Les opinions à l’égard du terrorisme, de la crise économique, de l’immigration, de l’insécurité, du racisme et de l’antisémitisme.

28 May 2015 | 1422 vue(s)
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France

La semaine dernière, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) proposait dans sa newsletter et sur ses réseaux sociaux un contenu qui a fait polémique.

Mon discours prononcé au dîner du Crif Grenoble-Dauphiné, le 22 octobre 2017.

Mon discours à la cérémonie d'hommage aux Juifs engagés volontaires qui s'est tenue le 15 octobre 2017 au cimétière de Bagneux.

Dans ce courrier, j'ai félicité Audrey Azoulay pour son élection. J'ai également attiré son attention sur les positions récentes de l'Unesco sur Jérusalem et commente les relations passées de l'organisation avec le Crif.

Mardi 10 octobre 2017, j'ai été reçu par le Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères pour un long tour d'horizon.

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20 September 2017
Catégorie : France

Il y a 76 ans, le 15 décembre 1941, 69 hommes ont été fusillés au Fort du Mont Valérien à Suresnes, dans les Hauts de Seine par les autorités d’occupations allemandes. Ces hommes, français et étrangers, furent arrêtés par les forces de polices françaises de la Préfecture de police du département de la Seine (à l’époque).

Je vais vous raconter l’histoire de Moritz Singer, mon oncle, le frère de ma mère, un de ces fusillés.

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

"Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe…"
 

 

Pages

Marc Knobel livre une analyse de l'opinion publique à l'égard de l'antisémitisme et d'autres sujets (avant et après les attentats de Janvier 2015).

Depuis l’année 1990 et comme par le passé, la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) et le Service d’Information du Gouvernement ont choisi la technique du sondage pour évaluer l’opinion publique. Ce sondage offre un véritable baromètre sur les opinions à l’égard du racisme et des discriminations. Cette année, l’étude quantitative a été confiée à l’institut BVA qui a réalisé un sondage du 3 au 17 novembre 2014. L’intérêt du sondage de la CNCDH tient aussi à son effet « barométrique », permettant de mettre en perspective les résultats avec ceux des années précédentes et d’offrir ainsi au lecteur un tableau de comparaison. D’autres indicateurs permettent de mesurer ce qu’il en est de l’inquiétude de nos compatriotes par rapport au terrorisme et à la crise économique. Nous disposons à cet égard de récents sondages qui ont été réalisés par le Centre de recherches politiques, le CEVIPOF (décembre 2014 – février 2015). Dans un premier temps, nous exploiterons donc quelques indicateurs (CNCDH). Puis, succinctement, nous nous demanderons également ce qu’il en a été de l’impact des attentats de janvier 2015, dans l’opinion publique, en France ? Enfin, nous nous pencherons (et là encore succinctement) sur le racisme et l’antisémitisme. Pour approfondir la question, nous renvoyons nos lecteurs aux travaux de la CNCDH et du CEVIPOF.

Un sondage de la CNCDH

L’étude quantitative menée par l’Institut BVA pour le compte de la CNCDH, nous offre quelques précieux (et nombreux) indicateurs. Dans cet article, une question retient toute notre attention :
« Pouvez-vous me dire quelles sont vos principales craintes pour la société française ? En premier ? » Suit une base et une liste.

- le chômage (57%) 

la crise économique (54%) 

la pauvreté (38%) 

l’insécurité (38%) 

le terrorisme (30%) 

l’immigration (15,8%) 

- l’intégrisme religieux (14,6%)

- la perte d’identité de la France (11,9%) 

le racisme (9,7%) 

- la pollution (9,6%) 

- la corruption et les affaires (9,1%)

- la drogue (7,0%)

- la mondialisation (6,1%) 

l’antisémitisme (2,3%)

- aucune (2,2%).

