Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean Pierre Allali - Dictionnaire Charles Peguy, sous la direction de Salomon Malka

17 Octobre 2018 | 135 vue(s)
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Dictionnaire Charles Peguy, sous la direction de Salomon Malka*

Charles Péguy. Tué au combat dans les premiers jours de la Première Guerre mondiale, Péguy aura été l’homme des « Cahiers de la Quinzaine », l’auteur de « Notre jeunesse », l’« aventurier », le « chroniqueur-journaliste », le poète,  l’admirateur inconditionnel de Jeanne d’Arc et de Sainte Geneviève et l’ardent défenseur d’Alfred Dreyfus. Ce dictionnaire, dont l’idée est née en 2016, à Jérusalem, a été imaginé lors d’un colloque qui se déroulait au sein du couvent Notre-Dame-de-Sion d’Ein Kerem. Pour dire Péguy, Salomon Malka, secondé par Yves Avril et Claire Daudin, a réuni une quarantaine d’auteurs parmi lesquels François Azouvi, Denis Charbit, Alain Finkielkraut, Jacques Julliard, André Kaspi, Michaël Lonsdale, Freddy Raphaël, Marie-Brunette Spire et Michel Winock.

Les sujets traités, particulièrement divers, sont classés dans l’ordre alphabétique et vont d’Alain-Fournier, l’auteur du « Grand Meaulnes » à Zangwill en passant par « Amitié », ce qui n’exclut pas les fâcheries, « Hannah Arendt », « Bernard Lazare », « Alfred Dreyfus », « Edmond Fleg », « Jules Isaac », « Judaïsme », « Laïcité », « Rozenzweig » ou encore « André Spire ».

Certains thèmes sont abordés sous forme d’interviews toutes réalisées par Salomon Malka. Ainsi , parmi les personnalités interrogées :  Jacques Julliard ( Intellectuel), André Kaspi ( Jules Isaac), Olivier Péguy, arrière-petit-fils de l’écrivain (Journalisme) ou encore Alain Finkielkraut ( Modernité).  Chaque sujet est accompagné d’une bibliographie, ce qui fait de l’ensemble un outil d’étude et de travail incomparable.

En traitant la rubrique « Lieux », Romain Vaissermann rappelle quelques plaques commémoratives relatives à Péguy : au lycée Louis-le-Grand, au 12, rue Charles Péguy à Lozère, au sein de la cathédrale Notre-Dame-de-Chartres ou encore au Panthéon.

Dans sa préface, Salomon Malka signale qu’au 8, rue de la Sorbonne, une plaque  rappelle que « Charles Péguy, 1873-1914, installa et dirigea les Cahiers de la Quinzaine, 1910-1914, dans la boutique ci-dessous ».

Qu’on me permette d’ajouter qu’au siège du Consistoire de Paris, 17, rue Saint-Georges, une plaque est apposée dans la cour d’entrée où l’on peut lire : « A la mémoire de Charles Péguy. Mort pour la France le 5 septembre 1914. « J’aimerais que le nom de mon mari, Charles Péguy, soit joint à ceux des Israélites qui ont donné comme lui leur vie pour la France ». (Mme Charlotte-Charles Péguy) ».

La vérité obsédait Péguy : « Dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, dire bêtement la vérité bête, ennuyeusement la vérité ennuyeuse, tristement, la vérité triste ». Quant à son amitié indéfectible pour le peuple juif, elle tient en ces quelques mots : « Je connais bien ce peuple. Il n’a pas sur la peau un point qui ne soit pas douloureux, où il n’y ait pas un ancien bleu, une ancienne contusion, une douleur sourde, la mémoire d’une douleur sourde, une cicatrice, une blessure, une meurtrissure d’Orient ou d’Occident. Ils ont les leurs et toutes les autres » . « Tous les Juifs sont lecteurs, tous les Juifs sont liseurs, tous les Juifs sont récitants ». « Le Juif est un homme qui lit depuis toujours, le Protestant est un homme qui lit depuis Calvin, le Catholique est un homme qui lit depuis Ferry ». Ce philosémitisme en somme congénital fait dire à Wladimir Rabi : « Péguy est le Chrétien, l’homme du dehors, l’étranger au monde juif qui a le mieux compris le monde juif »

S’il est vrai que Péguy est un peu oublié de nos jours, cette véritable somme rappellera à bon escient la mémoire d’un grand ami des Juifs et du judaïsme. A découvrir.

Jean-Pierre Allali

*Sous la direction de Salomon Malka. Editions Albin Michel. Septembre 2018. 432 pages.22 euros.