Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - Juste une île, par Dominique Pietri

26 Mars 2025 | 79 vue(s)
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Antisémitisme

Le Crif et sa commission Éducation, la Fondation Jean-Jaurès et l'IFOP organisaient jeudi 6 mars 2025 au Sénat un colloque dédié à la montée de l’antisémitisme au sein du milieu scolaire, en présence notamment d'Élisabeth Borne, ancienne Première ministre, ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Voici le discours prononcé par le Président du Crif, Yonathan Arfi, à cette occasion. 

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Opinion

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Juste une île, par Dominique Pietri (*)

 

Si l’objet de ce roman est clairement affiché en Une de cet ouvrage et en quatrième de couverture, à savoir le fait que la Corse, aux heures sombres de la Shoah, a été un havre protecteur pour des Juifs en détresse et en danger de mort, on reste perplexe à la lecture des 120 premières pages qui racontent l’histoire de Léa, qui sombre dans la mélancolie après un licenciement abusif et de son ami, Léo, toujours prêt à la réconforter. Après une hospitalisation en psychiatrie, Léa, sur la suggestion de sa cousine Matéa qui veut rejoindre en Inde son fiancé, rejoint sa Corse natale pour reprendre en mains la librairie de Matéa, la Librairie du Cours. C’est là qu’elle va faire la connaissance de Lena, une vieille Ajaccienne et, surtout, d’un vieux monsieur, Petru, qui lui demande, tout de go, si elle accepterait d’enquêter afin de retrouver la famille juive que ses parents avaient cachée pour les soustraire à la déportation et à la mort. Allez-savoir pourquoi, Léa accepte. Sa ténacité et son flair la mettent sur la piste de Tildette, 102 ans, qui vit dans un Ehpad et de ses sœurs, Léa et Sarah. Sous le titre « Au cœur d’une île », le thème de l’ouvrage est enfin abordé. Nous découvrons la famille de Tildette, son père, Schlomo, négociant en tissus et sa mère, Simona, tous deux originaires de Salonique, qui avaient rejoint Paris en 1924. Schlomo, très entreprenant, mettra sur pied des dizaines de magasins à l’enseigne du « Muguet de Paris » à travers toute la France. Soixante-cinq boutiques prestigieuses ! Quand la Seconde Guerre mondiale survient avec la montée fulgurante du nazisme et l’Occupation de la France, la famille, par prudence, se replie à Marseille. C’est là que Tildette épousera Maurice. Plus tard, le couple aura trois enfants : Charles, Simon et Gabrielle. Mais, hélas, au bout d’un certain temps, Schlomo et les siens réalisent que le danger les a rattrapés. Il faut encore fuir. Direction la Corse. Nous sommes en décembre 1942. Gabrielle, une repasseuse, leur trouvera un logement, un appartement où vécut Vincentella Périni, alias Danièle Casanova. La famille de Tildette comme de nombreuses autres familles juives seront, en Corse, à l’abri de toute dénonciation. Réfugiés sur cette île juste, Tildette et les siens pratiqueront leur religion en toute discrétion tout en allant à la messe et en respectant les fêtes chrétiennes. On apprendra, par la suite, que le père était membre de la Résistance. La Corse, sera, en septembre 1943, le premier morceau de la France libéré. Le 8 octobre 1943, le général De Gaulle viendra en personne à Ajaccio. Il faudra attendre 1945 pour que la famille de Tildette rejoigne enfin Paris.

Le récit, très alerte, est ponctué de mots et d’expressions corses, ce qui lui donne une saveur encore plus épicée. « Com usé ? Và bè ? » À découvrir !

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions du Scudo, 2024, 334 pages, 20 €.

 

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