Lorsqu’un sondage porte sur les craintes exprimées par nos compatriotes, il nous paraît particulièrement évident et totalement compréhensible que les Français disent avoir peur avant tout du chômage, de la situation économique, de la pauvreté ou de l’insécurité. A noter cependant un net recul des craintes liées au chômage (-11 points par rapport 2013) et l’insécurité (-3 points par rapport à 2013). Ce recul substantiel des criantes liées à la précarité (chômage…) s’accompagne dans le même temps d’une forte progression des inquiétudes liées au terrorisme (30%). En cause probablement, le contexte actuel et les attentats qui ont marqué l’opinion publique, ces derniers mois.

Le terrorisme, crise économique, immigration et l’état de l’opinion publique

D’autres indicateurs permettent de mesurer ce qu’il en est de l’inquiétude de nos compatriotes par rapport au terrorisme et à la crise économique. Nous disposons à cet égard des sondages qui ont été réalisés par le Centre de recherches politiques, le CEVIPOF. En l’occurrence, il s’agit de deux sondages : TNS Sofres Cevipof - LIEPP - du 5 au 15 décembre 2014 et celui 30 janvier au 9 février 2015[1].

Examinons ce qu’il en est des préoccupations de nos compatriotes.

1) Il n’y a guère que 40% des Français à avoir confiance dans les instances nationales (Elysée, Assemblée nationale), quand près des deux-tiers applaudissent les élus locaux.

2) Cependant, 91% des sondés plébiscitent la démocratie, attaquée dans ses fondements par le terrorisme. 

3) Mais, seuls 4 Français sur 10 considèrent qu’il (le système démocratique) fonctionne bien.

4) En quoi les Français ont-ils donc confiance ?

- Petites et moyennes entreprises.

- Armée.

- Hôpitaux et police.

En queue de peloton :

-          les banques,

-          les médias,

-          les syndicats.

-          Les bons derniers : les partis politiques.

5) De fait et selon les dits sondages, les Français veulent un homme providentiel (fort) gouvernant à coups de référendums.

6)15% des Français verraient d’un bon œil que l’armée prenne le pouvoir en France.

7) Poursuivons et dans le même ordre d’idée : 50% des Français veulent rétablir la peine de mort.

8) De fait, la principale leçon (des sondages) est incontournable : la France de l’après Charlie est inquiète, méfiante, angoissée. Pour 50% des Français, la France doit se protéger d’avantage du monde d’aujourd’hui contre 18% (ni l’un, ni l’autre : 31%).

9) Cette tentation du repli explique en partie les résultats de Marine Le Pen. Les Français sont de plus en plus nombreux à souscrire à quelques-unes des idées maîtresses de Marine Le Pen.

10) A côté du chômage, ce sont l’insécurité, en augmentation de 13 points, et l’immigration qui sont les plus citées parmi les deux problèmes les plus importants pour la France en février 2015.

11) C’est ainsi que 69% des Français considèrent qu’il y a trop d’immigrés en France (97% chez les électeurs FN, 87 chez ceux de l’UMP).

12) 40% des Français estiment que les enfants d’immigrés nés en France ne sont pas vraiment français.

13) Or, sur les enjeux de sécurité et d’immigration, moins de 10 % des répondants considèrent le PS comme le plus à apte à s’occuper du problème, loin derrière le Front national.

14) Le rejet des musulmans progresse fortement : il n’y a plus que 68% des personnes interrogées pour juger que les Français musulmans sont « des Français comme les autres ».

15) Cependant, 64% des personnes interrogées considèrent que « les islamistes radicaux ne représentent qu’une petite minorité des musulmans ». Toutefois, un tiers des sondés estiment le contraire. (fort clivage droite/gauche).

16) En outre, il convient également de noter l’irruption du thème de l’irrespect de la laïcité ainsi que la très forte croissance des citations de l’islam et des musulmans parmi les deux problèmes les plus importants (5 %).

17) Au-delà de l’importance, les attentats de janvier 2015 ont aussi généré une évolution significative en faveur d’attitudes plus sécuritaires quelle que soit la position politique. Cependant, c’est également au sein de l’électorat de gauche que l’évolution en faveur d’une politique plus répressive apparaît comme la plus forte.

Qu’en est-il par contre du racisme et de l’antisémitisme ?

