Francis Kalifat

Ancien président

#DinerDuCrif - Mon discours lors du 33ème Dîner du Crif

08 March 2018 | 485 vue(s)
Catégorie(s) :
France

À l'occasion des 80 ans du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), les membres du Crif ont été reçus à l'Élysée par le Président de la République, Emmanuel Macron, et Madame Brigitte Macron, lundi 18 mars 2024. Le Président du Crif, Yonathan Arfi, a prononcé un discours à cette occasion. 

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Actualité

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

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Le 33ème Dîner du Crif a eu lieu mercredi 7 mars 2018.

33ème Dîner du Crif

Invité d'Honneur :
M. Emmanuel Macron, Président de la République
7 mars 2018

 

Monsieur le Président de la République,

Je suis très heureux de vous accueillir, ce soir, pour le premier dîner du Crif de votre quinquennat, dans ce lieu qui a vu vos premiers pas présidentiels.

Votre discours, ici-même, le soir du 7 mai, a marqué la fin d’une séquence peu réjouissante, celle qui vit deux extrémistes dans le carré de tête au premier tour de l’élection présidentielle.

C’était il y a dix mois, cela peut sembler loin, mais la France et l’Europe auraient pu s’engager alors vers un funeste destin.

Une toute autre musique résonne aujourd’hui.

L’économie mondiale va mieux. L’Europe avance à nouveau malgré les crises et les populismes.

Quant à la France, elle est « Great again ». L’espoir et la confiance sont de retour.

Incontestablement, cela nous réconforte mais ne nous réjouissons pas trop vite.

Beaucoup de nos compatriotes sont encore sur le bord du chemin, frappés par le chômage ou angoissés par un monde qui ne cesse de changer.

Et tous nous vivons encore avec la menace terroriste. Le recul militaire de Daech n’y change rien. Durant la seule année 2017, plus de cent attentats commis au cri Allah ou Akbar ont frappé les cinq continents.

Istanbul, Manchester, Jérusalem, Bagdad, Barcelone, New York, Mogadiscio, Marseille.... Marseille où deux jeunes femmes, Maurane et Laura, sont tuées dans une attaque au couteau à la Gare Saint-Charles.

Et Paris....Paris où deux militaires sont attaqués à la machette ici-même, au Carrousel du Louvre. Paris où le policier Xavier Jugulé est tué à la kalachnikov sur les Champs Elysées. Paris où le 4 avril au matin le corps sans vie d’une femme de 66 ans gît dans la cour intérieure de l’immeuble qu’elle habite au 26 rue Vaucouleurs dans le onzième arrondissement. Torturée au rythme de sourates du Coran, Sarah Attal-Halimi, vient d’être défenestrée vivante, depuis le balcon de son appartement.

Près de 11 mois plus tard, le 27 février dernier la juge d'instruction décide, ENFIN, de retenir la circonstance aggravante d'antisémitisme dans ce crime odieux.

Je vous suis reconnaissant, Monsieur le Président de la République, d’avoir « appelé la justice à faire la clarté sur [cette] mort ». C’était dans un très beau discours lors de la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv.

Je pense ce soir à ses enfants et sa famille. Nous resterons à leurs côtés. Aussi j’ai décidé que le CRIF se constituera partie civile pour que le procès à venir soit bien sûr le procès de l'assassin de leur mère, mais aussi le procès de l'antisémitisme qui tue encore en France.

Certains procès, nous les attendons depuis plus de 37 ans et, insulte suprême aux victimes, nous redoutons qu’ils n’aient jamais lieu.

1980, attentat de la rue Copernic. 4 morts et une quarantaine blessés. En dépit de la demande de renvoi du Parquet devant la cour d’assises spéciale, les juges ordonnent, en janvier 2018, un non-lieu et la libération immédiate du principal suspect. Le parquet fait immédiatement appel, mais le suspect quitte aussitôt la France. Reviendra-t-il un jour ?

1982, attentat de la rue des Rosiers. 6 morts, 22 blessés et quatre mandats d’arrêt internationaux délivrés en 2015, mais restés sans effet. 1982, cela fait déjà 36 ans.

Les années n’effacent pas la douleur. Et il nous faut, entendre la souffrance des familles.

Je reçois régulièrement des appels ou des messages de la sœur d’une victime. "Je vais bientôt mourir, " me dit-elle, "et je n’aurai pas eu justice pour mon frère." Ces paroles désespérées appellent une réponse. Les quatre présumés terroristes sont réfugiés en Jordanie, à Ramallah, et en Norvège. Pourquoi tant de lenteur dans leur extradition ? Est- ce si compliqué d’extrader de Norvège ?

