Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Blog du Crif - Sur quelques facettes de Eric Zemmour

08 Novembre 2021 | 659 vue(s)
Catégorie(s) :
France
Neuf ans après l’assassinat d’Ilan Halimi, voici la « chronique d’une barbarie et de ses conséquences médiatiques, politiques et judiciaires »,  par Marc Knobel, historien, chercheur, directeur des Études du CRIF

 

Le Hors-série de L'Express numéro 28, "Regards sur l'Histoire" consacré aux Juifs de France a mis en émoi une partie de la communauté juive, François Heilbronn, professeur des universités associé à Sciences-Po Paris et Président des Amis français de l'université de Tel-Aviv lui a adressé deux lettres ouvertes publiées dans l'Arche.
 

 

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

L'antisémitisme est comme une bête particulièrement enragée et puante. Il rôde, nous ne le savons que trop bien...

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

"Dites-moi que ce furent des cauchemars, que le monde s'améliore de jour en jour, que des flammes de lumière jaillissent en chaque point du globe."

Article paru dans le HuffinghtonPost.fr

Pages

Actualité

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

L’Amitié judéo-chrétienne de France - dont plusieurs militants du Crif sont membres du Comité Directeur - a tenu dimanche 29 janvier son Conseil national, l’occasion pour nous de donner quelques nouvelles du front du dialogue.

Je me suis exprimé sur les enjeux de l'élection présidentielle pour la communauté juive française.

Un livre de Victoria Klem

Suite au vote le 16 décembre 2016 du conseil municipal de Clermont-Ferrand au vœu présenté par les groupes communistes, Front de gauche et Europe écologie, vœu relatif au boycott des produits israéliens fabriqués dans « les territoires palestiniens occupés », le Maire de Clermont-Ferrand a fait paraître dans le journal local la Montagne un communiqué. La présidente du CRIF Auvergne-Rhône- Alpes lui répond…

Au lendemain des déclarations du ministre israélien de la défense, lundi 26 décembre, qualifiant la conférence de paix sur le Proche-Orient qui doit se tenir prochainement à Paris de nouveau « procès Dreyfus », le Crif a condamné des propos « maladroits ».

 
 
 

J'ai répondu aux questions d'Olivier Lerner dimanche 4 décembre lors de notre Convention Nationale

Halte à la discrimination d'Israel, le CRIF proteste suite à la décision d'étiqueter les produits israeliens. 

Suite à l'annonce de l'adoption de la directive de l'E.U sur l'étiquetage des produits israéliens le Crif a réagit à travers un communiqué, j'ai voulu dénoncer la décision française et l'obessession israelienne.

J'ai répondu aux questions de Sputnik news.

« Si on parlait de la France ? Français, juifs et citoyens » : c’est le thème de la 7e Convention nationale du Crif le dimanche 4 décembre au Palais des Congrès de Paris.

C’est une étonnante indifférence qui entoure la mise en lambeaux de la ville d’Alep en Syrie.

Pages

Opinion

Fausses rumeurs, photos ou vidéos truquées… les fausses informations, ou fake news, inondent le net. La désinformation va parfois plus loin, prenant la forme de théories à l’apparence scientifique.

Pages

Il est difficile de débattre avec Eric Zemmour. Il connait ses dossiers et aussi les trucs de métier pour rendre ses arguments attractifs. Il devient difficile de débattre de Eric Zemmour. Les accusations giclent : pactiser avec un fasciste ou se complaire dans le déni…

Dans le petit monde juif, la discussion charrie de plus, souvent, de vieux sédiments d’hostilité à l’égard d’un « establishment » communautaire (le Crif…) aux ordres du pouvoir ou d’une « rue juive » exprimant des émotions primaires.

Une telle polarisation peut disloquer la communauté. Cela réjouirait certainement Eric Zemmour, mais pas ceux qui attachent de l’importance à un judaisme de dialogue plutôt qu’à un judaisme d’anathème.

Je n’aime pas les objurgations moralisantes et les effets de manche qui vont avec. L’électeur sait « la » raison pour laquelle il se détermine, et il occulte souvent celles qui pourraient modifier son vote. Comme chacun, le candidat politique n’est pas un être unidimensionnel, mais si d’autres parmi ses facettes prévalent à l’usage, il sera trop tard pour changer de bulletin.

