Blog du Crif - Les vingt pages de papier glacé qui m’ont fait rencontrer Simone Veil

31 Janvier 2020 | 428 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

Mardi 16 juillet 2024, s'est tenue la cérémonie nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et d'hommage aux Justes de France, commémorant la rafle du Vél d'Hiv organisée par le Crif en collaboration avec le Ministère des Armées. Cette année, à l'approche des Jeux Olympiques, la cérémonie s'est tenue au Mémorial de la Shoah. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé, dans un contexte national et international difficile.

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Actualité

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

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Opinion

Mardi 16 juillet 2024, s'est tenue la cérémonie nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et d'hommage aux Justes de France, commémorant la rafle du Vél d'Hiv organisée par le Crif en collaboration avec le Ministère des Armées. Cette année, à l'approche des Jeux Olympiques, la cérémonie s'est tenue au Mémorial de la Shoah. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé, dans un contexte national et international difficile.

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A l'occasion du 4ème anniversaire de la disparition de Simone Veil, nous vous proposons la lecture de billets de blog qui lui rendent hommage.

En 2005, je trouve dans la salle d’attente du cabinet de psychanalyse de ma mère le numéro 2904 de Paris Match*. En couverture, Simone Veil.

Je lis l’article, et je découvre Simone Veil pour la première fois. Le reportage fait état du retour de Simone Veil à Auschwitz-Birkenau, entourée de ses enfants et petits-enfants. J’y apprends aussi que le 27 janvier est la date retenue pour la Journée internationale en mémoire des victimes de la Shoah, en écho au jour de libération du camp d’Auschwitz-Birkenau. Cette date aura désormais un sens tout à fait particulier.

Depuis ce jour de janvier 2005, la couverture de Paris Match est accrochée sur l’un des murs de ma chambre d’adolescente. Le mur a jauni, la couverture a tenu bon.

Cette rencontre avec Simone Veil, je veux le croire, aura influencé une large partie de mon engagement, de mes intérêts, et finalement de ma vie.

Quatorze ans plus tard, le 27 janvier 2019, je me suis rendue au cycle de conférences du Mémorial de la Shoah de Paris, dédié notamment à Simone Veil. La première table-ronde réunissait cinq auteurs d’ouvrages récents sur notre héroïne. Ces ouvrages, je les connaissais tous, à l’exception d’un, celui d’Alain Genestar.

Annette Wieviorka, dans une brillante introduction du sujet qui nous rassemblait ce jour, a présenté les auteurs. Quelle a été ma surprise en découvrant qu’Alain Genestar n’était autre que le Directeur de la publication de Paris Match à l’époque du fameux reportage sur Simone Veil, et – encore mieux – le journaliste qui l’avait accompagnée pendant ce voyage de mémoire.

J’avais devant moi l’homme qui m’avait présentée Simone Veil ! Mieux qu’à l’occasion d’un dîner pompeux ou d’un cocktail guindé, il m’avait fait rencontrer Simone Veil à travers vingt pages de papier glacé.

Alain Genestar, après avoir rappelé le travail réalisé pour le reportage de Paris Match de l’époque, a présenté son dernier livre, Pour mémoire. Retour à Auschwitz avec Simone Veil. Ce « petit livre » comme le décrit son auteur, accueille l’immense entretien réalisé avec Simone Veil pendant et après le voyage à Auschwitz. Complément ultime du reportage de 2005, il présente l’intégralité des propos de Simone Veil, dont certains passages avaient été coupés pour des raisons journalistiques d’une part, et de pudeur d’autre part.

Avec un soin infini, Alain Genestar explique l’origine et l’objectif de sa démarche de publication, quatorze ans plus tard, de ces précieuses paroles. Il insiste sur la simplicité avec laquelle il a voulu donner à lire le témoignage de Simone Veil, « sans effets d’écriture », « ses mots, à l’état brut ».

Il souligne aussi les difficultés rencontrées, et notamment la délicate question de la photo de Couverture du magazine, réalisée avec intelligence par Benoît Gysembergh.

En dépassant la peur commune aux passeurs de mémoire de déformer, de trahir ou de mal retranscrire, Alain Genestar a permis la découverte de paroles sincères et sans détour de Simone Veil sur ses mois passés dans l’enfer concentrationnaire mais aussi sur son combat pour la mémoire et le respect de la dignité humaine.

Parmi les 900 000 Français qui s’étaient procurés le numéro 2904 de Paris Match, Alain Genestar et son équipe avaient réussi le difficile pari de la transmission : ils avaient insufflé à une jeune fille de 12 ans le sens du devoir de mémoire.

*https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Simone-Veil-a-Auschwitz-son-temoignage-pour-l-Histoire-1296899

Pour mémoire. Retour à Auschwitz avec Simone Veil. 2018, éditions Grasset