Vous avez participé à l’élaboration du rapport de la CNCDH qui souligne une «flambée» des actes racistes et antisémites. Avez-vous observé également ce phénomène sur Internet ?
Bien sûr et il est même amplifié sur Internet. Mais il faut distinguer les contenus construits publiés (sites web d’extrême-droite ou islamistes) et le racisme ordinaire. Dans ce dernier cas, il s’agit d’internautes, qui profitent de l’anonymat permis par le Web pour exprimer leurs préjugés en se cachant derrière un pseudonyme. Parfois, ils n’ont même pas conscience que leurs propos sont réprimés par la loi.
Est-il possible aujourd’hui de lutter contre la diffusion de propos racistes et antisémites sur Internet?
C’est très difficile. Par exemple, lorsque l’on repère une vidéo négationniste et que l’on demande son retrait d’une plate-forme, on sait qu’elle réapparaît quelques heures plus tard, postée sous un autre nom. C’est la même chose pour les propos tenus sur les réseaux sociaux.
Quelles sont les mesures à prendre?
Il faut absolument que l’Etat se saisisse de cette question. Nous demandons depuis quatre ans la création d’un Observatoire du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie sur Internet, qui nous permettrait de quantifier ce phénomène. Pour l’instant, nous n’avons pas eu de réponse. Les autorités doivent aussi médiatiser les décisions de justice et montrer qu’il n’y a pas d’impunité sur Internet. Aujourd’hui, il y a la vigilance des associations, mais les pouvoirs publics doivent eux aussi prendre la part de responsabilité qui leur incombe.
(Propos recueillis par C.M. pour 20 minutes.fr)
Photo : D.R.