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Publié le 18 Septembre 2014

Comment on fabrique un djihadiste

Par Tahar Ben Jelloun, écrivain et poète marocain, publié dans le Point le 18 septembre 2014

Certains considèrent que ce qu'on appelle déjà la "Troisième guerre d'Irak" est "absurde" et "inutile". Peut-être. Il est vrai que le réveil de l'Amérique et de l'Europe est tardif, que le fait de bombarder des blindés appartenant à des mercenaires fanatisés ne va pas éradiquer un califat autoproclamé dont les racines viennent de très loin. Combattre les gens de Daech - l'État islamique en arabe - est plus que nécessaire. Je me demande pourquoi les États du Golfe ne participent pas militairement à cette lutte. Ils auraient dû le faire ne serait-ce que pour se faire pardonner le fait d'avoir aidé et financé de manière privée ou officieuse certains combattants au nom de l'islam.

La France a peur du retour de ceux qui se sont engagés en Syrie et en Irak aux côtés des djihadistes dont la haine de l'Occident n'a d'égal que leur détermination à imposer un "État islamique" partout où leur fureur parvient à s'installer.

Comment faire la chasse aux "contaminés du djihad" ? Il faudra d'abord les repérer, les connaître et pouvoir les arrêter, les inculper et les juger. Et puis après ? En aura-t-on fini avec cette aberration née sur le sol français ? Rien n'est moins sûr. Certains politiques demandent à ce qu'on leur retire la nationalité française. Non seulement cela n'est pas facile, mais ne résoudrait pas le problème. Des "fous de Dieu", il y en aura toujours.

L'ignorance et la mauvaise foi

La tête du jeune Français d'origine immigrée ou récemment converti qui, tenté par l'aventure du djihad, fait le pas de suivre un recruteur au point de se retrouver dans un territoire où l'instinct de vie a été remplacé par celui de la mort, la mort donnée et la mort acceptée, cette tête-là souffrait d'un vide sidéral doublé d'une perturbation sérieuse. Un vide qui a été vite rempli par tout ce dont il rêvait : avoir une identité, pouvoir la consolider sur le terrain, avoir des repères spirituels, idéologiques, donner un sens à sa vie même s'il est disposé à la perdre dans le combat et retourner "au pays des mécréants" faire le malheur de ceux qui ne pensent pas comme lui, ceux qu'on lui a appris à haïr au point de trouver leur disparition nécessaire, normale. C'est la tête de Mohamed Merah, c'est aussi celle de Mehdi Nemmouche.

Traquer ce genre d'individus rassurera quelques citoyens. Mais le fond du problème restera intact. Émile Cioran disait que c'est tout à fait naturel que la jeunesse soit attirée par les idées radicales et tombe dans le fanatisme (lui-même n'y a pas échappé). Les convertis sont connus pour en rajouter. Mais que dire de ceux qui sont nés dans un milieu musulman où les parents pratiquent un islam tranquille, modéré et paisible ? Ce sont souvent des victimes qui ont fait de mauvaises rencontres et qui suivent ces prétendus imams qui les dirigent ensuite vers l'aventure djihadiste en utilisant des arguments puisés dans l'ignorance et la mauvaise foi (sur le drapeau noir de cette armée est écrit en arabe "Allah Messager Mohamed", ce qui est aussi incorrect en arabe qu'en Français). 

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Publié le 18 Septembre 2014

Le rejet de l'autre nous concerne tous: passons aux actes

Par Aya Cissoko, écrivaine franco-malienne, publié dans le Huffington Post le 17 septembre 2014

Une journée caniculaire. Je rentre dans une librairie.

- Qu'est-ce qu'il fait chaud !

- Vous devriez pourtant avoir l'habitude dans votre pays.

Une salle d'attende d'un laboratoire d'analyse. Je relis Vingt-quatre heures de la vie d'une femme de Stephan Zweig.

- Vous lisez ça?

Dans un bus. Un homme se lève de son siège. Une femme noire prend la place. Se rendant compte qu'il n'en descend pas, elle lui propose de lui rendre son siège. La dame qui accompagne l'homme :

- On appelle ça la politesse chez nous !

Notre degré d'intimité zéro et une certaine lassitude me décourage à répondre à mes interlocutrices :

- Je suis née à Ménilmontant et je ne suis jamais allée en Afrique.

