A l'occasion du 3ème anniversaire de la disparition de Simone Veil, nous vous proposons la lecture de billets de blog qui lui rendent hommage.
Hier après-midi je suis allée chez le coiffeur.
Jusque-là, rien d’anormal.
Pour me faire patienter, une jeune coiffeuse m’a tendu un paquet de revues.
Jusque-là, rien d’anormal.
Voyant un Paris Match avec une photo de Simone Veil sur la couverture, je lui dis : « Je vais prendre celui-ci car Simone Veil est mon modèle »
Jusque-là, rien d’anormal.
Mais devant son regard interrogateur, je lui demande : « Tu ne connais pas Simone Veil ? »
Réponse : « Non, jamais entendu parler ! »
Sidérée, j’enchaîne : « Ce n’est pas possible ! il y a eu une cérémonie il y a une quinzaine de jours quand elle est entrée au Panthéon »
« Ah bon ? »
C’est alors que j’ai entrepris de lui raconter la vie de Simone Veil : sa déportation (en rappelant que six millions de Juifs avaient été assassinés par les nazis), son rôle en tant que Ministre de la santé (sa loi sur l’avortement, l’histoire de son tatouage N° 78651), sa présidence au Mémorial de la Shoah (transmettre pour ne pas oublier) son entrée à l’Académie Française (avec le discours de Jean d’Ormesson concluant par Nous vous aimons) et enfin son entrée au Panthéon, avec son mari, pour ne pas les séparer.
La jeune Diane a un peu plus de 18 ans, ne regarde jamais les infos parce que ça ne l’intéresse pas (là j’ai manqué de réactivité car j’aurais dû lui demander ce qui l’intéressait). Elle ne compte pas aller voter. Evidemment je lui ai quand même rappelé qu’il y a une cinquantaine d’années les femmes n’avaient pas le droit de vote, qu’elles devaient demander l’autorisation à leur mari pour ouvrir un compte en banque ou simplement travailler (elle en avait entendu parler).
Je n’ai pas voulu jouer les grand-mères revêches, mais en riant je lui ai dit que je l’interrogerais à ma prochaine visite pour savoir ce qu’elle avait retenu de notre conversation.
La patronne du salon de coiffure (42 ans) a tout écouté. Elle m’a dit qu’elle connaissait un peu Simone Veil mais qu’elle ne savait pas tout et, se tournant vers sa jeune employée, a conclu « j’ai appris certaines choses car cette dame, elle raconte bien ! ».
Janine Gerson-Père