Yonathan Arfi

Président du Crif, un militant juif et citoyen

Discours du Président du Crif à l'occasion du colloque « L’école de la République à l’épreuve de la montée de l’antisémitisme »

11 Mars 2025 | 29 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Le Crif et sa commission Éducation, la Fondation Jean-Jaurès et l'IFOP organisaient jeudi 6 mars 2025 au Sénat un colloque dédié à la montée de l’antisémitisme au sein du milieu scolaire, en présence notamment d'Élisabeth Borne, ancienne Première ministre, ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Voici le discours prononcé par le Président du Crif, Yonathan Arfi, à cette occasion. 

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Actualité

Le Crif et sa commission Éducation, la Fondation Jean-Jaurès et l'IFOP organisaient jeudi 6 mars 2025 au Sénat un colloque dédié à la montée de l’antisémitisme au sein du milieu scolaire, en présence notamment d'Élisabeth Borne, ancienne Première ministre, ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Voici le discours prononcé par le Président du Crif, Yonathan Arfi, à cette occasion. 

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Antisémitisme

Le Crif et sa commission Éducation, la Fondation Jean-Jaurès et l'IFOP organisaient jeudi 6 mars 2025 au Sénat un colloque dédié à la montée de l’antisémitisme au sein du milieu scolaire, en présence notamment d'Élisabeth Borne, ancienne Première ministre, ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Voici le discours prononcé par le Président du Crif, Yonathan Arfi, à cette occasion. 

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Le Crif et sa commission Éducation, la Fondation Jean-Jaurès et l'IFOP organisaient jeudi 6 mars 2025 au Sénat un colloque dédié à la montée de l’antisémitisme au sein du milieu scolaire, en présence notamment d'Élisabeth Borne, ancienne Première ministre, ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Voici le discours prononcé par le Président du Crif, Yonathan Arfi, à cette occasion. 

Madame la Première Ministre,

Monsieur l'ancien ministre de l'éducation nationale,

Madame la directrice générale adjointe de l'UNESCO,

Mesdames et messieurs les parlementaires, et en particulier cher Laurent Lafon, qui nous accueille aujourd'hui,

Monsieur le recteur d'académie de Paris,

Chers amis,

 

"L’école est l’institution par laquelle une République se fonde mais aussi se réinvente elle-même." Voilà les mots avec lesquels Ferdinand Buisson définissait la mission de l'école dans l'édification et l'incarnation de la République.

Aucune Nation n'a sans doute accordé à l'école une place aussi centrale dans sa construction nationale que la France.

Aucune Nation n'a à ce point défini l'acquisition de l'esprit critique, l'émancipation de tous les conditionnements et tous les déterminismes, comme sa valeur cardinale.

Voilà pourquoi sans doute l'antisémitisme à l'école, comme d'autres haines bien entendu, mais avec malheureusement une vigueur et une intensité particulières en ce moment, n'est pas qu'une menace pour les élèves juifs mais bien une atteinte au projet même dont l'école de la République est porteuse.

Parce que ce sujet est sensible, parce que nous voulions dépasser les on-dit et désamorcer les procès en exagération, il nous est apparu nécessaire d'objectiver le phénomène. C'est le sens de l'étude menée avec la Fondation Jean-Jaurès, que je veux remercier de son engagement sur ce sujet. C'est le sens aussi de l'étude que nous avons menée avec l'IFOP, et qui vous sera présentée tout à l'heure. C'est le sens enfin des témoignages que nous avons directement collectés auprès d'élèves.

 

Écoutons les.

Noah, 11 ans : « Je n'ai pas voulu le dire tout à l'heure, mais il y a des personnes dans une autre classe de 6ème qui font des signes d'Hitler »

Lisa, 14 ans. « Tu as des lunettes et tu es juive […] Sale juive »,

Ces paroles, ce sont celles que des enfants juifs ont pris l’habitude d’entendre à l’école depuis le 7 octobre 2023.

Sous forme de moqueries, d’injures, d’attaques, d’humiliations, ou de mises à l’écart, parfois dans la classe ou sur des boucles de messagerie, les propos, les actes, les gestes antisémites ont parfois envahi leur quotidien.

 

Je veux d'abord dire ici que notre démarche n'a rien de comminatoire vis-à-vis de l'école et des enseignants. C'est au contraire à la fois un appel à l'aide et une déclaration d'amour à l'école de la République, qui à nos yeux ne sera jamais le problème, mais bien la solution.

Les faits malheureusement sont là. Il faut les regarder en face. L’école, que nous considérions comme un sanctuaire, n’a pas résister à la déferlante de haine qui s’est abattue sur la société française depuis l’attaque du Hamas en Israël.

Les jeunes, que l’on pensait immunisés d’un possible retour d’antisémitisme grâce à l’enseignement de la Shoah, et qui incarnent plus qu’aucune autre, une génération sensible à la lutte contre les discriminations, sont devenus la catégorie de population la plus exposée.

Les chiffres, aussi bien ceux du Ministère de l'Education nationale que ceux que nous révélons aujourd'hui avec l'IFOP, ne peuvent que susciter une très grande préoccupation, tant l’enjeu est immense en matière d’éducation.

En effet, si l’esprit critique, la tolérance et les valeurs morales et civiques nécessitent un temps long pour être inculqués, nous savons que la haine, quant à elle, n’a pas besoin de beaucoup de temps pour s’implanter et se répandre.

C’est justement en vertu de cet idéal d’émancipation de l’individu, principe si cher à la France et aux Français juifs, que nous devons protester face à ce dont nous sommes témoins aujourd’hui. En attaquant les jeunes Français juifs, c’est l’ensemble de notre modèle républicain qui se trouve fragilisé.

 

Lors de notre colloque nous évoquerons aussi des reponses apportées à l’antisémitisme.

Il y a d'abord, bien entendu la mobilisation de l'institution scolaire, et il faut le saluer, même si bien-sûr, davantage doit encore être fait.

Je veux saluer aussi les initiatives associatives, que ce soit celles de CoExist, portées notamment par l'UEJF et SOS Racisme, la Licra, le Mémorial de la Shoah et d'autres projets, dont une "fresque de l’antisémitisme", que nous aurons le plaisir de vous présenter.

Je tiens à remercier la présence de la Ministre, témoigne de la mobilisation de la puissance publique, dans la continuité des Assises qui ont été relancées il y a quelques jours par Aurore Bergé.

Chère Elisabeth Borne, je sais que nous avons en partage une passion pour l'universalisme républicain et sa promesse d'émancipation. Je sais que vous ferez tout ce qui est en votre pouvoir pour que l'école joue son rôle de construction citoyenne.

Je remercie également le « parrain » de cet événement Laurent Lafon, Président de la commission des affaires culturelles, de l'éducation, de la communication et du Sport du Sénat, ainsi bien entendu que Gérard Larcher.

 

Chers amis,

Une école qui ne parvient pas à accueilllir sereinement tous les enfants de la République est une école qui faillit fondamentalement à sa mission.

Avec vous, avec tous ceux qui interviendront ce soir dans ce colloque, je veux croire que nous parviendrons à ce que l'école redevienne le sanctuaire qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être.

Je vous remercie.

 

Yonathan Arfi, Président du Crif

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