu’il ne soit en train de la perdre ! Ça alors !! Au fil des pages, on va de pérégrinations en rebondissements. Les coïncidences alternent avec les synchronismes et les divinations avec les anagrammes. Sans oublier le nombre d’or et le Pi des cercles. Le tout accommodé d’un zeste de nécromancie. Et voilà que notre bon docteur est engagé à l’OSE (Œuvre de Secours aux Enfants), organisation sociale créée en 1912 à Saint-Pétersbourg. Encore une coïncidence puisque le docteur Nebot est lui-même stomatologiste à l’OSE. Ça alors !! Et ce n’est pas fini ! Salmon et sa nouvelle femme, Rachel, font la connaissance d’une représentante des Français de l’Étranger, Daphna Benichou, véritable clone de Daphna Poznanski-Benhamou, députée de la 8e circonscription.
Ce bel ouvrage, qui est une occasion de retracer l’histoire millénaire du peuple juif, qui passe, entre autre, par le mont Nebo (Ça ne s’invente pas !), s’achève sur une évocation des tragiques événements du 7-Octobre 2023, un pogrom qui a ensanglanté de nombreux kibboutzim dont Be’eri dont les habitants, pacifistes, se croyaient à l’abri de la sauvagerie islamiste du Hamas : « Gens de gauche, adeptes de la main tendue et des idées généreuses, personne ne les attaquerait ni ne risquerait à les prendre en otage ».
Une remarque. Par trois fois, Didier Nebot parle d’Israël comme d’un État créé par les Nations Unies, argument qui nous rappelle la polémique survenue après les propos du président Emmanuel Macron allant dans le même sens. Il convient de le redire ici haut et fort : Non, Israël n’a pas été créé par l’ONU mais par le courage, le sang et la sueur des pionniers sionistes. Et, d’ailleurs, l’ONU n’a absolument par le pouvoir de créer des États. Un ouvrage très original. À découvrir !
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Érick Bonnier, 2024, 351 pages, 22 €.
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