Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Robert Badinter

15 Février 2024 | 115 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Par un enchaînement de hasards, notre bloggueuse Sophie, plus habituée aux sujets de cyber-sécurité et de contre-terrorisme, s'est retrouvée les mains dans la pâte (à pizza). Et ça lui a donné quelques idées plutôt gourmandes... Elle les partage avec vous à travers ces chroniques culinaires !

Bienvenue sur le blog La Chronique (pas tès casher) de Raphaëla ! Sur ce blog, Raphaëla vous propose ses billets d'humeur sur tout ce qui l'entoure, l'émeut, la touche, la fait rire et la révolte. Et elle a des choses à vous dire...

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Actualité

Patricia Sitruk est membre du Comité directeur du Crif

Les Occidentaux restent prudents quant à la désescalade russe.

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Antisémitisme

Hier, je me suis exprimé sur la récente vague d'antisémitisme qui secoue la France. J'ai demandé à l'ensemble de la communauté nationale de faire front contre la haine antisémite. J'ai également rappelé l'importance pour la justice française d'appliquer des peines suffisamment lourdes pour être dissuasives.

Il est des livres, comme une sève puissante, comme un volcan en éruption, comme le monde à portée de la main, comme la vie, qui remue de l’intérieur, qui secoue de l’intérieur et qui donne majestueusement à donner. Il est des livres que l'on veut lire et que l'on doit lire absolument.

 

Par Marc Lévy, avocat de la LICRA dans le procès de Reynald Leykens et délégué du Crif en Israel

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

"The strength of a Nation always lies in the the way it looks at its History and and its ability to teach it to future generations".

 

"La force d’une Nation réside toujours dans le regard qu’elle sait porter sur son histoire et sa capacité à l’enseigner aux générations suivantes."

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure. Et, il s'agit bien d'un meurtre antisémite.

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

« Séparation du Crif et de l’Etat » : voici la dernière nouveauté de la « cause palestinienne ». Amalgamant à tout va Israël, sa politique, les juifs, et les institutions françaises, ces pantins ont appelé à un rassemblement samedi dernier, avec des slogans antisémites et anti républicains.

Malgré la mobilisation de personnalités politiques (Nathalie Kosciuzko-Morizet, Claude Goasguen et Anne Hidalgo), associatives (le Président du Crif Francis Kalifat a notamment écrit au Préfet et au Premier Ministre), et de nombreux internautes, la Préfecture de Paris a décidé d’autoriser ce rassemblement, sous haute protection policière.

Nous nous sommes rendus sur place.

 

 
"La culture est ce qui a fait de l'homme autre chose qu'un accident de l'univers", déclarait André Malraux. C'est pour toutes ses vertus que la culture est grande et qu'elle reste et doit rester un rempart contre l'obscurantisme, le racisme, l'antisémitisme et l'homophobie. De chaque création artistique doit jaillir une lumière. C'est à cela que doit aspirer chacun de ceux qui ont le bonheur de pouvoir créer ou d'interpréter une oeuvre. 

 

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

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Opinion

La 77ème cérémonie du Yizkor organisée par le FARBAND - Union des Sociétés Juives de France s'est déroulée dimanche 2 octobre 2022, à 11h30 au cimetière de Bagneux. 

À l'aube de 5783, découvrez les vœux de Yonathan Arfi pour Roch Hachana. 

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Robert Badinter rejoindra bientôt Simone Veil au Panthéon. Avec Jean Monnet, ils seront les seules personnalités politiques de l’après guerre à avoir cet honneur. Une femme et un homme qui avaient la France et la justice chevillées au corps et qui proclamaient leur judéité sans réticence mais sans ostentation.

Il faut avoir vu l’émotion de Robert Badinter parlant de ses attentes au Lutetia à la recherche de son père déporté ou du Kaddish qu’il prononça en sa mémoire à Sobibor, où son père avait été gazé après avoir été arrêté en 1943 à Lyon par les agents de Barbie, au siège de l’UGIF dans la rue Sainte Catherine, un autre 9 février. « Je rêvais, je rêve toujours à mon père comme à un Juste, au sens le plus fort que les juifs donnent à ce mot. Sa mort m'était une blessure secrète, toujours à vif. Elle était le signe de l'injustice, toujours présente ».  

