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Publié le 4 Août 2008

L’Iran défie une nouvelle fois l’Occident

Le Monde, dans son édition du week end du samedi 2 aout, rapporte que le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a rejeté l’ultimatum lancé le 19 juillet à Genève par le haut représentant diplomatique de l’Union européenne, Javier Solana. Celui-ci avait donné quinze jours aux négociateurs iraniens pour répondre à une proposition de coopération des Six (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne), destinée à les convaincre de renoncer à l’enrichissement d’uranium. Le quotidien estime probable un retour à la politique du bâton, pratiquée en alternance avec celle de la carotte par la communauté internationale dans ses relations avec l’Iran. Un durcissement des sanctions est actuellement à l’étude.
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Publié le 1 Août 2008

Iran : Le témoignage d’une étudiante torturée pour « dissidence »

L’hebdomadaire Valeurs Actuelles du 31 juillet 2008 consacre un article à l’auteur du livre « Prisonnière des Mollahs », Zarah Ghahramani, âgée de seulement 27 ans. La jeune femme, aujourd’hui exilée en Australie, y livre un récit émouvant des souffrances qu’elle endura pendant vingt neuf jours dans la prison d’Evin, la plus redoutée de Téhéran, pour avoir critiqué le gouvernement de la République islamique. L’hebdomadaire y décrit le livre comme étant celui d’une jeune étudiante un peu naïve mais courageuse qui subit un passage à tabac, des tortures et des humiliations. Accusée de contestation dans le cadre d’un mouvement étudiant, elle fut condamnée pour « incitation à la violence » et finit par trahir ses camarades.
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Publié le 1 Août 2008

Iran : Expiration prochaine de l’ultimatum lancée par les nations occidentales

Le site du Figaro a publié le 30 juillet 2008 un article rapportant l’inflexibilité de Téhéran dans la crise du nucléaire iranien. Alors que Les Six (Etats-Unis, Royaume Uni, France, Chine, Russie et Allemagne) viennent de formuler de nouvelles propositions, assorties d’un ultimatum qui expire samedi, à l’égard de l’Iran, le quotidien rapporte que Téhéran accepterait d'entamer des pourparlers à partir de ses propositions, mais sans répondre à l'exigence première des Occidentaux : l'arrêt des activités d'enrichissement d'uranium, un préalable pour ouvrir des négociations avec l'Iran. Il s’agirait donc de répondre oui à des négociations, mais non (au contenu de) leur offre. «La nation iranienne n'accorde aucune importance à tous ces palabres, elle va poursuivre son chemin, a déclaré Ali Khamenei, le réel détenteur du pouvoir en Iran. A un jour de la fin de l’ultimatum prévue pour samedi 2 aout, nul autre responsable que le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, n'est autorisé à s'exprimer devant la presse étrangère. «Un débat agite le sommet du régime et la moindre déclaration peut-être mal interprétée», explique un proche d'un haut dirigeant iranien.
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Publié le 30 Juillet 2008

Des experts préconisent une nouvelle orientation de la politique américaine à l’égard de l’Iran

Le Figaro du 30 juillet 2008 publie un article-compte rendu d’une conférence qui s’est déroulée il y a quelques jours au Center for Strategic and International Studies (CSIS) dans la capitale américaine. Les orateurs, Zbigniew Brzezinski et le général Brent Scowcroft, sont tous deux d’anciens conseillers pour la sécurité nationale auprès d’anciens présidents américains.
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Publié le 29 Juillet 2008

L’Iran gagne du temps et continue d’enrichir de l’uranium

Dans une analyse publiée par le quotidien Le Monde du 29 juillet 2008, Laurent Zecchini s’inquiète de l’imminence d’un possible conflit armé opposant l’Etat juif à l’Iran : « Une des facettes de la culture perse est l'art de ratiociner, d'ergoter à l'infini sur les détails sans jamais aborder le cœur du sujet. Pour gagner du temps. Ce jeu intellectuel pourrait être divertissant s'il ne s'agissait de l'horloge et de l'arme nucléaire. Bien des indices (..) incitent à penser que le risque d'une confrontation militaire avec l'Iran ne s'éloigne pas. ». Estimant que les pourparlers de Genève du 19 juillet (qui n’ont permis aucun progrès réel dans les négociations) avaient été sans surprise, le journaliste estime que le temps gagné par l’Iran ne joue pas en faveur d'Israël. « Les Israéliens sont convaincus que les Iraniens poursuivent sans relâche leur programme d'enrichissement de l'uranium et la modernisation de leur arsenal balistique. Même si on exagère la détermination politique de l'Iran à exercer des représailles contre Israël et les forces américaines dans la région, Tel-Aviv ne peut prendre à la légère le risque de déclencher un embrasement. C'est pourquoi Israël préférerait que les Etats-Unis prennent l'initiative de détruire une partie des nombreuses installations nucléaires iraniennes. ».
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Publié le 28 Juillet 2008

Iran, l’impasse dans les négociations.

