Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Que leur mémoire soit bénie : les soldats israéliens tués le 22 janvier

25 Janvier 2024 | 138 vue(s)
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Israël

Chronique de Bruno Halioua, diffusée sur Radio J, lundi 12 février à 9h20.

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Avant-hier 23 janvier au matin, sortant d’une conférence, je vois que plusieurs SMS me demandant comment va mon petit-fils en Israël. Mon fils ne répond pas au téléphone, je lui envoie un message inquiet. « Tout va bien ? ». Question maladroite, depuis le 7 octobre on ne demande plus à un Israélien si tout va bien. La réponse fuse, rassurante pour le grand-père mais inquiétante pour le sioniste que je suis… « Il n’y a pas grand-chose qui aille bien en Israël aujourd’hui. » J’ai alors regardé les nouvelles.

La veille, trois officiers parachutistes du bataillon de mon petit-fils avaient été tués à Khan Younès. Mais 21 autres soldats avaient trouvé la mort, la pire journée pour Israël depuis le 7 octobre. Cela avait eu lieu dans le camp de réfugiés de Maghazi à 600 mètres de Kissoufim. Kissoufim, je me rappelais ce nom. Dans ce kibboutz le 7 octobre, une femme de 90 ans avait été traînée par les terroristes puis abattue d’une balle dans la tête. Huit habitants avaient été tués, ainsi que six ouvriers thaïlandais, quatre membres du service de sécurité et huit soldats Golani venus à la rescousse…

 

Le communiqué indique que les soldats étaient à l’intérieur de deux bâtiments, afin de les miner pour les détruire, car il se trouvaient dans la zone tampon prévue par les Israéliens pour assurer la sécurité des villages israéliens en bordure de Gaza... Des combattants du Hamas, peut-être surgis d’un tunnel non détecté auraient tiré des RPG, ces grenades propulsées par roquettes, et auraient fait détoner les explosifs dans les immeubles qui se seraient écroulés sur les soldats. Il y a des incertitudes dans les explications, une commission d’enquête éclaircira ce drame et je n’ai de toute façon pas compétence pour discuter des techniques de déminage à Gaza.

Mais je n’ai pas arrêté de penser aux soldats et c’est à eux que je voudrais consacrer cette chronique inhabituelle. Pour qu’ils ne soient pas uniquement des noms désincarnés, ou pire encore, de simples chiffres dans une macabre comptabilité.

Car ce sont les héros d’Israël. Ils nous rappellent une valeur que nos pays ont presque oubliée, celle du patriotisme.

 

Les soldats de Maghazi proviennent pour la plupart de la 261ème brigade. Ce sont des réservistes qui ont choisi le combat actif. Ils sont jeunes, parfois très jeunes. Tous ont des parents, des frères et des sœurs. Beaucoup ont des femmes et des enfants. Tous avaient des rêves et beaucoup avaient déjà des réalisations. Ils donnent une image parfois inattendue de la diversité d’Israël. 

 

Yoav Levi, 29 ans, décrit comme grand amateur de voyages, venait d’une famille respectée de la ville de Yehud, près de Lod.

Cedrick Garin, 23 ans, est né aux Philippines et dans son enfance avait accompagné en Israël sa mère venue comme aide à domicile. Après une adolescence agitée, il était devenu soldat d’excellence de la brigade Givati.

Matan Lazar, 32 ans, de Haïfa, était instructeur infirmier, comme son épouse.

Hadar Kapluk, 23 ans, de Jérusalem, est décrit par ses proches comme un garçon plein de joie de vivre : Deux de ses meilleurs amis avaient été assassinés le 7 octobre.

Sergey Gontmaherr, 37 ans, de Ramat Gan, d’origine russe, laisse sa femme Marina et deux enfants de 3 et 6 ans.

Israël Socol, 24 ans, de Karnei Shomron, en cursus de physique, était fils de physicien nucléaire, mais aussi étudiant brillantissime de la Yeshivat Hesder de Maale Adoumim. Il était considéré dans son unité comme une sorte de leader naturel.

Nicholas Berger, 22 ans, de Jérusalem, se préparait à entrer dans la police. Il avait dit à sa famille lors d’une permission qu’il espérait poursuivre cette guerre jusqu’à la fin, mais que s’il devait y mourir, il était prêt.

Yuval Lopez, 27 ans, habitait dans une implantation orthodoxe de Samarie, Kfar Tapouah, comme d’autres convertis au judaïsme originaires comme lui du Pérou. Il avait une femme et trois filles. C’était un père exemplaire. Ses deux frères sont aussi soldats l’un à Jenin, l’autre à Gaza.

Elkana Yehuda Sfez, 25 ans, de Kyriat Arba, laisse ses parents et ses cinq frères.

Adam Bismuth, 35 ans, qui laisse une femme et une fille de 4 ans, avait développé un logiciel d’Intelligence artificielle commercialisé sous le nom de Sightbit, qui repère les baigneurs sur une plage, et avertit les maîtres sauveteurs en cas de noyade possible.

