Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean Pierre Allali - Le trésor familier des rythmes, de Daniel Cohen

07 Novembre 2018 | 129 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

Mardi 16 juillet 2024, s'est tenue la cérémonie nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et d'hommage aux Justes de France, commémorant la rafle du Vél d'Hiv organisée par le Crif en collaboration avec le Ministère des Armées. Cette année, à l'approche des Jeux Olympiques, la cérémonie s'est tenue au Mémorial de la Shoah. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé, dans un contexte national et international difficile.

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Opinion

Mardi 16 juillet 2024, s'est tenue la cérémonie nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et d'hommage aux Justes de France, commémorant la rafle du Vél d'Hiv organisée par le Crif en collaboration avec le Ministère des Armées. Cette année, à l'approche des Jeux Olympiques, la cérémonie s'est tenue au Mémorial de la Shoah. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé, dans un contexte national et international difficile.

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Le trésor familier des rythmes*, de Daniel Cohen

C’est l’histoire d’une vie, celle de l’auteur, petit Juif saharien, amené comme des dizaines de milliers de coreligionnaires à quitter l’Algérie natale et à s’installer en France où il deviendra, au grand dam de ses parents qui auraient voulu qu’il soit rabbin, éditeur et écrivain.

Daniel Cohen écrit ses mémoires dans une langue superbe, précieuse même, n’hésitant pas, au besoin, à user de néologismes. Amoureux infini des livres et du Larousse, il nous fait partager sa passion des belles bibliothèques. Amateur d’art, il nous fait découvrir des peintres qu’il a aimés et collectionné.

Il était une fois, une famille juive à Colomb-Béchar, aux confins du désert, du grand Erg, une ville bordée par les monts Antar, Grouz et Béchar et dont la place centrale portait le nom des « Chameaux ».

L’auteur évoque la vie juive, la synagogue de Kénadsa, rue du lieutenant Ferrand, la préparation à la bar-mitzva , les fêtes juives, Pessah avec une immense table où se retrouvaient une quarantaine de convives, le couscous qui précède la cure d’azymes, Souccot et ses tentes, les fiançailles et les épousailles , la vie de famille au quotidien                       ou encore les visites au cimetière de « Moula Béchar » où sa mère, qui, par ailleurs, considérait les rouleaux de la Torah comme des poupées,  allumait des bougies dans la crypte d’un saint vénéré.

Il raconte aussi les copains d’enfance : Salé, Flora, Mustapha…

Un sujet sensible est traité par le biais d’anecdotes, celui de l’antisémitisme en terre d’islam. Ainsi, quand le petit Daniel s’approche imprudemment d’une mosquée et se fait durement rabrouer ou encore quand une voisine arabe le sermonne méchamment : « Ne viens pas de ce côté, fils de porc, tu salis notre trottoir. Nous vous égorgerons tous, Juifs immondes ! M’as-tu entendu, jamais sur ce trottoir ». « Elle me cracha sur le visage, me poussa, et, avant que je reprenne souffle, elle claqua sa porte le plus sèchement qu’elle aurait pu ». Et Cohen de conclure ; « En Afrique du Nord, nos communautés avaient dû se soumettre aux Romains, aux Almohades, aux Berbères, aux Alaouites, aux Ottomans. Le crachat a été une leçon de vie ».

Pour lui, « Ce livre ramasse la question juive comme on me l’a plaqué et comme je l’ai reçue ».

Et puis, un jour, la grande cassure. Avec l’indépendance de l’Algérie, c’est le grand départ, l’exil forcé. Après avoir un temps songé à rejoindre la Grande-Bretagne, la famille se retrouve à Marseille, au camp de transit du Grand Arénas avant la montée à Paris.

Daniel Cohen remonte le fil de sa vie : réussites et échecs, amours et déceptions, maladie et rémission…

Autres thèmes traités au fil des pages de ce livre très dense : l’apparition des livres numériques qui met en péril le livre-papier, la littérature et la civilisation japonaises, l’Afrique Noire et les Antilles et, bien entendu, Israël.

Attachant et émouvant.

Jean-Pierre Allali

(*) Editions Orizons. Mai 2018. 772 pages. 25 euros.