L’hebdomadaire Marianne du 26 juillet ne note aucune avancée dans les négociations en cours avec l’Iran visant à lui faire stopper son programme d’enrichissement d’uranium. « D’un côté, Condoleeza Rice, lâche furax que la négociation n’a pas abouti, et donne quinze jours à l’Iran pour renoncer à l’enrichissement de l’uranium (…), de l’autre coté, Ahmadinejad, qui avait salué avec un air d’enfant de chœur les progrès notables de la rencontre de Genève, redevient malheureusement lui-même et aboie que Téhéran ne renoncera pas à un seul iota d’uranium ! ». Le journal avance plusieurs explications à cette impasse : « Lorsque la rencontre américano-persane se produit, le seul bénéficiaire médiatique ne semble pas du tout être le camp républicain et son vieux McCaine, mais bien le bel Obama ! C’est ce messie, dit-on, qui a réussi à influencer la politique étrangère américaine, bien que son pouvoir soit encore virtuel ! Les commentaires ont rendu Condi folle de rage (…), d’où son intransigeance après la rencontre de Genève ». Du côté iranien, Marianne indique qu’Ahmadinejad n’est plus du tout populaire et qu’il se produit autour de lui les mêmes luttes internes qu’autour du président américain, l’ancien négociateur iranien sur le nucléaire Ali Larijani étant sur le point de devenir le chef de l’opposition après avoir été élu au perchoir du Parlement iranien. Enfin, l’hebdomadaire ajoute que du côté israélien « le vrai ou faux virage iranien de Washington a été analysé de la façon suivante : soit l’Amérique lâche Israël et c’est insupportable, soit l’ouverture relève de la fine manœuvre. Dans ce cas, les quinze jours accordés, les dents serrées, par Condi à Téhéran ouvriraient la voie à une option armée, toutes les cartes diplomatiques ayant été épuisées».
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Publié le 28 Juillet 2008

L’actualité iranienne, entre censure, exécutions de condamnés et provocations du président Ahmadinejad.

Le Monde du 26 juillet indique que la commission de surveillance de la presse iranienne a interdit l’édition du soir du quotidien Hamshahri, officiellement après la publication par celui-ci d’informations erronées dans le but de perturber la situation économique du pays. En réalité selon le journal français, Hamshahri appartient à la mairie de Téhéran, dont le maire actuel, Mohammad Bagher Qalibaf est un candidat potentiel à l’élection présidentielle de 2009 qui a déjà par le passé critiqué l’actuel président Mahmoud Ahmadinejad.
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Publié le 25 Juillet 2008

Obama prêt à dialoguer avec Téhéran

Barack Obama et Ehud Olmert se sont longuement entretenus sur le danger iranien. Le candidat démocrate à l’élection présidentielle américaine s’est dit prêt à engager un dialogue direct avec Téhéran. "Si, après cela, ils ne présentent toujours pas la volonté de changer leur politique nucléaire, alors toute action à leur encontre serait légitime," aurait déclaré l’Américain d’après une source israélienne.
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Publié le 25 Juillet 2008

Explosion contre un convoi d’armes pour le Hezbollah

D’après une information du journal londonien, Daily Telegraph, une forte explosion a eu lieu le 19 juillet dernier dans une banlieue de Téhéran contre un convoi militaire qui devait transporter des armes afin de les fournir au Hezbollah. Au moins 15 personnes ont été tuées dans l'explosion. D’après le quotidien, les Gardiens de la Révolution iranienne ont interdit la diffusion de cette information dans les médias et ont lancé une enquête sur l'incident. Les gardiens de la révolution enquêtent sur d’autres explosions de ce genre. Une explosion a secoué une mosquée dans la ville de Chiraz, où les armes étaient stockées, tuant 11 personnes.
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Publié le 22 Juillet 2008

