Blog du Crif - Ilan Halimi est-il mort pour rien ?

29 March 2018 | 304 vue(s)
Catégorie(s) :
France

À l'aube de 5783, découvrez les vœux de Yonathan Arfi pour Roch Hachana. 

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Antisémitisme

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Note aux lecteurs : article publié en mars 2018

L’assassinat d’Ilan Halimi en 2006 a laissé place à des années de déni quant à la montée de l’antisémitisme en France. Depuis, les crimes antisémites se multiplient. 

Qu’allons-nous raconter à nos enfants ? Que nous n’avions pas vu venir ? Que nous étions ailleurs ? Pourquoi avoir pratiqué l’évitement depuis trente ans ? Au nom de quelles illusions ? Au nom de quelle tranquillité ? Pourquoi tant de commémorations sur les totalitarismes sanguinaires du XXe siècle, alors que les signes annonciateurs d’un mal similaire sont déjà présents ?

Tandis que l’on commémore les génocides et la mise à mort industrielle, voilà que la mémoire paraît inutile pour penser le présent. Les purges, des liquidations de masse au nom de Dieu, au nom de la race ou au nom de la classe, voilà qu’elles recommencent au nom d’Allah. Voilà des dessinateurs libres penseurs mitraillés pour avoir caricaturé le prophète. Voilà des Juifs assassinés parce qu’ils sont juifs. Voilà un historien poursuivi en justice pour avoir mis à jour la banalité de cette haine présente dans les mentalités arabo-musulmanes. Et voilà des jeunes-des-quartiers-difficiles qui incendient des commerces tenus par des juifs à Sarcelles, à l’été 2014.

Ce serait loin de chez nous ? Non, c’est déjà chez nous.

La banalisation de l’antisémitisme

« Plus jamais ça ! » Tiens donc !? Deux événements simultanés disent le tragique du moment présent. L’assassinat du colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame et l’assassinat de Mireille Knoll donnent la mesure de notre défaite et la mesure des illusions ou mensonges entretenus depuis près de trente ans. Depuis « la marche des beurs pour l’égalité » en 1983, la France a seulement perdu trente années pour imaginer son devenir.

Dès la fin des années 1980, les signes annonciateurs de l’état de barbarie se sont installés en banlieue parisienne. On n’a pas voulu voir la menace préférant les messes musicales conjuratoires de SOS racisme contre l’extrême droite.

Sorti au printemps 2014, le film d’Alexandre Arcady 24 jours, sur le rapt et l’assassinat en 2006 d’Ilan Halimi, avait déjà annoncé la banalisation de ces agressions. Pourtant, ce film annonçait les horreurs actuelles. Cette horreur s’est passée près de chez vous, chez nous…

Ilan Halimi est-il mort pour rien ? Sarah Halimi est elle morte pour rien ? Les trois enfants juifs assassinés à Toulouse six ans plus tard par Mohamed Merah sont-ils morts pour rien ? Les trois militaires français assassinés par Merah sont-ils morts pour rien ? 

Jacques Tarnero