 La lutte contre l’injustice fut le moteur de la vie de Robert Badinter, 

Son père, qui avait changé son prénom Samuel en Simon à son arrivée en France, était un patriote convaincu. Son monde s’est effondré après la défaite inattendue, vite suivie du Statut des Juifs et de la spoliation de son entreprise de fourrure. Sa mère, Chiffra, née Rosenberg, devenue Charlotte, vénérait l’école française où elle avait réussi le certificat d’études. Elle s’était cachée avec ses deux fils près de Chambéry. Les Allemands remplacèrent la nonchalante occupation italienne, la Milice traquait les Juifs et son chef s’appelait Touvier, mais Robert Badinter a insisté sur le fait que dans la population de ce petit village de Cognin où chacun avait compris que Mme Charlotte Rosier et ses deux garçons étaient Juifs, personne n’a parlé.

Des « gens bien ». 

Ce ne fut pas le cas  pour son oncle maternel, assassiné à Auschwitz comme d’autres membres de la famille, après avoir été dénoncé par une voisine désireuse de mettre la main sur ses meubles.  

Robert Badinter a laissé un merveilleux témoignage sur sa grand-mère maternelle. Idiss. Venue de son shtetl bessarabien, restée analphabète, elle ne vivait que pour l’amour des siens et était stupéfaite de la liberté des Juifs en France. Mais elle mourut en 1942  dans un Paris où l’antisémitisme était devenu bien pire que dans sa jeunesse tsariste.

 

D’autres plus compétents que moi ont qualifié de capitale l’oeuvre de Robert Badinter comme Ministre de la Justice puis Président du Conseil Constitutionnel, sans compter son rôle à la tête d’organisations internationales, notamment lors de la guerre dans l’ex- Yougoslavie. Outre l’abolition de la peine de mort qu’il a beaucoup contribué plus tard à faire inscrire dans la Constitution, par un vote quasi-unanime du Congrès, il y a eu des lois sur la dépénalisation de l’homosexualité, sur les droits des victimes, sans parler des réformes des Codes. il avait été un avocat et un professeur de droit exceptionnel, mais aussi un historien, qui avec son épouse a fait  revivre la grande figure  de Condorcet.. Ayant, comme Simone Veil, la démagogie en horreur, Robert Badinter est devenu aussi une icône, après avoir, comme elle, été dénigré et même haï. En Allemagne, ils ont la bande à Baader, en France, nous avons la bande à Badinter, disait le célèbre général Bigeard. 

Il répugnait, a-t-il dit, à montrer ses plaies en public. A la commémoration annuelle de la rafle de la rue Sainte Catherine, il vient mais reste presque toujours silencieux.  Il a assisté en journaliste au procès Eichmann et, à une époque où celui-ci était attaqué, il a fortement défendu le principe de l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité. Non pas tant pour punir des hommes qui sont alors des vieillards  ( il soutiendra une libération anticipée de Papon, suscitant une réplique de Serge Klarsfeld), mais pour marquer clairement où est le mal. Ministre, il a contribué à l’extradition et au procès de Barbie, mais n’a pas voulu s’impliquer personnellement contre l’homme responsable de la mort de son père.

Plaidant contre Faurisson, Badinter l’appelle « faussaire de l’histoire ». 30 ans plus tard, attaqué lui-même par Faurisson en diffamation il garde ce qualificatif dans une intervention très émouvante.

En 1992, à la commémoration du 50ème anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv, où l’avait accompagné François Mitterrand, qui venait de refuser d’y reconnaitre la responsabilité de la France au motif que l’Etat français n’était pas la République, il pique une colère célèbre face aux sifflets destinés au Président.

Plus tard, quand les relations de Mitterrand avec Bousquet seront révélées, il aura avec lui une explication dont il dira qu’elle a été pénible pour les deux amis qu’ils étaient et ne voudra pas la rendre publique. Il épluchera avec colère ce procès de 1949 qui a transformé Bousquet en innocent, tout simplement parce que à l’époque on ne s’intéressait pas au sort des Juifs pendant la guerre.

« Quand vous êtes d’un naturel passionné, disait Robert Badinter, il vaut mieux être réservé et préserver votre passion pour le moment opportun ». A la fin de sa vie, c’est avec passion qu’il s’est exprimé contre la résurgence de l’antisémitisme. Il était interloqué par la dérive de Jean-Luc Mélenchon, qu’il avait côtoyé au Sénat. On sait que les LFI sont venus à la cérémonie d’hommage malgré la demande expresse de la famille. Marine Le Pen n’a pas eu cette inélégance.

En ce qui concerne Israël, où ses amitiés s’appelaient Peres ou Rabin et pas Netanyahu, il redoutait que les attentats monstrueux du 7 octobre ne marquent un échec de la mission historique de ce pays, être pour les Juifs une protection. 

 

Espérons que ses craintes ne seront pas fondées. Elles proviennent d’un homme qui a voulu se conduire en « homme bien » et qui mérite le qualificatif de Juste qu’il avait attribué à son père. 

 

Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif 

 

 

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