- J'aime Stefan Zweig, Romain Gary et Amadou Hampâté Bâ.

- Vous aurez l'hospice en guise de respect. Les Blancs ne s'occupent pas de leurs « vieux ».

Je m'amuse moi aussi des clichés. Mais les attaques ou remarques, quand elles émanent d'inconnu et que leur rythme s'accélère, deviennent blessantes, humiliantes, douloureuses.

Ceci étant dit, loin de moi l'idée de faire le procès d'un racisme uniquement blanc. Le rejet de l'autre nous concerne tous. « On est toujours le raciste de quelqu'un. » Ma mère me disait souvent : « Les blancs, ils sont pas comme nous ! »

L'identité se construit dans l'altérité. Le danger advient quand on définit, classifie, hiérarchise les individus selon des critères qui leurs seraient intrinsèques, dans le but de justifier la haine de l'autre, sa stigmatisation, son rejet. Non, les arabes ne sont pas tous des voleurs. Non, les Roms ne sont pas tous des mendiants. Non, les noirs ne sont pas tous fainéants. Non, les juifs ne sont pas tous riches. Oui, les blancs ne sont pas tous racistes.

Je suis inquiète. Les racistes, antisémites, extrémistes gagnent du terrain.

Les responsables politiques des grands partis traditionnels semblent avoir renoncer à être les garants des fondements de notre République « une et indivisible ». Ils et elles désignent des boucs émissaires. Ils et elles n'hésitent pas à cliver, favoriser, discréditer des groupes, une communauté, une religion pour nous détourner de leurs manquements. Ils et elles ont participé à libérer la parole raciste… Lire la suite.

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Publié le 17 Septembre 2014

Échaudées, les religions défendent le statu quo

Par Jean-Marie Guénois, publié dans le Figaro le 16 septembre 2014

Les religions ne demandent rien. L'Église catholique voit toutes ses grandes fêtes, et leur lendemain à Pâques et Pentecôte, gratifiées d'un jour férié. Quant aux Juifs et aux Musulmans, ils ne bénéficient pas de jours chômés pour leurs fêtes, mais ils n'attendent rien.

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Publié le 16 Septembre 2014

La Grande Peur des Juifs de France

Par Bernard-Henri Lévy, publié dans la Règle du Jeu le 16 septembre 2014

Les Juifs de France en ont assez.

Assez de ces métros où il devient périlleux de porter une kippa.

Assez de ces écoles de la République où être un enfant juif vaut brimades à la sortie des classes.

Assez de la France des amateurs de quenelle dont les meetings sont autant d’appels à la détestation des Juifs.

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Publié le 15 Septembre 2014

Lutter contre le terrorisme, c'est lutter pour notre liberté

Huffington Post

Publié le 15/09/2014  

 

Par Sébastien Piétrasanta

Député PS des Hauts-de-Seine, membre de la Commission des lois, rapporteur du projet de loi sur l’antiterrorisme

 

Près de 1000 individus de nationalité française ou résidant en France sont impliqués dans le djihad en Syrie ou en Irak. 350 combattants sur place, 200 revenus de Syrie, des velléités de départs de plus en plus nombreuses... Des femmes, des mineurs, des individus provenant de tous les milieux sociaux, 75 départements français concernés, ce phénomène de départ au djihad est sans précédent par son ampleur et par sa dangerosité. La France est malheureusement devenue le premier pays occidental pourvoyeur d'apprentis djihadistes.

 

L'actualité de cet été a montré à la face du monde la barbarie, l'horreur de l'Etat Islamique, principal réceptacle des djihadistes. Participer aux décapitations, aux tortures, aux crucifixions... et désormais combattre au sein d'une katibat francophone, tel est le lot quotidien de ces centaines de ressortissants français. La France n'avait pas le droit de fermer les yeux et de croiser les bras. Il en va de la protection de la France et de nos libertés.

 

Le projet de loi de lutte contre le terrorisme présenté par Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur repose sur la nécessaire adaptation de notre législation pour préserver la sécurité de notre pays et nos libertés fondamentales.

