"Les Juifs français ont appris à résister"

30 Septembre 2016 | 16 vue(s)
Catégorie(s) :
Antisémitisme

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

À l'occasion des 80 ans du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), les membres du Crif ont été reçus à l'Élysée par le Président de la République, Emmanuel Macron, et Madame Brigitte Macron, lundi 18 mars 2024. Le Président du Crif, Yonathan Arfi, a prononcé un discours à cette occasion. 

Dimanche 14 janvier 2024, quelques mois avant les Jeux Olympiques Paris 2024, une délégation de sportifs et de dirigeants du monde du sport q"es, avec le Crif, pour un voyage de la mémoire dans le camp d’Auschwitz-Birkenau, en partenariat avec le Mémorial de la Shoah.

 

Pages

Je suis intervenu aux deux conférences internationales sur l’antisémitisme organisées la semaine dernière à Paris.

Propos recueillis par Yaël Scemama, publié dans Actualité Juive le 29 septembre 2016
 
Marc Knobel est Directeur des Etudes du CRIF et historien.
 
« La première conférence initiée parl’ISGAP, l’Institute for the Study of Global Antisemitism and Policy, rassemblait des experts internationaux. Elle portait sur les mesures et les définitions des actes antisémites. Les critères d’analyse actuels ne semblent plus adaptés pour appréhender les situations d’un pays à un autre.
Nous savons que l’antisémitisme peut se modifier, qu’il mue en fonction des époques mais pour que ces changements soient compris par tous, en quelque endroit que ce soit, nous devrions réfléchir et proposer de nouveaux indicateurs, tenant compte de signaux et d'alertes.
 
Lors de cette réunion, j'ai évoqué comment les choses fonctionnent en France, avec d’un côté une législation forte – nos dispositions pénales en matière de lutte contre le racisme et l'antisémitisme sont parmi les plus importantes du monde – et de l’autre, une méthodologie, un recensement établi entre le SPCJ et le ministère de l’Intérieur, qui consiste à comptabiliser les actes (actions violentes et menaces). Personne ne conteste d'ailleurs cette méthodologie. Notre expérience en ce domaine, devrait nous permettre de proposer de bonnes pratiques.
 
Ce constat ressortait également de la seconde conférence organisée par l’international Association of Jewish Lawyers and Jurists, l’association internationale des avocats et des juristes juifs qui, pendant trois jours, s’est interrogée sur les moyens légaux afin de lutter contre l’antisémitisme. La France, est perçue comme un cas d’école. L’antisémitisme tel qu’il s’est développé en France depuis 2000 interpelle nos amis américains, canadiens, anglais et israéliens.
 
Ils s’interrogent et ils veulent comprendre pourquoi et comment nous en sommes arrivés là. J’ai expliqué comment, jusqu’en 2003 et l'allocution de Jacques Chirac lors du 60e anniversaire du CRIF, la flambée antisémite s’inscrivait alors dans un contexte de violence et d’incivilité. En somme, l'on ne voulait pas forcément qualifier ces actes d’actes antisémites. Les juifs ont ressenti de l’amertume, ils se sont sentis isolés. Ils l'ont été et bien au-delà de l'année 2003. Dans le même temps, ils ont dû adapter leur méthodologie et leurs consignes de sécurité, ils ont redonné du sens aux choses, et ont appris à résister. Au final, notre expérience devrait permettre aux autres pays de réfléchir et de s'adapter. L’objectif étant que nous améliorions les dispositifs et que nous combattions fermement l'antisémitisme qui est une menace pour les valeurs de la République et de l'Union européenne ».