Rencontre avec des responsables politiques israéliens et palestiniens, échange avec des militants en Israël de son nouveau parti « Les Républicains », dîner avec des entrepreneurs et discours professoral à la Conférence internationale de l’Université d’Herztlyia : en 48 heures, Nicolas Sarkozy a multiplié les déplacements dans une sorte de tourbillon dont, une semaine après, il ne reste que la sensation d’un rendez-vous raté.
Il y a des rendez-vous attendus qui nourrissent autant d’espoirs que de déceptions. La visite de Nicolas Sarkozy la semaine dernière en Israël fait partie de ceux-là. Je dois l’avouer avant toute chose : je n’ai jamais voté pour Nicolas Sarkozy. Cette confession m’a d’ailleurs souvent valu la désapprobation voire la désolation de mes interlocuteurs. Ceci étant dit, j’ai toujours reconnu à l’ancien Président « grand ami d’Israël », le talent de l’animal politique et de l’orateur qui en public « sait y faire » pour mettre l’auditoire dans sa poche. Et lundi 8 juin, il n’a pas failli à sa réputation. Le public qui l’attend dans cet amphithéâtre de l’université d’Hertzlyia trépigne. Au milieu des militants et sympathisants du parti « les Républicains », en grande partie de jeunes retraités, se mêlent les étudiants francophones. J’ai toujours été frappé par la ferveur et l’excitation qui étreint celles et ceux qui attendent de rencontrer Nicolas Sarkozy. J’ai beau chercher, je ne vois aucun homme politique français qui déchaine autant d’enthousiasme.
Il faudra plusieurs dizaines de minutes à l’invité de marque pour remonter l’escalier et se diriger vers la sortie, assailli par les demandes de selfies. Dès son entrée, avec l’ancien ministre Pierre Lellouche et le député de la 4E circonscription de l’Etranger Meyer Habib, les applaudissements le disputent au « Nicolas Président ». Dans une sorte de répétition générale informelle, l’ancien président déroulera avec l’aisance qu’on lui connait les grands thèmes du discours qu’il prononcera moins de deux heures plus tard lors de la Conférence internationale. Et pourtant aussi étrange que cela puisse paraitre, j’ai trouvé qu’il avait réservé au grand auditorium des déclarations qui auraient sans doute mieux touché au cœur les juifs qui ont fait le choix de l’alyah et qui étaient venu l’entendre. Pourquoi a –t-il en effet préféré déclarer «Toute ma vie je vivrai avec la blessure de la mort d’Ilan Halimi » au parterre trié sur le volet de la conférence internationale plutôt à ces sympathisants francophones d’Israël ? Pourquoi ne leur avoir pas dit « La France n’est pas antisémite. Il y a de l’antisémitisme en France. La France n’est pas raciste. Il y a du racisme en France » comme il l’a fait plus tard devant le ban et l’arrière ban des dirigeants israéliens ?
A la sortie, j’interroge une jeune étudiante qui me répond tout en prenant en photo Jean Sarkozy qui patiente à l’entrée. Le discours utilisé par cette jeune femme de 24 ans, tête bien faîte diplômée à Paris et New York flirte avec le champ lexical du fan pré-ado à la sortie d’un concert. Je tente de lancer un retraité de Netanya sur le vote de la France pour faire entrer l’Autorité palestinienne à l’UNESCO, il me quitte avec le même empressement qu’il évitera les caméras insolentes du Petit Journal de Canal +. « On n’est pas là pour aborder les sujets qui fâchent. C’est une réunion de famille. On ne s’est pas vu depuis longtemps » concèdera-t-il quelques minutes plus tard. Parce qu’en fait, il ne faut pas s’y tromper, Nicolas Sarkozy n’est venu en Israël qu’entretenir sa stature internationale. Rencontrer les militants, s’entretenir avec le premier ministre israélien, le président palestinien, l’ancien et l’actuel Président de l’état hébreu : quoi de mieux pour faire oublier que finalement le président de l’ex-UMP est venu donner une conférence comme il l’a fait par le passé au Qatar, aux Emirats Arabes Unis, en Suisse avec les polémique qu’on connaît.
Virginie Guedj-Bellaïche