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Publié le 15 Septembre 2014

Lutter contre le terrorisme, c'est lutter pour notre liberté

Huffington Post

Publié le 15/09/2014  

 

Par Sébastien Piétrasanta

Député PS des Hauts-de-Seine, membre de la Commission des lois, rapporteur du projet de loi sur l’antiterrorisme

 

Près de 1000 individus de nationalité française ou résidant en France sont impliqués dans le djihad en Syrie ou en Irak. 350 combattants sur place, 200 revenus de Syrie, des velléités de départs de plus en plus nombreuses... Des femmes, des mineurs, des individus provenant de tous les milieux sociaux, 75 départements français concernés, ce phénomène de départ au djihad est sans précédent par son ampleur et par sa dangerosité. La France est malheureusement devenue le premier pays occidental pourvoyeur d'apprentis djihadistes.

L'actualité de cet été a montré à la face du monde la barbarie, l'horreur de l'Etat Islamique, principal réceptacle des djihadistes. Participer aux décapitations, aux tortures, aux crucifixions... et désormais combattre au sein d'une katibat francophone, tel est le lot quotidien de ces centaines de ressortissants français. La France n'avait pas le droit de fermer les yeux et de croiser les bras. Il en va de la protection de la France et de nos libertés.

Le projet de loi de lutte contre le terrorisme présenté par Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur repose sur la nécessaire adaptation de notre législation pour préserver la sécurité de notre pays et nos libertés fondamentales.

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Publié le 11 Septembre 2014

Hymne à l’Europe de Bernard-Henri Lévy

Par Michaël de Saint-Cheron

Servi par un époustouflant Jacques Weber, Bernard-Henri Lévy peut se sentir heureux et soulagé après la première de sa pièce « Hôtel Europe », au théâtre de l’Atelier, à Montmartre. La salle a salué debout la performance de l’acteur et le texte du philosophe-écrivain-homme -d’action. L’histoire : celui-là même qui écrit, se retrouve dans une chambre d’hôtel à Sarajevo, seul, deux heures avant de prononcer un discours sur l’Europe. Jacques Weber, dans ce huis-clos, ce monologue qui fait danser les siècles, à la Hugo, à la Malraux, à la Byron, en appelle aux plus grands de la culture, ceux qui firent l’Europe de l’intelligence, de l’art, de la création, pour mieux répondre à tous ceux qui de Bruxelles ou d’ailleurs n’en font plus qu’une im-puissance financière, incapable de se retrouver sur des valeurs et des combats communs.

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Publié le 10 Septembre 2014

Montée des discriminations : soyons vigilants !

Par Benoît Le Bars, publié sur Jeune Afrique le 9 septembre 2014

La montée de l’intolérance et du rejet des différences observée ces derniers mois ne cesse d’inquiéter les défenseurs des droits inaliénables de l’homme, d’autant que ses nouvelles formes d’expression soulignent les faiblesses de notre arsenal juridique.

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Publié le 10 Septembre 2014

Notre combat contre la barbarie de l’Etat islamique

Par Freddy Eytan publié sur le site du CAPE de Jérusalem le 9 septembre 2014

Depuis plusieurs décennies Israël alerte les pays occidentaux sur le fléau du terrorisme international. Dans les années 1970, durant la crise énergétique mondiale, nous avons enregistré de nombreux attentats, des prises d’otages et des détournements d’avion perpétrés en Europe et dans notre région par des bandes de terroristes palestiniens en connivence avec des groupes anarchistes et révolutionnaires venus d’Allemagne, de France, d’Italie et même du Japon. Nos avertissements et nos cris d’alarme n’avaient pas été entendus. 

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Publié le 10 Septembre 2014

Manifs pro palestiniennes interdites de Paris. Qui tire les ficelles ?

Par Marc Knobel, Chercheur et Directeur des Etudes du CRIF, publié dans le Times of Israel le 10 septembre 2014

Samedi 19 juillet 2014. Interdite la veille par la préfecture de police de Paris, une manifestation pro palestinienne se tient d’abord dans le calme mais lorsque le cortège commence à remonter le boulevard Barbès vers le métro Château rouge, elle tourne aussitôt à l’affrontement.

C’est alors qu’une centaine de personnes s’en prenne sauvagement aux CRS et aux gendarmes mobiles  avec des jets de pierres et bouteilles, chaises, pavés, et même avec le revêtement de la chaussée.

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Fil d’actualité

Frédéric Encel : «Dans tous les cas, Israël était perdant»

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02 Juin 2010
Après son intervention contre la flottille à destination de la bande de Gaza, Israël doit affronter la réprobation internationale. Frédéric Encel, professeur de géopolitique et spécialiste d'Israël (son dernier ouvrage s'intitule « Horizons géopolitiques », publié au Seuil), décrypte les conséquences de cette intervention militaire pour l'État hébreu.

