Jean-Pierre Allali
Histoire du Second Empire, de Gérard Unger*
Vice-président du CRIF, spécialiste des médias, Gérard Unger est aussi un érudit talentueux qui, régulièrement, nous propose des ouvrages de qualité. Après son « Lamartine, poète et homme d’Etat » (1), son « Aristide Briand » (2) et son magistral portrait de « Gaston Defferre » (3), il nous brosse un tableau très fouillé et particulièrement édifiant d’une époque qui a marqué notre pays, le Second Empire.
C’est à Paris, au 17, rue Cerutti, devenue depuis la rue Laffitte, que naît, le 20 avril 1808, avant terme, Charles Louis Napoléon Bonaparte, fils de Louis Bonaparte, roi de Hollande et de la reine Hortense, fille de Joséphine de Beauharnais, impératrice des Français.
Gérard Unger nous conte avec talent la carrière de celui qui sera Napoléon III. Si, dans la tradition populaire, on garde une mauvaise image de cette époque, probablement en raison de la débâcle militaire de Sedan en 1870, l’auteur a choisi de mettre l’accent sur les réussites de ce Second Empire marqué par une certaine innovation en économie, de grands travaux, un essor dans le domaine des arts, de la littérature ou encore du théâtre. Sans oublier la science avec Pasteur et Claude Bernard.
Les Juifs représentent alors 0,23% de la population soit environ 90 000 âmes. Des Séfarades venus de Bordeaux, de Bayonne et du Comtat Venaissin, mais aussi des Ashkénazes d’Alsace, de Lorraine et d’Europe de l’Est. La Grande Synagogue de la Victoire voit le jour à cette époque et si nombre de Juifs sont colporteurs, usuriers ou fripiers, certains d’entre eux occupent peu à peu des positions dans des secteurs-clés : la banque avec James de Rothschild et les frères Pereire, la presse avec Moïse Millaud, créateur du Petit Journal, l’édition avec Michel Lévy et son frère Calmann, le théâtre-Joseph-Isidore Samson administre le Théâtre Français-, les actrices, Rachel et Sarah Bernhardt, la musique avec Offenbach, Meyerbeer, Halévy ou encore la peinture avec Rosa Bonheur. Alors peu nombreux en politique, les Juifs y réussissent cependant tels Koenigswarter, Léopold Javal, Michel Goudchaux, Eugène Pereire et Adolphe Crémieux. Quant à Salomon Munk, il siège au Collège de France. Cela n’empêche pas un antisémitisme virulent de se répandre, notamment à travers les écrits de Drumont qui publiera sa France Juive en 1886.
Le Second Empire, ce sont les travaux herculéens d’Haussmann dont Gérard Unger note que bien que ce grand bâtisseur ait donné du travail à des dizaines de milliers d’ouvriers, il aura bouleversé la sociologie de la capitale pour en faire une cité bourgeoise.
Sur la fin de sa vie, raconte Gérard Unger, l’empereur est très malade. Il souffre le martyre et ne peut uriner qu’à l’aide d’une sonde. En janvier 1873, il sera opéré de la vessie par un chirurgien anglais, Henry Thompson et décèdera quelques jours plus tard.
Un cahier iconographique agrémente cet ouvrage très documenté indispensable à la compréhension de l’histoire de notre pays. A découvrir !
Jean-Pierre Allali
(*) Editions Perrin. Avril 2018. 480 pages. 24,90 €.
(1) Editions Flammarion. 1998.
(2) Editions Fayard. 2006.
(3) Editions Fayard, 2011.