Un nouveau délai de quinze jours accordé à l’Iran

Le Figaro note le changement de stratégie opéré par l’administration Bush relatif au dossier iranien. Cette politique consiste à laisser un délai de quinze jours à l’Iran pour dire s’il acceptait de geler ses activités d’enrichissement d’uranium pour entamer des négociations avec le groupe des six grands pays mandatés par l’ONU (Les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Russie, la Chine et l’Allemagne). En somme, un choix entre la coopération ou l’isolement. Les Etats-Unis semblent donc avoir tourné la page de l’idéologie du « changement de régime » à Téhéran que prônait le vice-président Dick Cheney. La présence de William Burns, numéros trois du département d’Etat, aux discussions de Genève samedi, auxquelles avait également pris part le négociateur nucléaire mandaté par l’Iran, illustre ce revirement sans précédent depuis que l’Iran est soupçonné d’enrichir de l’uranium, en 2002. En réalité, il s’agit maintenant pour les pays occidentaux de proposer au pouvoir islamique l’intégration politique et économique dans la communauté internationale, notamment en mettant fin aux embargos commerciaux.
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Un militantisme » extrême : la Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP), une enquête proposée par Marc Knobel

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07 Juin 2010
Thomas Sommer Houdeville, 34 ans, cet habitant de Colomiers (dans la banlieue de Toulouse), qui se trouvait à bord d'un des bateaux arraisonnés, lundi 31 mai, par l'armée israélienne au large de Gaza, se trouve toujours actuellement à Paris où il a été rapatrié jeudi à bord d'un avion grec. « Je ne rentrerai pas en Haute-Garonne avant quelques jours. Je dois, en début de semaine, avec d'autres personnes qui faisaient partie de cette flottille, rencontrer des avocats afin de déterminer les procédures judiciaires à engager contre l'état d'Israël. Nous allons, très certainement, porter plainte pour kidnapping et vol puisque les militaires nous ont pris toutes nos affaires dont nos papiers d'identité », a fait savoir, hier à La Dépêche du 6 juin 2010, ce coordinateur de la Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (CCIPPP) qui est aussi salarié de l'ONG Focus on Global South, basée à New Delhi. Bien que « fatigué et choqué par les événements qu'il vient de vivre », le jeune homme, qui est également chercheur auprès de l'Institut Français du Proche-Orient, souhaite poursuivre son combat contre le blocus de Gaza. « Avec des organisations pro palestiniennes françaises, assure-t-il, nous travaillons déjà, soutenus par des élus et des syndicats, à l'envoi, depuis la France, d'un nouveau bateau humanitaire à Gaza ». Le militant déplore que l'Etat hébreu ait à nouveau, hier, arraisonné un bateau, le cargo irlandais Rachel Corrie.

Quelques associations pro palestiniennes sont d’un intérêt particulier. Elles collaborent étroitement avec d’autres organisations non gouvernementales, mais leur axe est plus symptomatique encore. La Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP) est née au mois d’avril 2001. Dans l’ouvrage qui a été publié par le CCIPPP (1), nous apprenons comment et pour quelles raisons l’association fut créée.

Retour sur une nébuleuse.

L’association est fondée par quelques militants de la cause palestinienne
Six amis se retrouvent dans une rame de métro et discutent de la situation qui prévaut en Israël et dans les Territoires. Ils s’appellent Nahla Chalal, universitaire et coordinatrice à Paris des différentes missions du CCIPPP, Samir Abdallah, Laurent de Wangen, Walid Charara, Youssef Boussouma et Mohamed Taleb. Ils se battent depuis des années pour la cause palestinienne et connaissent bien la région. Ils estiment que l’arrivée au pouvoir d’Ariel Sharon est une catastrophe et décident de créer une nouvelle association. Nous empruntons de leur ouvrage le passage suivant qui exprime en quelque sorte la philosophie d’action du mouvement : « Nous étions pris par un sentiment d’urgence. Ce n’est plus l’apartheid qu’il faut combattre, mais des massacres qu’il faut prévenir. Que faire ? Nous regardons le mouvement antiglobalisation se développer à grande vitesse, en nous disant qu’il faut inventer une nouvelle forme d’action : la société civile déborde les Etats, les partis, les organisations traditionnelles. Il fallait articuler ce mouvement avec le problème palestinien. L’urgence nous a donné un slogan : il faut mettre en place une forte protection pour les gens de Palestine. C’est un peuple en danger de mort qu’il s’agit. Comme au Tibet ou en Bosnie. Seule une intervention internationale peut empêcher l’inéluctable. Puisque aucun gouvernement, qu’il soit américain, européen ou arabe n’en est capable, puisque ni les ONG ni l’humanitaire ne s’en occupent plus, puisque la société civile israélienne est tétanisée, alors il ne reste plus qu’à en appeler aux gens ordinaires, aux citoyens, et d’abord à ceux qui se retrouvent dans la rue depuis Seattle. »