Revenons au sondage BVA (CNCDH) et livrons quelques résultats de ce sondage en les comparants à d’autres.

1)      La crainte liée au racisme :

Novembre 2014

 

2007

 2006

 2005

 2004

 2003

 2002

9,7%

11%

16%

16%

23%

17%

19%

Concernant cependant la question du niveau du racisme en France, la CNCDH précise que les chiffres sont très proches de ceux observés ces dernières années : 86% des personnes interrogées estiment que le racisme est répandu contre 84% l’année dernière. Parmi eux, 26% le considèrent comme très répandu, contre 24% en 2013. Ces résultats, qui s’inscrivent dans une tendance à la hausse depuis 2012 sont particulièrement portés par les sympathisants de la droite (32%, dont 42% FN considèrent que le racisme est très répandu vs 29% pour les sympathisants de la gauche).

 

2)      Quelles sont, à votre avis, les principales victimes du racisme en France ?

Cette question est intéressante à plus d’un titre puisque l’on sonde ici nos compatriotes et que comprend plusieurs bases/catégories. Elles sont très nombreuses :

- les « Arabes »

- les « Maghrébins »

- les « Musulmans »

- les « Nord-Africains » et les personnes d’Afrique 

- les « Algériens »

- les « Marocains » 

- les « islamistes » 

- les « étrangers, personnes d’origine étrangère » 

- les personnes d’une « autre couleur de peau » 

- les « immigrés » 

- les « Noirs »

- les « Africains » 

- les « Blacks » 

- les « Tziganes », « les Roms », les « gens du voyage »

- les « Français »

- les « Juifs »

- les personnes d’autres « religions »

- les Asiatiques, les Chinois

- les Européens des pays de l’Est

- les « enfants d’immigrés »/ de « la 2e génération »

- les personnes d’autres cultures

- Autre minorité ethnique ou nationale

- Racisme dans les deux sens/inversé/ de la part des populations généralement discriminés

- La part des populations généralement discriminés

- les « Turcs »

- les personnes d’autres « races » (sp)

- Tous « ceux qui ne sont pas français »  

Comme nous ne pouvons ici revenir sur la totalité de ces catégories (dont quelques-unes sont par ailleurs très subjectives), nous avons choisi de parler plus précisément des catégories suivantes :

Les « Nord/africains, musulmans » :

Novembre 2014

 2007

 2006

2005

 2004

2003

 2002

47,1%

48%

47%

42%

46%

47%

39%

Les « Arabes » :

Novembre 2014

 2007

 2006

2005

2004

 2003

 2002

24,2%

25%

25%

25%

21%

20%

16%

Les « Maghrébins » :

Novembre 2014

 2007

2006

2005

2004

2003

2002

24,2%

13%

14%

10%

17%

15%

15%

Les « Musulmans » :

Novembre 2014

2007

 2006

2005

2004

2003

2002

10%

6%

6%

3%

6%

8%

6%

Les « Africains/Noirs » :

Novembre 2008

2007

2006

2005

2004

2003

2002

24,6%

26%

24%

16%

24%

20%

17%

Les « Etrangers/immigrés » (sans précision) :

Novembre 2014

2007

2006

2005

2004

2003

2002

30,5%

27%

26%

25%

19%

17%

23%

Les « Français » :

Novembre 2014

2007

2006

2005

2004

2003

2002

13,2%

8%

7%

12%

6%

10%

10%

Les « Juifs » :

Novembre 2014

2007

2006

2005

2004

2003

2002

9,7%

5%

7%

6%

15%

13%

5%

De fait, les Nord-Africains et les musulmans demeurent les principales victimes de racisme en France, selon les personnes interrogées, tout au long de ces dernières années. Viennent ensuite les étrangers/les immigrés sans précision, les Africains/les Noirs, les Tziganes/Roms/gens du voyage. En outre, 13% des personnes interrogées estiment que ce sont les Français qui sont à l’heure actuelle les principales victimes de racisme, rapporte la CNCDH. Viennent ensuite, loin derrière,  les « juifs ».

L’antisémitisme ?

