Dans son billet publié le 20 novembre sur le site du Crif, Georges Benayoun, s’adressant à ses « amis artistes de la Marche Pour La Paix », mentionne l’Institut du monde arabe, que j’ai l’honneur de présider depuis 2013.
Son propos porte le sceau d’une émotion sincère, d’une colère légitime face aux massacres du 7 octobre et d’un talent qui le caractérise depuis tant d’années. Et il ne s’agit nullement de contester ici sa liberté d’expression, ni de débattre sur le jugement qu’il porte sur la tenue de cette Marche.
Mais enfin, puisqu’il met en cause l’Institut du monde arabe, il me revient d’apporter une réponse la plus honnête et factuelle possible.
Loin d’être « un lieu de pouvoir, d’intrigues et de dissimulation », l’Institut du monde arabe est un lieu de culture, de partage et de découverte. Une porte plutôt qu’un mur. Un pont plutôt qu’un fossé. Un Institut qui a accueilli de magnifiques expositions, sur les Juifs d’Orient notamment, comme elle héberge depuis le mois de mai une exposition sur la Palestine, la Palestine littéraire de Jean Genet, celle contemporaine de jeunes artistes et photographes de Gaza.
Georges Benayoun affirme que notre Institut est financé « en grande partie par la Ligue arabe ». C’est faux et depuis de bien nombreuses années. Le budget de l’Institut est financé par le ministère des affaires étrangères, abondé par des recettes de billetteries ou des dons de mécènes.
« L’équivalence » entre ces deux lieux que sont l’Institut du monde arabe et le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme semble le heurter, comme si le premier de ces lieux était indigne à ses yeux pour constituer le point de départ d’une marche pour la paix.
J’ai posé la première pierre de l’Institut du monde arabe au début des années Mitterrand. J’ai œuvré pour que le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme puisse s’installer dans un des plus beaux palais du Marais, grâce à un financement exceptionnel du ministère de la culture dont j’assurais la charge à l’époque.
Nos deux institutions travaillent d’ailleurs main dans la main depuis de nombreuses années, accueillant des jeunes citoyens de toutes les confessions, lors de nombreux événements et ateliers de création. Nous avons par exemple lancer un outil pédagogique innovant le 9 juin 2021 : la mallette numérique « Culture(s) en partage ».
Elle couronne quinze années d’un partenariat liant les deux institutions à travers un objectif commun : jeter des ponts entre les cultures juives et musulmanes pour lutter contre les préjugés.
Le choix de la culture n’est jamais la division. Le choix de la paix n’est jamais un renoncement.
Jack Lang, Président de l'Institut du monde arabe (IMA)
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