De l’utilisation propagandiste du concept d’apartheid ou de la soi-disant « mort programmée du peuple palestinien ». Quelques commentaires.
Ce passage mérite quelques observations. Lorsqu’elle scrute les événements qui surviennent dans la région et observe ce que peut être l’attitude d’Israël est très catégorique. Nahla Chalal pose un postulat de départ : Israël pratique l’apartheid. Une présentation aussi tendancieuse prêterait à sourire, si elle n’était devenue le mot d’ordre façonné, fabriqué, obligé et parfaitement articulé entre toutes les ONG et associations pro palestiniennes européennes et américaines. Toutes ces associations utilisent une terminologie sciemment adaptée pour diaboliser complètement Israël, le mettre au ban des nations et faire de cet Etat une nouvelle Afrique du Sud. De toute évidence, les associations pro palestiniennes raffolent de ce genre de vocables et de comparaison(s), tant elles aiment utiliser mots et concepts qui catégorisent le conflit ou l’Etat d’Israël.

Comme une sorte de miroir inversé et de reflet de l’histoire, l’israélien est assimilé au raciste sud africain et quelque fois au nazi. Mais, Nahla Chalal va plus loin encore. Que dit-elle ? « Ce n’est plus l’apartheid qu’il faut combattre, mais des massacres qu’il faut prévenir. » Elle ajoute aussitôt : « C’est d’un peuple (le peuple palestinien) en danger de mort qu’il s’agit ». Cette phrase mériterait d’être longuement commentée, tant l’animatrice du CCIPPP semble être convaincue que le peuple palestinien est en train ou va disparaître complètement. Mais, au fond, quel danger de mort évoque-t-elle vraiment ?

Pense-t-elle, par exemple, que les Israéliens ont décidé de « liquider » les Palestiniens ? Evoque-t-elle, ne fut-ce qu’indirectement, la possibilité que les Palestiniens puissent être victimes d’un génocide ? Ces deux questions peuvent paraître indécentes. Pourtant cela fait depuis de nombreuses années que des militants de la cause palestinienne parlent de ce, du ou d’un génocide. Tout le monde se souvient – par exemple – de quelques encarts publicitaires qui avaient été publiés en 1982 pendant la guerre du Liban, déjà, notamment dans le quotidien Le Monde. Les signataires dénonçaient l’intervention israélienne au Liban et parlaient de « génocide du peuple Palestinien », comme si ce génocide avait été réellement programmé. Or, il faut entendre par ce terme, (Le Petit Larousse (édition 2003)) : « le Crime contre l’humanité tendant à la destruction de tout ou partie d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux. » Le Larousse rappelle que le terme de génocide a été créé en 1944 pour qualifier l’entreprise d’extermination des Juifs et des Tsiganes perpétrée au cours de la Seconde Guerre mondiale par les nazis. Il a été rétrospectivement employé pour désigner les massacres commis en Turquie contre les Arméniens en 1915, ainsi que pour caractériser l’extermination de populations autochtones, notamment amérindiennes, par les conquérants européens. Le crime de génocide, imprescriptible, défini en droit international par la Convention de Genève de 1948, s’applique à des massacres plus récents, dont ceux perpétrés au Cambodge par les Khmers rouges (années 1970) et ceux commis dans l’ex-Yougoslavie et au Rwanda en 1990.

Dans ces conditions, la manœuvre qui est utilisée par les militants de la cause palestinienne transparaît dans sa plus grande limpidité. Elle consiste à répandre l’accusation, tout en la formulant, et - in fine - à l’officialiser. Elle est si répandue qu’elle devient de facto l’argument utilisé par quelques ONG lors de conférences internationales et dans les tribunes officielles et diplomatiques, pour ouvrir le dossier, accuser Israël d’un crime imprescriptible et, faire en sorte qu’il soit répudié par toutes les nations. Mais, là encore, nous sommes en présence du fameux effet de miroir inversé : les anciennes victimes deviennent des bourreaux. Ceux qui ont été les victimes du plus grand génocide de l’histoire de l’humanité veulent provoquer un génocide.

