Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lecture de Jean-Pierre Allali - Ma tribu plus que française, de Philippe Alexandre

13 Juin 2018 | 244 vue(s)
Catégorie(s) :
France

À l'occasion des 80 ans du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), les membres du Crif ont été reçus à l'Élysée par le Président de la République, Emmanuel Macron, et Madame Brigitte Macron, lundi 18 mars 2024. Le Président du Crif, Yonathan Arfi, a prononcé un discours à cette occasion. 

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Opinion

Mardi 16 juillet 2024, s'est tenue la cérémonie nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et d'hommage aux Justes de France, commémorant la rafle du Vél d'Hiv organisée par le Crif en collaboration avec le Ministère des Armées. Cette année, à l'approche des Jeux Olympiques, la cérémonie s'est tenue au Mémorial de la Shoah. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé, dans un contexte national et international difficile.

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Ma tribu plus que française*, de Philippe Alexandre

Un homme se penche sur son passé. Journaliste et écrivain, ancien collaborateur de Combat et du Figaro Littéraire, Philippe Alexandre, qui a été chroniqueur à RTL et écrit aujourd’hui pour le magazine Lire, se penche sur son passé. A la recherche de ses origines et à la rencontre émue de ses ancêtres.

Lorsqu’il est baptisé, à l’âge de 9 ans, le 4 juin 1941, à l’église Saint-Nicolas-du Chardonnet, en même temps que ses frères Maurice et JC et que sa sœur, Anne-Marie,  Philippe Alexandre avoue qu’il y avait « un mot que je n’ai jamais prononcé à la maison, ni alors ni plus tard, c’est celui de « Juif ». Pourtant, Juif, il l’est, mais le découvrira plus tard. En fait, le moment choisi correspond à l’époque de la montée du nazisme et de la haine antisémite. « Mes parents croyaient-ils sérieusement que ce catholicisme affiché par le dernier-né éloignerait de nous tous la menace de ce qu’on n’appelait pas encore l’« Holocauste » ? se demande avec circonspection l’auteur.

Son père, Bob, aimait dire « Je sais d’où je viens ». Bien que circoncis par un rabbin de Rouen, il avait été tenu à l’écart de la religion par ses parents, Eugène et Lucie. Quant à sa mère, Nino, elle avait vécu dans le souvenir ému de l’affaire Dreyfus.

A la recherche de son passé, Philippe Alexandre remonte dans un premier temps à la ville de Forbach, cité minière de Lorraine. Mais c’est grâce à une « patience de bénédictin » qu’il trouvera la trace du « patriarche de la tribu », Isaac, né entre 1730 et 1740, natif de Neuenkirchen dans la Sarre, marchand de chevaux comme son père et ceux qui le précédèrent. Isaac qui avait épousé Berthe Fribourg. Deux bons Juifs qui parlaient le « platt » et admiraient Moses Mendelssohn. Ils eurent deux fils, Lazare et Hayem, ce dernier étant le trisaïeul de Bob. Hayem épousera Elken Levi à Glosbliederstroff, un gros bourg de Moselle.

Hayem et Elkin auront neuf enfants. L’aîné, Alexander Victor, est né le 15 janvier 1795.

Dans un récit véritablement passionnant, bien que l’on se perde parfois un peu dans les nombreux personnages, on découvre l’histoire d’une tribu juive plus que française parallèlement à l’histoire nationale : Napoléon, Austerlitz et Waterloo, Louis XVIII, Napoléon III, le conflit de 1870 et le piège, pour les Juifs d’Alsace-Lorraine à avoir à opter entre la nationalité allemande et la nationalité française.

Plus près de nous, en 1907, Eugène, Lucie et leurs quatre enfants quittent Rouen pour s’installer à Paris, près du parc Monceau. Plus tard, ils rejoindront le quartier du Jardin du Luxembourg. Lors de la Première Guerre mondiale, Philippe Alexandre note que « il y aura quelque 36 000 Juifs dans les rangs de l’armée. Un quart d’entre eux ne reviendront pas. Et au cours des deux premières années, six-cents Juifs alsaciens-lorrains désertent pour rejoindre les rangs français ».

Le récit nous conduit jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Très sympathique ! A découvrir !

Jean-Pierre Allali

(*) Editions Robert Laffont. Octobre 2017. 286 pages. 19 €.