David Chemla : «Les Israéliens sont tombés dans un piège tendu par le Hamas, qui a réussi son coup»

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02 Juin 2010
Pour David Chemla, président en France de La Paix Maintenant, association qui œuvre pour le dialogue entre les deux peuples, l’incident de la flottille de Gaza va brouiller encore un peu plus l'image d'Israël et "enflammer la région."

Lieberman : «Nous avons eu à faire à un gang. Leur intention était d’attaquer et de faire verser le sang»

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02 Juin 2010
« …je tiens à exprimer la douleur de la perte de vies humaines. Israël est un Etat souverain et ne peut convenir à une attaque sur sa souveraineté. Chaque Etat a le droit de vérifier tous les navires qui entrent sur son territoire, ou ayant l’intention d’entrer sur son territoire. J’ai entendu beaucoup de critiques du fait que l’opération ait eu lieu dans les eaux internationales. Je voudrais également rappeler à tous que le Karine-A [d'un navire chargé d'armes iraniennes destinées à l'Autorité palestinienne, 2002] a été arrêté dans les eaux internationales. Dès que les intentions d’un navire sont claires, et que celui-ci n’est pas disposé à écouter les mises en garde – et il y eu beaucoup d’avertissements avant que les soldats de Tsahal montent à bord - nous agissons et avons agi conformément au droit international. Ce qui est clair est que, dès le début, l’intention de ces gens – des partisans du terrorisme et non pas des combattants pour les droits de l’homme – étaient de répandre le sang et non pas d’apporter de l’aide humanitaire à Gaza.

Médecine et shoah

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01 Juin 2010
À la suite du voyage de la mémoire qui a eu lieu à Auschwitz en mars dernier, l’AMIF, en collaboration avec l’Espace Éthique de l’APHP, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et le Mémorial de la Shoah, a organisé le 20 mai 2010 un colloque sur le thème « Médecine et Shoah ».

Marc Knobel: «Les moyens de lutte contre le racisme sur Internet sont inexistants»

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01 Juin 2010
Le chercheur du CRIF, associé au Conseil consultatif des Droits de l'homme, demande la création d'un Observatoire du racisme, de l'antisémitisme et de la xénophobie sur le Web...

Shmuel Trigano : «Le temps est fini où les post-sionistes et leurs amis imposent leur version de l’histoire et de la réalité»

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31 Mai 2010
Dire que l’ « Appel à la raison » lancé par des intellectuels et politiques juifs, qui comptent dans l’espace européen, ne fait pas l’unanimité dans le monde juif relève de l’euphémisme. Il semble même avoir donné le départ à une moderne " Guerre des juifs", mais en plus frileuse, heureusement, que celle narrée en son temps par Flavius Joseph. De quoi s’agit-il ? Pour faire court, disons que les signataires de cet appel, regroupés dans Jcall, déçus par l’effondrement de la gauche israélienne, ulcérés par la non-politique de l’actuel gouvernement israélien en matière de paix, ont décidé de peser sur le cours des événements, à l’imitation du J-Street américain. Une ingérence inacceptable et contre-productive aux yeux des opposants à Jcall. Shmuel Trigano (*) est de ceux-là, sinon même leur porte-fanion, qui a réagi par l’appel " pour raison garder." Il était l’autre matin à Jérusalem.

Mati Ben Avraham : Vous voici contre-appelant, si j’ose ?

Shmuel Trigano : Tout d’abord d’affirmer une position, totalement différente de celle qui est proposée par Jcall. De proclamer aussi que ceux qui ne se rangent pas derrière la démarche de Jcall sont tout aussi beaux rôles, honorables et raisonnables que les initiateurs de cet appel. Et surtout, ce qui me semblait très important, c’était de montrer le déni de la souveraineté d’Israël inclus dans cet appel. En fait, il ne s’agit là ni plus ni moins que de placer Israël sous tutelle internationale, sous la houlette des Etats-Unis d’Obama et de l’Union européenne. C’est-à-dire de puissances dont les intérêts ne coïncident pas toujours avec ceux de l’Etat d’Israël. Ce qui m’a semblé d’autant plus inacceptable que cela revient à court-circuiter la procédure démocratique. La position de Jcall est là paradoxale : quand on se veut démocrate, la première règle est de respecter le résultat des urnes. Les électeurs israéliens se sont prononcés. S’il y a coalition, cela découle du système parlementaire israélien. On peut être ou pas d’accord avec ce système. Mais qui ne respecte pas le jeu démocratique n’est pas un démocrate.