Du recours à la victimisation
Il est évident comme le notait très justement Antoine Jacob dans un article du Monde (mercredi 19 juin 2002), que le recours excessif à la « victimisation » décrédibilise le discours palestinien. Et le journaliste du Monde de prendre cet exemple tout à fait symptomatique du fameux miroir inversé, l’utilisation par Yasser Arafat du terme de «Jeninegrad .» Le journaliste du Monde note la chose suivante : « … Alors même que les médias venaient de constater que les violences perpétrées par l’armée israélienne dans la ville palestinienne de Jénine, en avril, n’avaient pas atteint l’ampleur un moment soupçonné, Yasser Arafat lançait publiquement cette comparaison avec Stalingrad, la ville soviétique rasée pendant la seconde guerre mondiale. De l’avis même de certains de ses sympathisants, la stratégie de communication de l’Autorité palestinienne est souvent à l’image de ce raccourci : simpliste et exagérée. »

Ce raccourci extraordinaire a souvent été utilisé pour évoquer le drame de Jénine. Nous pensons en guise d’exemple à un dessin, tout à fait symptomatique, qui avait été malencontreusement reproduit par le quotidien Le Monde, dans sa page « Kiosque », consacrée à la revue de presse internationale (page 18 daté du 2 mai 2002). Le Monde publiait un dessin paru dans un journal kenyan et identifiant « Jénine aujourd’hui » et « Varsovie en 1943 ». Toutes ces accusations poursuivent, comme nous venons de le voir, un seul et même objectif. Mais à force d’être utilisées, elles deviennent comme une évidence pour ceux et celles qui luttent pour la cause palestinienne. L’opinion publique y est sensible et le démenti ne suffit pas à annuler ce type d’accusations assassines.

Les « massacres » de Jénine, selon Rony Brauman
Voici pourquoi, peut-on expliquer la phrase utilisée - probablement de bonne foi - par Nahla Chalal. La responsable du CCIPPP n’est d’ailleurs pas la seule à utiliser ce genre de vocable. Dans l’ouvrage qui a été publié par les membres de la 11e mission du CCIPPP, « Retour de Palestine », nous trouvons une préface de Rony Brauman qui a été écrite le 10 avril 2002. Citons simplement la première phrase de la dite préface : « Les missions civiles pour la protection du peuple palestinien qui se relaient depuis des mois auprès de la population palestinienne n’ont certes pas pu empêcher les massacres de Jénine, ni s’opposer aux exactions commises dans les territoires occupés par l’armée israélienne… »

Ces quelques lignes ont été écrites le 10 avril 2002. Il est probable que le 10 avril, Rony Brauman pense réellement qu’un massacre a été commis à Jénine. Mais, même si Brauman le pense, on ne comprend pas l’utilisation du pluriel. Le pluriel ainsi utilisé - « les massacres » - renforce l’idée que des atrocités auraient été commises à Jénine. D’autres militants palestiniens et/ou européens ont utilisés d’autres termes durant cette période. Ces termes ont été employés et cités dans la presse internationale. Globalement, nous trouvions les mots de « charniers », d’« actes barbares » et de « génocide… »

Lorsque les premiers visiteurs étrangers arrivèrent sur place, ils trouvèrent au centre de Jénine, un champ de ruines. Ces scènes furent photographiées et filmées dans la presse internationale et eurent un effet psychologique immense sur l’opinion internationale. On s’imagina la destruction totale du camp, voire de la ville. C’est durant cette période que les termes utilisés redoublèrent de violence. Les mots les plus fous circulèrent à grande vitesse et se répandirent, comme l’évidence vraie, la preuve par X que les Israéliens se comportent comme des nazis. Seulement, nous savons ce qu’il en fut aujourd’hui des événements tragiques qui sont intervenus à Jénine et nous savons avec le recul nécessaire qu’il n’y eut aucun massacre à Jénine. En réalité, seule avait été touchée la partie centrale du camp de réfugiés. Sur quelque 2000 maisons, 10% avaient été affectées par les combats, dont une partie seulement avaient été détruites. Et pour être plus précis, nous dirions que la zone de combat occupait un espace de cent mètres, soit la longueur d’un terrain de football.

