Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean-Pierre Allali - Racée, par Rachel Khan

26 Janvier 2022 | 126 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

Mardi 16 juillet 2024, s'est tenue la cérémonie nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et d'hommage aux Justes de France, commémorant la rafle du Vél d'Hiv organisée par le Crif en collaboration avec le Ministère des Armées. Cette année, à l'approche des Jeux Olympiques, la cérémonie s'est tenue au Mémorial de la Shoah. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé, dans un contexte national et international difficile.

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Actualité

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

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Opinion

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Racée, par Rachel Khan (*)

 

Juriste, scénariste et actrice, Rachel Khan est véritablement « racée » ou, comme aimait le dire Romain Gary, « additionnée ». En effet, elle est noire, gambienne, d’origine musulmane et catholique par son père. Un brin animiste aussi. Et, par sa mère, blanche, juive et française. Un « pedigree » impressionnant mais quelque peu gênant à l’heure où nous vivons dans un monde où chacun est sommé de choisir clairement son camp. Jouant sur les mots et « au nom de tous nos mots », elle jette un regard critique sur une série de vocables qui ont fait récemment leur apparition dans le langage courant et, « Ô Races, ô des espoirs ! », elle nous gratifie d’un véritable bain de fraîcheur et de jouvence.

Car il ne faut pas se voiler la face : de nombreux vocables présentés comme des outils indispensables pour combattre le racisme, enfoncent en fait le couteau dans les plaies qu’ils prétendent cicatriser. En réalité  « L’apparition de ces nouveaux mots empêche profondément d’avancer car ils excusent tout ». Et donc, comme le disait Albert Camus, mal nommer un objet, c’est se condamner à ajouter aux malheurs du monde.

Rachel Khan n’y va pas par quatre chemins dans sa remarquable monstration : « Par exemple, ‘racisé(e) ou ‘afro-descendant(e)’ me font froid dans le dos. Il a pourtant fallu que je les avale, ces termes, au point de devenir une ‘ femme de couleuvre’… »

Ainsi en est-il du mot « souchien », prononcé pour la première fois en 2007 à la télévision par Houria Bouteldja, porte-parole des Indigènes de la République. C’est le symbole même d’une méthode qui veut lutter contre la discrimination par la discrimination en ouvrant la voie à une forme de sécession.

Voici aussi « Racisé », qui, outre une vilaine sonorité, sonne comme ostracisé ou excisé et qui n’aboutit qu’à séparer les Blancs des non-Blancs.

Le terme d’origine anglo-saxonne, « Afro-descendant », n’a selon la rabbine Delphine Horvilleur comme objet que de faire « des douleurs du passé un support identitaire ». C’est ce que Romain Gary, souvent cité par Rachel Khan, appelait « un dévergondage du langage ».

Voici encore « Intersectionnalité », terme devenu le « ‘must have’ des racisées afro-descendantes », un mot qui, tous comptes faits, porte en lui les germes et le marque de la division.

« Où sont les roux ? » se demande l’auteure, en parodiant le documentaire de Rokhaya Diallo « Où sont les Noirs ? » pour aborder le sujet des « Minorités ».

Les quotas, la cause, le vivre-ensemble, la diversité, la mixité, la non-mixité, les collectifs,  s’ajoutent à ces « mots fourre-tout qui ne vont nulle-part ».

Face à ce déferlement sémantique, Rachel Khan tente de faire émerger quelques mots qui réparent : intimité, silence, invisible, désir, créolisation, signature…

Bref, « nous avons encore le choix des mots ».

Remarquable !

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions de l’Observatoire. Février 2021. 160 pages. 16 €.