L’indépendance de la justice ne suffit pas à faire passer le sentiment désagréable que quelque chose ne tourne pas rond.

Monsieur le Président, par votre voix, la France est aussi de retour sur la scène internationale.

Vous prônez l’ouverture, le dialogue et la franchise. Dans ce monde instable et multipolaire, la France est le pays qui parle à tous les pays.

Cette diplomatie qui privilégie le contact direct vous amènera, d’ici à la fin de l’année, dans un pays souvent appelé la « start-up nation » et que vous avez visité en 2015, lorsque vous étiez Ministre de l’Economie.

Un pays qui célèbrera son amitié avec la France à travers une saison culturelle croisée de juin à novembre 2018. 

Un pays qui aurait pu disparaître, dès sa renaissance en 1948, dans la guerre lancée contre lui par tous ses voisins arabes et qui célèbrera en mai prochain son 70ème anniversaire.

Un pays, si l’on en croit un magazine pour enfants, qui ne serait pas un vrai pays et qui serait de surcroît comparable à la Corée du Nord.

Cela n'en n'est pas moins symptomatique d’un état d’esprit qui fait fi des réalités politiques et historiques et qui se saisit de toute opportunité pour stigmatiser Israël.

Cet état d’esprit détestable, nous l’avons vu à l’œuvre dans les résolutions négationnistes de l’UNESCO qui refusaient toute dimension juive et chrétienne à Jérusalem.

Cet état d’esprit détestable, caractérise les actions illégales des activistes du BDS, ce mouvement qui prône le boycott et veut la disparition d’Israël.

Ses partisans les plus radicaux confondent une opposition politique avec la haine d’un Etat, ils refusent un Etat au seul peuple juif, ils élargissent à tous les Juifs leur phobie d’Israël.

Comme vous l’avez dit dans ce discours de juillet que j’ai déjà cité,

« L’antisionisme est [bien] la forme réinventée de l’antisémitisme ».

C’est pourquoi il faut que ceux qui appellent au boycott d’Israël soient sanctionnés avec sévérité. Il faut les empêcher d’agir lorsqu’ils menacent de violences des événements sur Israël, comme ce fut le cas, le mois dernier, contre un festival culturel à l’Université de Lille.

Ces associations prospèrent au mépris de la loi et souvent détournent les subventions qu'elles reçoivent de l'état et des collectivités territoriales pour financer leurs actions illégales.

La négation du réel, le mépris de la culture et de l’histoire n’amènent rien de bon, pas plus en France qu’au Proche-Orient.

Si l’on veut vraiment construire une solution à deux Etats où Israéliens et Palestiniens vivront côte à côte dans la paix et la sécurité, alors il est grand temps de s’appuyer sur les réalités historiques.

L’une de ces réalités est que Jérusalem est la capitale d’Israël et qu’elle l’était déjà il y a 3.000 ans.

Pourquoi attendre pour reconnaître cette réalité ? Pourquoi attendre quand cela nourrit de faux espoirs, des doubles discours et des mythes revanchards ?

Ayant dit cela je sais bien que les Palestiniens auront eux aussi, une capitale, mais ce sujet, comme tant d’autres, relève de la négociation directe entre les deux parties. Cette négociation doit reprendre au plus vite.

Et j’ajoute un vœu pour votre prochain voyage, que la France reconnaisse Jérusalem comme la capitale d’Israël.

La négation du réel, disais-je, n’amène rien de bon, pas plus en diplomatie que dans les affaires intérieures de la France.

Monsieur le Président, avec d’autres, en France et en Europe, nous tirons la sonnette d’alarme depuis des années.

Des choses commencent enfin à bouger. L’Education Nationale est une priorité dans votre projet de transformer la France.

Il est bien sûr trop tôt pour parler de résultats, mais nous réjouissons de plusieurs initiatives :

L'installation du conseil des sages de la laïcité, les unités « laïcité et fait religieux » et le recensement exhaustif des atteintes à la laïcité dans les établissements scolaires.

La première étape est bien d’identifier et de quantifier, sans angélisme ni lâcheté.

Il est grand temps de sortir des postures idéologiques, celles du déni et de l’excuse comme celles des fantasmes et des peurs. Les géants de l’Internet commencent, eux aussi, à changer, après avoir longtemps refusé de voir la haine qu’ils diffusent. Facebook et Twitter suppriment des posts et ferment des comptes.

Mais ce ne sont que des gouttes d’eau dans un torrent. Ce torrent, vous y avez, vous aussi, été plongé, Monsieur le Président, y compris avec des messages antisémites.