Le commandant Patrick Delforge, dépêché sur place par le gouvernement français et l’ONU pour faire l’expertise des bâtiments a constaté que « 140 maisons qui abritaient 120 familles ont été détruites » ; à cela, il faut ajouter les bâtiments qui n’ont pas été détruits mais qui ont été atteints lors des combats : « 85 immeubles où vivent 225 familles sont classés dangereux ; 20 bâtiments réunissant 60 familles sont à démolir. » Ces dégâts furent sérieux et sont regrettables mais ils sont très loin des visions apocalyptiques complaisamment répandues dans la presse (Le lecteur pourra le vérifier en regardant l’excellent dossier spécial de L’Arche, mai-juin 2002, pp. 54 à 71) Charles Kapes, directeur adjoint de la mission des Nations Unies dans le camp déclara quant à lui que 54 morts furent sortis des ruines, et que 49 palestiniens sont portés manquants – dont 18 sont des habitants du camp.

L’organisation Human Rights Watch a décompté 52 morts, dont 27 étaient supposés être des combattants palestiniens.Les Israéliens ont déclaré avoir trouvé 46 morts dans les ruines, y compris un groupe de 5 personnes qui avaient été piégés. Pour sa part, l’hôpital de Jénine, déclara que 52 résidents du camp avaient été tués, dont cinq femmes et quatre enfants âgés de moins de quinze ans. Pour être complet, il faut ajouter que 23 soldats israéliens ont été tués durant les combats qui ont eu lieu à Jénine. Tels sont les chiffres, qui n’ont rien à voir avec les « charniers », les « atrocités », le « génocide de Jénine », selon les uns ; ou les « massacres » attribués à Israël par Rony Brauman.

Les militants antiglobalisation… en sauveurs de l’humanité
Revenons sur le passage que nous empruntions à « Retour de Palestine » édité par le CCIPPP. Il est fait longuement allusion à la création de cette association. Et comme nous venons de le voir précédemment, on peut lire les extraits suivants : « Nous regardons le mouvement antiglobalisation se développer à grande vitesse, en nous disant qu’il faut inventer une nouvelle forme d’action : la société civile déborde les Etats, les partis, les organisations traditionnelles. Il fallait articuler ce mouvement avec le problème palestinien. »

On remarquera la fascination que les militants du CCIPPP ont du mouvement antiglobalisation. Il ressort de cette phrase qu’il est pour eux, le modèle de lutte et d’action. Poursuivons néanmoins : « Puisque aucun gouvernement, qu’il soit américain, européen ou arabe n’en est capable, puisque ni les ONG ni l’humanitaire ne s’en occupent plus, puisque la société civile israélienne est tétanisée, alors il ne reste plus qu’à en appeler aux gens ordinaires, aux citoyens, et d’abord à ceux qui se retrouvent dans la rue depuis Seattle. »

Il est étonnant de constater dans ces quelques lignes à quel point la lutte menée par les militants du mouvement antiglobalisation est idéalisée. Il est clair dans le propos des militants du CCIPPP, que l’ultime recours, l’ultime dévouement et le gage de réussite militante passe et est entre les seules mains de militants antiglobalisation.

Dans ce schéma dressé, la société civile, les institutions, partis et Etats et la quasi-totalité des ONG sont perçus comme étant totalement inefficaces, irresponsables et inexistants. Et, dans cette vision très primaire, il semble que le salut – quasi « messianique » – vienne des seuls militants dévoués de la lutte antiglobalisation. Nous sommes là dans une vision quasi prophétique de militants humbles et dévoués, efficaces et responsables, face à une inhumanité généralisée, à une bande d’incompétents et/ou d’aveugles.

Le CCIPPP répond à la demande palestinienne et médiatise ses actions
Les sympathisants du CCIPPP ont donc voulu créer une structure particulièrement efficace mais qui convienne surtout aux attentes palestiniennes. Le passage que nous empruntons à leur déclaration d’intention et que nous citons sont particulièrement explicites : « Les Palestiniens rencontrés au cours de nos diverses missions civiles estiment que les enjeux véritables de la solidarité sont moins des enjeux humanitaires (même si le bouclage des territoires cisjordanien et gazaouite se traduit par des conditions de vie catastrophiques) que des enjeux politiques. C'est là le sens de la protection auquel font référence des Palestiniens, et c'est dans cette perspective que nous travaillons. Nos mobilisations dans les sociétés civiles en Europe veulent contribuer à l'émergence d'un puissant courant d'opinion solidaire du peuple palestinien et capable de prendre en charge, d'une façon auto organisée, des interventions directes de citoyens européens en Palestine. A travers ces missions civiles de protection, il ne s'agit pas seulement d'apporter une aide morale et symbolique à des populations palestiniennes assiégées par l'Etat israélien, mais aussi de dénoncer physiquement les agissements de cet Etat, de ses soldats et de ces colons. »

