Depuis le 4 décembre 2018, Israël a lancé l’opération ‘Bouclier du Nord’ afin de démolir trois tunnels creusés par l'organisation terroriste chiite libanaise, Hezbollah. Au cours des dernières semaines, un quatrième puis un cinquième tunnel ont été découverts par les forces armées Israéliennes.
Pour répondre à la menace posée par le Hezbollah, qui a été une nouvelle fois mise à jour par la découverte de ces tunnels, le corps diplomatique juif - un programme phare du Congrès juif mondial, réunissant des jeunes professionnels de divers horizons désireux d’agir dans le domaine de la diplomatie - à décider de lancer une campagne qui encourage la communauté internationale à désigner le Hezbollah en tant qu’organisation terroriste et à la sensibiliser aux exactions commises par le Hezbollah envers la population civile Libanaise.
La menace que ces tunnels représentent est ainsi bien réelle. À la fois dans la violation de la souveraineté du territoire Israélien, mais aussi dans la manière d’exposer au danger la population libanaise qui sert régulièrement de bouclier aux activités militaires illégales que mène l’organisation terroriste. Pour preuve, l’un des tunnel débusqué provenait de Kafr Kila, une ville frontalière avec le Liban, mais plus inquiétant encore, d'un bâtiment civil.
L’action du groupe terroriste au cœur des civiles est un secret de Polichinelle, l’un des postulat de l’organisation étant d’exploiter les villages chiites comme bases militaires. L’armée de défense Israélienne estime par ailleurs qu’une maison sur trois dans le sud du Liban est une base active du Hezbollah. Un mode opératoire dangereux, allant à l’encontre du droit international humanitaire.
La question que je pose est la suivante : qu’est-ce qu’on attend pour condamner définitivement, d’une voix unanime, sans “mais”, ni tentatives hasardeuses de séparation entre la branche politique et militaire, une organisation qui a pour seule vocation dogmatique de tuer et de détruire ?
Il semblerait que les attaques perpétrées contre la population Israélienne ne suffisent pas à trouver un écho solidaire au sein de la communauté internationale, ni de légitimité suffisante pour parler d’une seule voix ferme. Mais alors qu’en est-il des méthodes employées et des attaques menées par le Hezbollah, à l’échelle mondiale, causant des centaines de morts ?
Si la définition du terrorisme se heurte à plusieurs difficultés dû à son caractère protéiforme, Kofi Annan, alors secrétaire général des Nations Unies, disait jadis : “Les terroristes sont reconnaissables à leurs actions”.
Que nous faut-il de plus ?
La charte chimérique du Hezbollah prônant un programme politique applicable dans un “État moderne”, masque les véritables enjeux politiques qui se nouent dans la région. À la fois alliée du régime Syrien, ennemie déclarée de l’État islamique, bras armé de l’Iran et “marraine” du Hamas, l’organisation révélée officiellement en 1985 et dirigée par Hassan Nasrallah depuis 1992 a su muer en une organisation proto-état.
N’en déplaise à nos détracteurs, qui auraient pu trouver admissible le caractère ouvertement antisémite des objectifs prioritaires inscrits dans la charte de l’organisation comme la réponse à une pseudo oppression du seul État démocratique du Moyen-Orient, le Hezbollah n’est désormais plus le seul problème des Israéliens.
Ses ramifications tentaculaires, son arsenal militaire de plus de 150 000 missiles y compris à longue portée, son pouvoir en interne ainsi que son influence endémique sur les gouvernements de la région, et les populations chiites locales, sont un avertissement aux défis géopolitiques qui attendent les acteurs de ce multi-conflit et face auquel l’Europe va devoir jouer un rôle prédominant.
Les États-Unis, le Canada, l'Australie, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Arabie saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Qatar ont d’ores et déjà placé le Hezbollah sur leur liste des organisations terroristes et depuis 2016, la Ligue arabe leur a emboîté le pas. Pourtant, cette dénomination n’est pas encore systématique et loin d’être généralisée. L'Union européenne tout comme l’Australie, la Nouvelle Zélande et le Royaume-Uni, prudents ou intrépides, ont pris la décision, conciliante, de classer uniquement la branche militaire du Hezbollah sur sa liste des organisations terroristes.
Hors, en pratique, la branche militaire sert incontestablement le projet politique de l’organisation et le Conseil de Shura en est l’illustration parfaite avec ses membres issus des institutions tantôt militaires, politiques et/ou sociales, en charge des décisions clés et des grandes orientations militaires de l’organisation.
Nous exhortons, sans plus tarder, tous les États et les gouvernements à reconnaître le Hezbollah, son entité pleine, sans distinction, comme organisation terroriste.
Nous encourageons simultanément, le Conseil de Sécurité de l'ONU à désigner l’organisation du Hezbollah comme organisation terroriste, mais aussi à agir, concrètement, sur le terrain, en renforçant l’action de la FINUL et l’autorité du gouvernement Libanais, dans le but d’éradiquer définitivement la présence de l’organisation au sein de la population civile et de tenir pour responsables les parties prenantes qui favorisent la croissance du mouvement en leur sein.
Cette requête ne nécessite aucun acte de bravoure. Elle n’a rien de binaire, c’est une obligation et une responsabilité et sans doute le dernier rempart à un dénouement manifestement très engagé, et pour lequel, j’en ai bien peur, il soit déjà trop tard.
Affirmons nos différends dans la capacité à nous unir autour de valeurs communes et osons, à l’unisson, nommer le Hezbollah, dans son entièreté, organisation terroriste. Point.
Caroline R. Cullière, WJC JDCorps
Le WJC JDCorps, un programme phare du Congrès juif mondial, est un réseau de jeunes professionnels juifs agissant dans le domaine de la diplomatie et de la politique publique. Il regroupe quelques 200 personnes à travers plus de 40 pays. Les membres, connus sous le nom de "Jewish Diplomats" (JD), viennent d'un large éventail de milieux professionnels.