Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Blog du Crif - La création de Radio J

17 June 2021 | 120 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

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Le 17 juin 1981 était diffusée la première émission de Radio J. Aux manettes, des proches de Serge Hajdenberg , membres du Renouveau juif présidé par son frère Henri. La création de Radio J, qui porte le même objectif depuis quarante ans a été une date dans la communauté juive de France.

Depuis l’élection en mai de François Mitterrand on savait que le monopole de diffusion mis en place en 1945 allait être supprimé. Monopole  qui  n’avait pas empêché la création, hors de France mais vers la France, de Radio Luxembourg, Radio Monte Carlo et Europe 1, diffusé depuis la Sarre.  Depuis la révolution du  transistor, le récepteur radio était devenu individuel et un nouveau monde de consommateurs était apparu, les jeunes. C’était vers leurs intérêts musicaux, Beatles ou Rolling Stones, mal diffusés par la BBC, que s’étaient créées les premières radios qu’on appelait pirates, car émises depuis des eaux internationales.

Une exception était la Voix de la Paix, créée dans les eaux internationales de la Méditerranée par le militant israélien Abie Nathan.

De nouveaux matériels permettaient de lancer en modulation de fréquence une radio de niche avec des capitaux réduits et l’élection du candidat socialiste créa un électro-choc.

Radio J fut l’une des premières radios libres non musicales C’était une radio communautaire, mais non communautariste: ce mot n’existait d’ailleurs pas. Elle affichait son soutien à Israël contre ceux qui traitaient les sionistes d’impérialistes et  contre ceux qui distillaient  le venimeux soupçon de double allégeance.

L’angoisse de l’anéantissement avant la guerre des Six Jours avait mis Israël au centre des préoccupations des Juifs en France, y compris les non sionistes. L’histoire de la Shoah restait à enseigner et beaucoup de non-juifs n’avaient pas compris cette angoisse. Pour eux, Auschwitz était un lieu parmi d’autres dans les tristes événements de la guerre et le mot d’anéantissement n’avait pas de sens. Les Juifs, eux, savaient reconnaitre ce qu’un discours avait de génocidaire.

VGE, pourtant signataire en 1967 d’un communiqué de soutien à Israel, était obnubilé par ses relations avec les pays possesseurs de pétrodollars. Sa politique était indulgente envers l’URSS, facilitateur du terrorisme international, empressée auprès des dirigeants palestiniens, aveugle envers Khomeiny hébergé comme un militant des Droits de l’Homme et sourde à l’égard d’Israël que la France critiqua après Entebbe et à qui elle refusa l’extradition de Abu Daoud. La coupe avait débordé après les attentats contre la synagogue Copernic, le Président étant resté silencieux et  son Premier Ministre ayant dit quelques mots de trop. Le Renouveau Juif  appela à voter contre Giscard.

La France n’avait certes pas voté l’ignoble résolution 3379 des Nations Unies qui en 1975 assimilait le sionisme au racisme et qui entre les clients du bloc communiste et ceux de la Ligue islamique avait obtenu une majorité de 72 voix. Mais, glissant sur la longue liste d’attentats dont il était responsable, la France avait contribué au spectaculaire succès d’Arafat à cette même tribune de l’ONU l’an précédent.

On pouvait espérer que entre un Israël qui avait été celui des kibboutz et un Parti socialiste fidèle aux valeurs humanistes, le courant allait mieux passer. De fait, François Mitterrand avait manifesté une sympathie forte pour le judaïsme et Israël et il fut le premier Président français à visiter ce pays.

Mais la continuité diplomatique eut le dernier mot. Entre un Jean Sauvagnargues,  ministre de Giscard critiquant en 1978 les accords de Camp David  et un Claude Cheysson, ministre de Mitterrand évoquant le côté positif  de l'assassinat d'Anouar el Sadate par des islamistes en octobre  1981, il n’y avait guère d’amélioration…..

Radio J avait du pain sur la planche.

 

Richard Prasquier