Eric Zemmour, c’est un thème, une idée directrice et c’est un positionnement identitaire qui nous interpelle particulièrement, nous, les Français juifs, comme on le dit aujourd’hui, ou Juifs français, comme on le disait autrefois (l’hébreu s’écrit de droite à gauche…)

Le thème, outre la désindustrialisation de la France, c’est l’immigration, depuis trente ans d’origine surtout musulmane qui menacerait l’unité et l’identité du pays et représenterait un coût social, sécuritaire, éducatif et moral écrasant. C’est aussi la critique d’une omerta bien pensante qui en nie le caractère nocif.

Les bons sentiments n’y font rien : sécurité et immigration sont de vrais sujets et Zemmour peut se prévaloir d’avoir été un lanceur d’alerte. Moi qui n’ai jamais été victime d’agression, j’aurais d’autant plus tendance à être « humaniste » que comme ancien réfugié polonais, je suis un produit de la diversité. Mais comment ignorer la colère qui touche les Juifs encore plus que les autres citoyens français des territoires perdus de la République ? Comment accepter la dégradation de l’éducation, de la sécurité, de la civilité et de la justice (Sarah Halimi) dans notre pays ?

Ce que dit Zemmour a été dit par Mitterrand en 1989 (le seuil de tolérance), par Chirac en 1991 (le bruit et l’odeur), par Sarkozy en 2005 (le karcher) . Aucun n’a été poursuivi mais aucun n’a su agir. Certains propos de Zemmour ont été condamnés à juste titre, tels la discrimination à l’embauche, d’autres condamnations ont été retoquées en appel ou cassation. Sur les musulmans, lorsque il dit « les », il m’horripile, lorsqu’il dit « des », il m’interpelle. On peut le désapprouver et être sceptique sur ses solutions, on ne doit pas balayer avec condescendance ses mises en garde.

Son idée directrice n’est ni le fascisme, ni le racisme, mais le nationalisme, tel qu’il s’exprime chez son historien préféré, Jacques Bainville, disciple de Maurras. Bainville subordonne l’histoire de France à l’effort des rois pour unifier le pays et lui assurer des frontières naturelles contre ses ennemis, l’Angleterre, sur la terre puis sur la mer, et le monde germanique quand il essaie de s’unifier. Il justifie ainsi la Saint Barthélémy, les guerres de Louis XIV et la révocation de l’édit de Nantes. La froideur de Zemmour au sujet d’événements intolérables de notre histoire contemporaine trouve ici une sorte de paradigme. Les Juifs n’existent pas dans le gros livre de Bainville. Ils sont cités deux fois : dans une énumération sur Philippe le Bel, et une brève description de Dreyfus (un « officier juif ») : au moins n’y-a-t il pas de doutes explicites sur son innocence, doutes que Zemmour, lui, s’est permis de soulever.

Cette surenchère nauséabonde, sur un thème que même son ami Jean Marie Le Pen n’a pas osé aborder, pose la question de la provocation identitaire à laquelle Eric Zemmour se livre avec délectation. Bergson, Durckheim, Marc Bloch et Claude Levi Strauss ont tenu leur origine juive pour non significative, mais aucun d’eux n’aurait insulté les familles Sandler et Monsonego pour avoir inhumé leurs enfants à Jérusalem.

Aucun d’eux, sachant ce que cette dénomination véhiculait, n’aurait qualifié de traitre à la France un opposant intellectuel, juif par surcroit, comme BHL. Cela traduit chez Zemmour, bien qu’il le récuse, une vraie faille psychologique, la nécessité d’en rajouter pour se faire admettre par les plus virulents des compagnons qu’il s’est choisis.

Cette provocation par la violence verbale est son style revendiqué. Elle lui donne l’image d’un héros du parler vrai.

C’est un procédé rhétorique.

Dans un récent débat, Alain Duhamel dit que le Président Macron a bien fait de rappeler les assassinats du 17 octobre 1961, sans les qualifier de crime d’Etat. Son explication est historiquement impeccable. « Il ne faut pas mentir » lui rétorque Eric Zemmour, qui se lance dans un discours hors sujet sur les crimes du FLN, contre la population, contre les policiers, contre les partisans de Messali Hadj, sans dire un seul mot de la soirée du 17 octobre elle-même. « Mais en quoi ai-je menti ? » demande Duhamel. « Mensonge par omission » répond le procureur Zemmour. Commentaires des auditeurs : victoire à Zemmour, celui qui « connait tant de choses…. ».

Tant de choses vraiment ? Pour ne dire que ce qui l’arrange ?

 

Richard Prasquier