Ici encore la première étape est d’identifier et de quantifier. Nous n’aurons pas une vision globale de l’antisémitisme sans mesurer, ni analyser les propos antisémites qui se propagent sur Internet.

Aussi, pour compléter le travail de la cellule digitale du CRIF j'ai décidé d'installer un Observatoire de la haine sur le Net. Ses travaux viendront compléter le rapport annuel sur les actes et violences antisémites, établi par le Ministère de l’Intérieur sur la base des plaintes déposées en commissariats. Lorsque notre outil aura fait ses preuves, nous pourrons l’élargir au racisme, à la xénophobie, à l’homophobie, à la haine des musulmans et, aussi, à la haine de la France.

Si nous construisons cet Observatoire, c’est parce que les entreprises Internet ne le font pas elles-mêmes. Peut-être faut-il les y contraindre ?

Il est temps que la loi les considère pour ce qu’elles sont, et qu’elles assument les mêmes responsabilités que les éditeurs de presse.

Depuis janvier 2018 une loi allemande oblige les réseaux sociaux à retirer les contenus haineux sous 24 heures. S’ils ne le font pas, elle permet de leur infliger des amendes allant jusqu’à 50 Millions d'euros.

Que la France s’inspire de cette loi ou qu’elle invente son propre dispositif, il est urgent d’assécher ce torrent de haine.

La haine antisémite a une étrange capacité à se réinventer sous de multiples formes. Nous avons besoin, pour la combattre, d’une définition incluant toutes ses formes actuelles, y compris l’antisionisme et le négationnisme.

Le Parlement européen a fait le même constat. Et le 1er juin 2017, il a voté une résolution qui, je cite, «invite les Etats membres à adopter et à appliquer la définition opérationnelle de l’antisémitisme utilisée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste».

Monsieur le Président, je forme le vœu, qu’à l’instar d’autres pays européens, la France, réponde positivement à l’invitation du Parlement européen.

Déni du réel, impunité du virtuel. Tout cela crée un mauvais climat, propice aux haines.

Le tableau serait incomplet sans évoquer l’absolutisme et le relativisme.

L’absolutisme, c’est aujourd’hui l’idée qu’il existe une parole et des lois absolues, immuables et indépassables, que nul n’a le droit de contester ou de critiquer et qui l’emportent toujours sur celles des hommes.

Plusieurs religions ont usé de cette hiérarchie dans le passé. 

Dans la France du 21ème siècle, seuls les tenants de l’islam radical s’enfoncent dans cette voie totalitaire. Ils sont loin d’être marginaux.

Selon une étude de l’Institut Montaigne de 2016, 32% des musulmans jugent la charia plus importante que la loi de la République.

D'après une autre étude du CNRS de 2017, 32% des lycéens musulmans pensent qu’il n’existe qu’une seule vraie religion et que la religion a raison contre la science.

L’absolutisme prospère en même temps que le relativisme, c’est cette idée que tout se vaut et que tout peut être mis sur le même plan, le vrai et le faux, le bien et le mal, la civilisation et le cannibalisme si je me réfère à une formule du philosophe Léo Strauss.

Dans sa version douce, le relativisme accueille tous les points de vue, sans hiérarchie, et se complaît dans la polémique.

Nous en avons vécu un épisode nauséabond avec le projet de Gallimard de publier trois textes antisémites de Céline comme des « Ecrits polémiques », comme si la diffusion de textes haineux, cause de tant de morts, était juste un sujet de polémique.

Nous pensions le projet enterré. Mais Antoine Gallimard déclare ne pas avoir renoncé à la réédition de ces bréviaires de la haine. Je l’appelle à nouveau à abandonner ce projet porteur d’une insupportable incitation à la haine antisémite et raciste.

Dans sa version dure, le relativisme dévoie la liberté d’expression et la liberté religieuse pour faire une place à des discours extrémistes ou fanatiques ou à des thèses contraires à la science ou à la démocratie.

C’est à force de relativiser et de tout mettre sur le même plan que la société française s’est divisée en janvier dernier, au moment de commémorer l’attentat contre Charlie Hebdo.

C’est dans ce mauvais climat que l’antisémitisme prospère dans notre pays.

Plusieurs analyses lui ont été consacrées. Elles dessinent, toutes, un étau.

Nous, Français juifs, sommes à l’intérieur de cet étau qui nous écrase et qui nous fait mal.

Oui, ça fait mal quand nous sommes pris entre l’antisémitisme traditionnel surreprésenté à l’extrême-droite et l’antisémitisme antisioniste surreprésenté à l’extrême-gauche,

Quand nous sommes coincés entre l’antisémitisme musulman très présent chez les 15 à 25 ans et le statut de cible privilégiée pour les terroristes islamistes.