Dans le détail du sondage publié par la CNCDH, on s'aperçoit que la minorité juive est la mieux acceptée, « avec un indice frôlant les 80, supérieur de 6 points à celui des noirs, de 17 points à celui des maghrébins et de 26 à celui des musulmans ». Ce point est d’importance.

Les stéréotypes et les actes :

Cependant, n’entendons-nous pas ici ou là qu’ils « ont trop de pouvoir», qu’ils « aiment l’argent», «qu’ils trustent les médias»… De vieux stéréotypes antisémites qui n’ont pas perdu de leur vigueur, selon le rapport annuel la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH). « C’est paradoxal: alors que la communauté juive est la minorité la mieux acceptée dans la société française, on assiste à une résurgence des préjugés la concernant », constate et commente Christine Lazerges, présidente de la CNCDH (La Vie, 10 avril, 2015).

Stéréotypes ?

1) 37% des sondés estiment «qu’ils ont trop de pouvoir en France» (+3%),

2) 56% qu’Israël compte plus pour eux que la France (+5%),

3) 25,5% qu’on parle trop de la Shoah...

Au-delà des clichés, ajoutons la permanence des actes antisémites et leur extrême gravité. Il convient à cet égard de rappeler certaines statistiques qui émanent du Service de Protection de la Communauté Juive (SPCJ) et du Ministère de l’Intérieur (source : « Rapport sur l’antisémitisme en France » en 2014 », du SPCJ) :

1) En 2014, le nombre d’actes antisémites recensés sur le territoire français a doublé. Il est de 851, contre 423 en 2013. Cela représente une augmentation de 101%.

2) 51% des actes racistes commis en France en 2014 sont dirigés contre des Juifs alors que les Juifs représentent un peu moins de 1% de la population française. Moins de 1% des citoyens du pays est la cible de la moitié des actes racistes commis en France.

3) La hausse de 30% des actes racistes commis en France en 2014 comparativement à 2013 est constituée exclusivement par la hausse des actes antisémites. En effet, les actes racistes, hors actes antisémites, recensés en 2014 sont en recul de 5% comparativement à 2013.

4) En 2014, les actions violentes antisémites ont augmenté de 130% comparativement à 2013. Le nombre d’actions violentes antisémites en 2014 est de 241, contre 105 en 2013.

5) En 2014, les menaces antisémites ont augmenté de 92% comparativement à 2013. Le nombre de menaces antisémites en 2014 est de 610 contre 318 en 2013.

Malgré tout, seuls 9,7% de nos compatriotes perçoivent en novembre 2014 que les Juifs sont les victimes (ou les principales victimes) du racisme…

Mais, au-delà, combien sont-ils probablement à considérer que les seules victimes du racisme, de la xénophobie et de l’antisémitisme ne sont finalement que ceux qui le subissent directement (les arabes, les noirs, les juifs, etc…), et non l’ensemble de notre société. En ce cas, ne devrions-nous pas rappeler que les valeurs républicaines, le tissu social, la cohésion nationale est bien mise à mal, lorsque des gens sont stigmatisés en raison de leur appartenance à une religion, à une « race », à une nationalité et lorsqu’ils sont victimes de préjugés et de stéréotypes ?

Lourde tâche que de réveiller les consciences…

Note : 
1 : Nous renvoyons à ce sujet à la note n° 262 de Sylvain Brouard, Martial Foucault, « Après l’événement, l’impact des attentats de janvier 2015 sur l’opinion », Fondation Jean-Jaurès - 14 avril 2015. Voir aussi Béatrice Houchard, « Un Français sur deux en attente d'un «homme fort» », l’Opinion, 3 mars 2015 et Alexandre Giuglaris, « La moitié des Français favorable à la peine de mort : un bilan accablant pour Taubira », Le Figaro, 27 février 2015. A consulter également : Maxime Bourdeau, « Peine de mort : Les Français favorables au rétablissement de la peine capitale à 52% », Le Huffington Post, - mai 2015. Voir également le lien suivant :

http://www.tns-sofres.com/sites/default/files/2015.03.16-baro-dynamiques...)