Ahmat Abu Latif, 28 ans, de la ville de Rahat, agent de sécurité à l’Université Ben Gourion, père d’une petite fille, est un Bédouin d’une famille de 12 enfants. Une lettre émouvante de lui a été publiée, où il exprime en même temps la fierté de ses origines et celle de participer à la défense d’Israël où il comptait de nombreux amis juifs.

Le capitaine Ariel Mordechay Wollfstal, 28 ans, après avoir fini ses études d’économie travaillait dans une compagnie d’investissements à Tel Aviv.

Itamar Tal, 32 ans, programmeur informatique, est pleuré par tous les habitants de son Kibboutz Mesilot, près de Beit Shean, où il vivait avec ses parents et ses trois frères.

 

Barak Ben Valid,33 ans, de Rishon le Zion, laisse une femme et une fille de 3 ans et le souvenir d’un homme sportif, plein d’amour de la vie…

Le capitaine Nir Benyamin, 29 ans, de Givathaim, ingénieur très prometteur, venait de décider de se marier.

Sagi Idan, 24 ans, de Rosh Ha'ayin, près de Petah Tikva, décrit par ses amis comme un jeune homme particulièrement serein, responsable et apprécié.

Rafael Elias Mosheyoff, 33 ans, de Tel Aviv, informaticien, laisse une épouse et un bébé de 1 an.

Mark Kononovich, 35 ans, responsable de la sécurité à Herzliya qui s’est engagé en laissant une épouse et quatre enfants.

Shay Biton Hayun, 40 ans, commerçant à Zichron Yaakov, avait une épouse et deux enfants.

Daniel Kasau Zegeye, 38 ans, de Yokneam Illit, dont le maire dit qu’il cumulait toutes les qualités, était diplômé du Technion. Il laisse une épouse et deux enfants de 3 et 5 ans.

Enfin, Elkana Vizel, 35 ans, venait de Bne Dekalim, un village du Negev établi par des Juifs qui avaient dû quitter leurs implantations à Gaza, démantelées en 2005 sur instructions du gouvernement Sharon. Il laisse une femme et quatre enfants. Avant son départ il avait écrit à sa famille une lettre à n’ouvrir qu’en cas de disparition, dont voici quelques extraits : « Si vous lisez ces lignes, c’est que quelque chose m’est arrivé. Si j’ai été capturé par le Hamas, je vous demande de n’accepter aucun accord impliquant la libération de terroristes. Notre victoire définitive est plus importante que tout le reste. Et si je suis tombé dans la bataille, je vous demande d’être heureux et de choisir la vie. Nous avons de quoi être fiers, car nous écrivons les pages les plus significatives de l’histoire de notre Nation. Moi qui ai été blessé à Gaza en 2014, je pouvais rester derrière, mais retourner au front est la meilleure décision que j’ai prise… »

 

 

Les trois soldats tués à l’ouest de Khan Younès étaient des officiers du bataillon 202 de parachutistes. Un missile antichar a frappé le bâtiment où ils se trouvaient.

 

Le major Nati Alfasi, 27 ans, de Beersheva, commandant adjoint du bataillon du 202ème bataillon laisse son épouse, un fils d’un an et une famille dont il faisait la fierté.

Le major Ilay Levy, de Tel Aviv qui, à 24 ans, commandait une des compagnies du bataillon.

Quant au capitaine Eyal Mevorach Twito, 22 ans, il avait étudié au moshav religieux Beit Gamliel, près de la ville de Yavne et était diplômé de la yeshiva Amihai de Rehovot. Son meilleur ami était mort en combattant les terroristes dans le kibboutz de Kissoufim.

 

Tels étaient les 24 soldats de Tsahal tombés le 22 janvier 2024. Il est devenu habituel en Israël que les habitants de la localité où le soldat sera enterré préparent une haie d’honneur avant que le fourgon funéraire arrivé au cimetière. Ils témoignent de la reconnaissance du pays à ses enfants qui ne défendent rien moins que son existence.

 

Mais ils défendent aussi la nôtre. Pas seulement ceux qui sont Juifs et que le massacre du 7 février a marqués au fer rouge, mais ceux qui veulent vivre dans un pays démocratique. Car quoi qu’en disent les naïfs malvoyants et bienpensants, la lutte d’Israël, au-delà de toute considération de politique intérieure, est une lutte pour un système qui laisse une place à la liberté, à la diversité et à la vérité. Mais il n’y a aucune, vraiment aucune possibilité de faire vivre ces valeurs sous le régime islamiste que le Hamas cherche à imposer au-delà de son incantation trompeuse sur le malheur palestinien. Cela explique l’âpreté du combat à Gaza sur les objectifs duquel tant de gens préfèrent vivre dans le déni.

 

Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif 

 

 

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