Dans la France du 21ème siècle, l’antisémitisme a déjà tué au moins à quatre reprises, en 2017, en 2015, en 2012 et en 2006.

Dans cette France qui aujourd’hui va mieux, l’antisémitisme est toujours la cause de tellement de violences. Quelques-unes frappent les esprits.

Ainsi, à Livry-Gargan, en septembre 2017, la famille Pinto est séquestrée et molestée parce qu’elle est juive et qu’elle a donc forcément de l’argent.

Ou encore, à Sarcelles, en janvier 2018, une jeune fille de 15 ans portant l’uniforme d’une école juive est agressée, et en février, un jeune garçon de 8 ans portant la kippa est attaqué par deux jeunes d'une quinzaine d'années, et la semaine dernière encore un jeune garçon de 14 ans frappé et insulté en sortant de la synagogue à Montmagny.

Ces violences sont la partie immergée de l’antisémitisme du quotidien.

Je veux terminer ce discours en évoquant la vie et le désarroi de ceux qui le subissent.

Ils habitent certains quartiers de Stains, La Courneuve, Romainville, Aulnay, Bondy, Saint Denis, Créteil, mais aussi Paris, Marseille, Villeurbanne, Bron ou Lyon.

Certains reçoivent des menaces et des balles de kalachnikov dans leurs boites aux lettres.

D’autres trouvent des tags menaçants sur leurs voitures, sur les murs de leurs maisons ou de leurs magasins ou sur les murs de leur synagogue.

Les textes se passent de commentaire « à mort les Juifs, Allah Akbar boum boum, je vais vous tuer ». Parfois illustrés de croix gammées.

Des regards pleins d'hostilité les agressent dans les cages d’escalier.

On arrache leurs mezouzot, ces boitiers accrochés aux frontons des portes et renfermant des versets de la Thora.

Ils portent plainte parfois, pas toujours parce que ces menaces sont quotidiennes ou parce qu’ils ont perdu tout espoir.

Il arrive aussi que la police n’y voie pas d’antisémitisme. On entend que parfois elle leur délivrerait ce terrible conseil : « ils vous ont repérés, partez ». Leur choix est limité : partir, fuir, mais encore faut-il en avoir les moyens, ou endurer et souffrir.

Dans la France de 2018, pas si loin d’ici, des Français juifs vivent aux aguets, la peur au ventre pour eux et pour leurs enfants. C'est inacceptable !

Contre l’antisémitisme du quotidien, nous demandons une politique de tolérance zéro avec des sanctions exemplaires et dissuasives.

Il y a, ici, quelque chose qui ne tourne pas rond et qui va au-delà du seul destin des Français juifs. Oui, quelque chose ne tourne pas rond lorsqu’après des menaces et des violences, la victime n'a pour seule solution que se retirer, s’effacer et partir, comme si son harcèlement était justifié. Quelque chose ne tourne pas rond lorsqu’on renonce à traiter le problème et que l’on essaie seulement d’en traiter la conséquence.

Lorsqu’on parle de vivre-ensemble et de diversité, mais que l’on ne fait rien pour empêcher leur recul dans les banlieues.

Lorsqu’on laisse faire la délinquance, le clientélisme et le communautarisme, ces portes ouvertes à tous les extrémismes, politiques et religieux.

Monsieur le Président de la République, il est grand temps de restaurer l’autorité de l’Etat partout en France.

Il est grand temps de sortir des négations du réel et de mettre fin à l’impunité sur Internet.

Il est grand temps de rejeter l’absolutisme et de remplacer le relativisme par un projet fédérateur, porteur d’unité et de cohésion.

Ce ne sont pas des actions partisanes. C’est un combat sur plusieurs terrains : la sécurité, l’éducation, Internet, la laïcité, le vivre-ensemble, mais aussi le terrain des idées. Ce n’est pas un combat pour les seuls Français juifs, c’est un combat pour tous les Français. C’est un combat pour notre pays, pour son avenir et pour celui de nos enfants.

Dans ce combat, Monsieur le Président de la République, nous, Français juifs, serons toujours à vos côtés.

Parce que nous aimons la France et parce que nous y avons nos racines,

Parce que nous savons ce que la France nous a donné et ce qu’elle donne à tous ses enfants.

Parce que nous voulons pour nos enfants un futur désirable en France, sous le triple signe de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.

J’ai confiance dans le succès de notre combat parce que, tous ensemble, nous faisons la France et que tous ensemble nous sommes la France.

Vive la République, vive la France.