Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - Isaac, de Léa Veinstein

28 Août 2019 | 163 vue(s)
Catégorie(s) :
France
Neuf ans après l’assassinat d’Ilan Halimi, voici la « chronique d’une barbarie et de ses conséquences médiatiques, politiques et judiciaires »,  par Marc Knobel, historien, chercheur, directeur des Études du CRIF

 

Le Hors-série de L'Express numéro 28, "Regards sur l'Histoire" consacré aux Juifs de France a mis en émoi une partie de la communauté juive, François Heilbronn, professeur des universités associé à Sciences-Po Paris et Président des Amis français de l'université de Tel-Aviv lui a adressé deux lettres ouvertes publiées dans l'Arche.
 

 

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

L'antisémitisme est comme une bête particulièrement enragée et puante. Il rôde, nous ne le savons que trop bien...

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

"Dites-moi que ce furent des cauchemars, que le monde s'améliore de jour en jour, que des flammes de lumière jaillissent en chaque point du globe."

Article paru dans le HuffinghtonPost.fr

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Isaac, de Léa Veinstein*

C’est l’histoire passionnante d’une quête à la recherche de son identité profonde. Dans la famille de la narratrice, on a toujours évité de parler du judaïsme. Comme si c’était une grossièreté ou quelque chose de malséant. Un tabou, en somme. « On ne parle pas de ces choses-là » ! Pourtant, le bruit a toujours couru que l’arrière- grand-père était un rabbin ou quelque chose du même genre, un hazan, chanteur de synagogue ou encore un chohet, certificateur de la cacheroute des viandes abattues dans les abattoirs.

Décidée à en avoir le cœur net, l’auteure va mener une véritable enquête à la découverte de l’ancêtre dont il ne faut surtout pas parler, Isaac.

C’est à la synagogue de la rue Ancelle, à Neuilly qu’elle découvre qu’Isaac était ministre officiant au temps où le rabbin Meyers, qui mourra en déportation, officiait. Puis ce sont des papiers précieux où l’on découvre une carte d’identité de la femme d’Isaac, Hélène, désignée comme Hélène Savel au lieu de Sawelski née Leroy et non Lévy. Voici encore une « carte de légitimation » délivrée par l’UGIF qui aura permis à Isaac d’officier sous l’Occupation sans être inquiété. Aurait-il, d’une manière quelconque « collaboré » ? Voici encore un tampon marqué « Cacher le Pessah ». Et un livre publié pour les 120 ans de la synagogue de Neuilly avec une courte biographie d’Isaac. Peu à peu, le personnage d’Isaac se dessine : Il était l’un des dix enfants de Marcus Sawelski et Rosalie Weniezki, de Vilnius en Lituanie. Isaac avait un frère, Elias, lui-aussi ministre officiant, « Vorbeter »

D’un point de vue halakhique, compte-tenu de sa filiation maternelle, Léa n’est pas juive. Bien que son compagnon, Solal soit juif, qu’elle aime bien passer le chabbat en famille, qu’elle étudie l’hébreu, qu’elle ait envisagé à plusieurs reprises une conversion, plutôt chez les Libéraux ( elle a beaucoup sympathisé avec Delphine Horvilleur) et qu’elle travaille au Mémorial de la Shoah depuis 2010, elle n’a pas franchi le pas et ne s’est pas entièrement immergée dans le mikvé. Sa mère, qui a épousé deux Juifs se rêve en intellectuelle juive ashkénaze. Et finalement, Solal et Léa ont opté pour un mariage privé où tout le monde a crié « Mazel Tov ».

Comme le dit sa belle-mère : « Léa s’est très vite adaptée aux boulettes et à la boutargue »

« Moi, ça me suffisait qu’ils m’adoptent, je n’avais pas besoin du Consistoire, ni du bain rituel. La boutargue, c’était déjà pas mal. »

Un petit voyage en Israël, aussi !

« J’étais face à un palimpseste familial, intime et politique, où venaient se mêler, parfois se heurter avec violence, des questions sur mon identité »

Un très beau récit. À découvrir sans tarder.

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Grasset. Février 2019. 144 pages. 15 €.