Ancien Président du CRIF
Charles Goldstein, frère du Docteur Marcel Goldstein qui fut un des dirigeants les plus remarquables de la communauté juive de France de l’après-guerre, est lui-même ancien Maire adjoint de Melun et membre du Comité Directeur du Crif. Mais c’est avant tout un peintre internationalement connu. La Shoah est le noyau incandescent de sa peinture et l’abstraction son moyen d’exprimer l’indicible. Car Charles est un rescapé de la Shoah, où 82 membres de sa famille ont été assassinés. Dans le village du Lot où sa famille se cachait, il n’a, à l’âge de six ans, survécu, au passage de la sinistre division blindée Das Reich (celle d’Oradour) que par un improbable concours de circonstances.
Or l’indicible a de nouveau frappé Charles Goldstein.
Le 7 octobre, les hommes du Hamas sont entrés dans le kibboutz de Kfar Aza, où habitait sa famille, des sabras d’origine polonaise dont les pères avaient pu quitter à temps la terre où l’ensemble de la famille fut exterminée.
Le fils de son cousin et la fille aînée de celui-ci ont été brûlés vifs et leurs corps ont été retrouvés carbonisés ; son épouse, avec trois autres jeunes enfants n’ont pas été retrouvés. Tout porte à croire qu’ils font partie des otages du Hamas.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que les terroristes qui ont commis ces actes abominables n’ont pas déferlé sur ce kibboutz comme s’il s’agissait d’une terre hors d’atteinte, fantasmée dans les rêves de détenus d’une « prison à ciel ouvert ». Non ; beaucoup, et leurs chefs à coup sûr, connaissaient ce kibboutz, car de nombreux palestiniens de Gaza y travaillaient dans des conditions dignes, paisibles et parfois peut-être amicales. Car, comme d’autres kibboutzim voisins, tel le kibboutz Beeri, où eut lieu une boucherie humaine atroce, les habitants faisaient partie de la mouvance sioniste socialiste et étaient proches, parfois extrêmement proches, de la sensibilité palestinienne.
Rien n’y a fait. Ils étaient Juifs et cela a suffi.
Les parents avaient quitté le kibboutz pour quelques jours de vacances en Bulgarie. Il est inutile d’épiloguer sur leur état.
Je ne connais pas personnellement de personnes victimes familiales de cette barbarie innommable, et que certains ne veulent pas nommer terrorisme. Mais les Juifs ne sont pas nombreux et chaque Israélien connaît quelqu’un qui pleure la mort d’un proche. Leur histoire doit être contée car les victimes ne sont pas que des noms et encore moins que des chiffres.
Que leur mémoire soit bénie et que leur souvenir ne s’efface pas !
Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif
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