Si je vous suis bien, la démarche Jcall vous semble s’inscrire dans le droit fil de l’Initiative de Genève ?

A mes yeux, l’initiative de Genève a été une violence symbolique et politique incroyable. Des citoyens ordinaires qui s’instituent représentants d’un Etat pour négocier avec des amis, afin de nouer des accords alors qu’il existe un gouvernement légitime, légal, c’est quand même une sorte de coup d’Etat soft. Il n’y a que par rapport à Israël que de telles choses se produisent. Derrière cette initiative, on retrouve l’Union européenne, sans omettre la Suisse. Aussi, en appeler à l’arbitrage de ces pays me semble quelque chose d’assez irresponsable. Au double plan politique et moral, justement.

Alors, “raison garder” nous amène où ?

Une précision : nous ne souhaitons pas entrer dans une controverse avec Jcall. Nous affirmons une position, qui dépasse les questions abordées car, en dernière analyse, derrière la démarche de Jcall, il y a l’expression d’une identité juive qui n’est pas la nôtre, à bien des égards. Ce que nous voulons, c’est lancer un signal. Nous ne sommes pas des politiciens, nous sommes des intellectuels. Nous sommes aussi des citoyens conscients et nous voulons affirmer nos positions de façon aussi morale, aussi raisonnable que Jcall, sinon plus. En fait, et Jcall a été l’occasion de cette affirmation, nous avons découvert que la majorité silencieuse était de nôtre côté. Nous avons recueilli des signatures du monde entier, de tous les secteurs d’opinion, 190 professeurs d’universités, 60 écrivains…Nous voulons, en fait, affirmer le récit juif sur la réalité. Je crois que le temps est fini où les post-sionistes et leurs amis imposent leur version de l’histoire et de la réalité. Une version falsifiée, à mes yeux, par rapport justement à la réalité historique. Il faut, et c’est notre volonté, restituer, rétablir le récit juif sur toute l’existence.


Moi, du haut de ma montagne judéenne, j’ai comme l’impression d’assister à un débat d’idées judéo-juif diasporique dont je ne serai que le prétexte…

Non, non. Cela ne concerne pas que la diaspora. Il en va du destin juif et non pas seulement d’Israël. Sur le plan de la réalité pratique, ce qu’il advient d’Israël a une influence directe sur les juifs dans le monde. Je vous rappelle que l’antisionisme frappe tout d’abord les juifs locaux, de toute part, depuis 50 ans. Nous ne sommes pas du tout dans cette logique " défendre Israël, le soutenir contre, etc…", non. Ce qui concerne Israël nous concerne directement. Par ailleurs, notre pétition, contrairement à Jcall est ouverte aux non-juifs, dans la mesure où tout ce qui concerne Israël est devenu un symbole qui draine d’autres questions, comme le rapport de l’Europe à l’Islam, au monde arabe. Je remarque que ce que vous dites-là, il fallait le dire à Jcall, il fallait le dire au mouvement La paix maintenant il y a trente ans qui, s’instituant le camp de la paix, a rejeté tout ce qui ne pensait pas comme lui dans le camp de la guerre, qui s’est adressé à New-York et Paris plutôt qu’à Dimona et à Tibériade. Il n’y a aucune raison que nous, qui représentons autre chose, nous nous résignons au silence. Je crois que ce temps-là est fini.

(*)Professeur à l’université Paris X-Nanterre, Shmuel Trigano est par ailleurs fondateur du Collège des Etudes juives de l’Alliance Israélite Universelle, co-fondateur avec Annie Kriegel de la revue d’études juives Pardès, fondateur également de l’Observatoire du monde juif, sans oublier, dernièrement, la revue Controverses, consacrée aux grands problèmes de notre temps. Par ailleurs, Il a notamment dirigé de grandes sommes collectives et internationales consacrées à l’histoire juive. Sa réflexion traverse plusieurs disciplines : la philosophie, la politologie, l’histoire, la sociologie, la religion, la psychanalyse, l’herméneutique.

(article publié le 31 mai 2010, sur israelvalley.com)

Photo : D.R.

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