Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - Simone Veil, Femme universelle, par Didier Durmarque

03 Mai 2023 | 185 vue(s)
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Opinion

Mardi 16 juillet 2024, s'est tenue la cérémonie nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et d'hommage aux Justes de France, commémorant la rafle du Vél d'Hiv organisée par le Crif en collaboration avec le Ministère des Armées. Cette année, à l'approche des Jeux Olympiques, la cérémonie s'est tenue au Mémorial de la Shoah. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé, dans un contexte national et international difficile.

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Simone Veil, Femme universelle, par Didier Durmarque (*)

 

Comme le fait remarquer l’auteur dans ce petit livre qui se veut didactique, le « palmarès » de Simone Veil est éloquent, éblouissant : première femme secrétaire du Conseil supérieur de la magistrature en 1970, première femme à siéger au conseil d’administration de l’ORTF en 1972, deuxième femme ministre d’État en 1974, première femme Présidente du premier Parlement européen, élue au suffrage universel, en 1979, membre du Conseil constitutionnel de 1998 à 2007, sixième femme à être élue à l’Académie française en 2008 et à entrer sous la Coupole en mars 2010, occupant alors le fauteuil numéro 13,  celui de Jean Racine et de Paul Claudel.

Jean d’Ormesson en recevant à l’Académie, Simone Veil, avait eu cette jolie formule : « C’est une Antigone qui aurait triomphé de Créon ».

Dans sa préface, l’ancien proviseur du lycée Simone Veil de Brive-la-Gaillarde raconte comment l’établissement qui portait le nom de Danton a failli prendre le nom de Suzanne Lacore, héroïne du Front populaire avant d’opter définitivement pour celui de Simone Veil. Il évoque les figures d’Abdel Feghoul, entrepreneur girondin, inventeur des blocstops à l’effigie de l’ancienne ministre, de Sêma Lao, dessinatrice d’une belle fresque et d’Olivier Fischer, graphiste lyonnais qui exécuta au stylo Bic un remarquable portrait de notre héroïne.

Fille de l’architecte André Jacob et d’Yvonne Steinmetz, Simone est née en 1927, dernière d’une famille de quatre enfants. L’ont précédée, Madeleine (1923) dite Milou, Denise (1925) et Jean (1926). Lorsque la guerre éclate, les Jacob s’installent à Nice. Le 30 mars 1944, Simone, qui  vient de réussir au baccalauréat et qui circule sous la fausse identité de Simone Jacquier est arrêtée par la Gestapo. Fait incroyable, Yvonne, Micheline, André et Jean vont également être arrêtés. Seule Denise échappe provisoirement aux nazis. Cependant, après avoir rejoint la Résistance, elle sera déportée à Ravensbrück en 1944. La famille, donc, est décimée : Jean et son père sont déportés par le convoi numéro 73 du 15 mai 1944, Simone, sa grande sœur et sa mère, feront, elles, partie du convoi numéro 71 du 13 avril 1944.  Direction : Auschwitz. Dans ce même convoi, les malheureux enfants d’Izieu et 12 jeunes victimes de la rafle de Voiron, dont Didier Durmarque, pour ne pas oublier, nous rappelle les noms, Ginette Kolinka, Marceline Rozenberg, qui sera plus tard, Marceline Loridan-Ivens, la future psychanalyste, Anne-Lise Stern et le Grand rabbin de Nancy, Paul Haguenauer. Simone Jacob est désormais Sarah 78651. L’enfer des camps au quotidien, la Libération, enfin, et cette anecdote sordide : lors d’une réception au début des années cinquante, un fonctionnaire français, tout sourire demande à Simone si le numéro tatoué sur son avant-bras est celui de son vestiaire !

Un chapitre de cet ouvrage est consacré à la lutte incessante de Simone Veil pour l’adoption de la loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG) qui sera votée, malgré les fortes oppositions, le 29 novembre 1974, par 290 voix contre 189.  Simone Veil, une vie, une vie exemplaire. Un petit livre percutant !

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Entremises, 2023, Préface de Thierry Chazarin, 106 pages, 9,95 €