Stéphanie Dassa

Directrice de projets

Dialogue judéo-chrétien : dénouer le noeud gordien

07 Février 2017 | 47 vue(s)
Catégorie(s) :
Actualité

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

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Religion

Bienvenue sur le blog La Chronique (pas tès casher) de Raphaela ! Sur ce blog, Raphaela vous propose ses billets d'humeur sur tout ce qui l'entoure, l'émeut, la touche, la fait rire et la révolte. Et elle a des choses à vous dire...

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L’Amitié judéo-chrétienne de France - dont plusieurs militants du Crif sont membres du Comité Directeur - a tenu dimanche 29 janvier son Conseil national, l’occasion pour nous de donner quelques nouvelles du front du dialogue.

Le premier signe de vivacité dont s’est réjouie la présidente Jacqueline Cuche est l’accueil réservé par le MJLF, en particulier le rabbin Yann Boissière présent tout au long de la journée et la Présidente, Danielle Cohen. C’est dans leurs locaux que se sont réunis de nombreux membres de l’AJCF, pour la plupart présidents de groupes régionaux, acteurs et témoins de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas, ou mal.
 
Le dialogue entre chrétiens et juifs n’est pas et ne sera probablement jamais une machine bien huilée carburant au diesel, capable de ronronner en autonomie. Les textes qui sont les socles du dialogue ont mis de côté certains aspects qui ne pouvaient être ignorés. Ils semblent aujourd’hui s’y introduire irrésistiblement. Au centre du nœud gordien qu’il faudra bien dénouer se trouve ce que nous appelons dans un langage travaillé « l’attachement des Juifs à la Terre d’Israël » ou plus faire plus court mais plus polémique : le sionisme.
 
Jacqueline Cuche, en accord avec le comité directeur de l’AJCF, a proposé que la journée du 29 janvier soit consacrée entièrement à une remise à plat : il s’agissait notamment de réaffirmer les positions solidaires et franches de l’AJCF témoignées à l’État hébreu. Non pas les justifier, mais les expliquer. Dans la dernière version des statuts il est stipulé la vocation de l’AJCF à « aider la société moderne à s’orienter ». Et un point sur lequel il semble que cette société butte «  c’est celui du regard qu’elle porte, et que nous portons nous aussi, sur le pays d’Israël. Nous savons combien cette question est sensible aujourd’hui, à cause du conflit qui malheureusement s’y éternise et qui interfère trop souvent dans nos activités, nos rencontres, même quand celles-ci sont consacrées à tout autre sujet ».
 
Elle exprime très clairement et sans ambiguïté la ligne de l’AJCF inscrite dans celle de Charles Péguy, sa volonté de témoigner pour les Juifs dans un souci de vérité et de justice. L’AJCF ne s’est pas positionnée sur les questions inhérentes à la politique menée par le gouvernement élu d’Israël, ni à ce jour sur les questions épineuses liées à l’extension de logements dans tel ou tel territoire. En revanche, l’AJCF est dans son rôle lorsqu’elle soutient « la communauté juive de France lorsqu’elle est inquiète, lorsqu’elle s’inquiète de la façon dont est jugé Israël, auquel tant de liens la rattachent, et se sent critiquée, à cause de ces liens, abandonnée du reste de la société (…) » et « sans porter aucun jugement politique, ni sur la France ni sur Israël, car ce n’est pas notre rôle, ni de notre compétence ».
 
Nous savons que dans la plupart des groupes de dialogue judéo-chrétien les sensibilités sont diverses, alternant entre empathie pour Israël et sympathie pro-palestinienne. Nous savons aussi la puissance d’interférence du conflit israélo-palestinien dans ce cadre complexe et protéiforme dont le socle reste la volonté et la conscience du devoir. Deux points cependant sur lequel Jacqueline Cuche et l’AJCF ne transigent pas : « L’affirmation sans ambiguïté d’un soutien inébranlable à l’existence de l’État d’Israël. Ne jamais accepter qu’elle soit remise en question. - Veiller avec la plus grande vigilance (c’est un pléonasme : oui, être instance de veille) sur ce qui est dit des Juifs et d’Israël, non pour réagir à tout bout de champ parce qu’ils seraient au-dessus de toute critique (les Juifs sont un peuple comme les autres, et Israël un État comme les autres, ni meilleur ni pire que les autres), mais pour dénoncer toutes les formes de mensonges, toutes les atteintes à la vérité. »
 
Pour donner un éclairage à ses membres et pour répondre à leur demande, l’AJCF a placé le sionisme au centre des réflexions de la journée. Boycott, apartheid, nazification d’Israël : autant de violence intellectuelle proférée est–elle justifiable ? Comment combat-on le mensonge et l’insulte ? Sait-on seulement de quoi on parle quand on évoque le sionisme, l’antisionisme, le droit des Palestiniens à disposer d’eux-mêmes ? Ces notions extrêmement complexes et truffées de contradictions internes sont la plupart du temps mal saisies parce qu’elles sont mal connues : ce n’est par parce qu’on a un avis qu’on sait.
 
Et c’est dans cet état d’esprit que l’AJCF œuvre : pour une meilleure connaissance et contre les stéréotypes, pour une société mieux orientée et moins violente en pensée et en acte.
 
L’objectif, faut-il le rappeler ?  Trouver l’extrémité qui permettra de défaire le nœud. À moins qu’à la manière d’un Alexandre le Grand un autre ne le tranche. Brutalement.
 
Stéphanie Dassa