Ce passage mérite quelques commentaires.
D’une part, on peut être étonné que l’humanitaire soit considéré comme moins important que l’enjeu médiatique. Les militants du CCIPPP – nous l’avons vu – considèrent que le peuple palestinien souffre. Pourquoi dans ces conditions placer l’enjeu médiatique avant l’aide (matérielle, humaine, médicale et toute l’assistance humanitaire) qui peut être apportée aux palestiniens ? Pourquoi les militants du CCIPPP veulent-ils privilégier avant tout la médiatisation du conflit ? Pourquoi tiennent-ils tant à ce que les caméras et photographes suivent leur mouvement ? Est-ce donc la réelle priorité du CCIPPP ?

José Bové à Ramallah
Tout le monde se souvient probablement de cette image. Le 29 mars 2002, à Ramallah, la 11ème Mission du CCIPPP était en marche. José Bové tenait entre les mains un sac enveloppé d’un papier de couleur verte. Personne ne savait ce qu’il contenait, mais ce paquet étonnait.

A sa gauche et à sa droite, se tenait une trentaine de militants de différentes nationalités, arpentant Ramallah ; portant des écharpes palestiniennes et des tee short à l’effigie du CCIPPP. Deux ou Trois ambulanciers et médecins portaient une blouse blanche sur une tenue médicale de couleur bleue. Au troisième rang, deux individus brandissaient des chiffons blancs. Derrière ce petit groupe, un cameraman filmait la scène. A l’extrême droite, un militant du CCIPPP filmait la marche. Cette scène a fait le tout du monde. Et comme il faut savoir décoder les images et les symboles, nous voulons décoder cette image. Officiellement, les militants du CCIPPP sont venus forcer un barrage militaire israélien pour exiger que des ambulances et des médicaments puissent arriver et secourir des blessés. Ils se tiennent pas le bras et s’élancent, silencieux.

Une petite grappe humaine face à des tanks Israéliens, des soldats casqués et lourdement armés. D’un côté, la vision symptomatique d’une incroyable générosité et d’un courage sans limite, de civils et pacifistes dénués d’intention(s) belliqueuse(s) et qui viennent sauver les Palestiniens. De l’autre, des soldats surarmés, surentraînés et cruels. Toute la force du symbole réside en ce particulier simplisme et ce don de soi si cher aux militants du CCIPPP. Cette vision quasi sacrificielle de militants qui risquent leur vie et affrontent la plus grande armée du Moyen-Orient, pour sauver l’humanité. La symbolique fera elle aussi le tour du monde.

Les militants viennent sauver Yasser Arafat ou la sacralité de l’individu
Le samedi 30 mars 2002, les militants réussissent à entrer à l’intérieur du QG d’Arafat. Ils sont fouillés, mais les deux médecins expliquent qui ils sont. Le ton change, les officiels palestiniens arrivent. L’un d’entre eux voit José Bové qu’il connaît de réputation et lui parle. José Bové dans « Retour de Palestine », pp.70-71, raconte la scène : « Il me dit que nous sommes en train de refaire les brigades internationales. Puis conclut : « Eh bien maintenant, notre slogan sera « No Pasaran ! » … « Il me branche alors sur le mouvement antiglobalisation ! Il me parle du sommet de Barcelone et des manifs qui ont eu lieu une quinzaine de jours plus tôt. Puis du sommet de Doha et des rencontres de Beyrouth, auxquelles j’ai assisté. Quel lien entre l’antiglobalisation et notre présence ? Pour eux, c’est comme une évidence, une application ! »

Il est intéressant de noter à quel point pour José Bové, comme pour leur interlocuteur palestinien, leur venue s’apparente à la lutte antiglobalisation en général et est perçue comme la lutte symbolique par excellence du bon contre le fort, du faible contre le nanti, de l’humanité contre le capitalisme, de l’honnêteté contre le profil et la force. La référence à la lutte anti-fasciste est récurrente. Nous retrouvons les mêmes artifices et les mêmes évidences manichéennes et sacrificiels qui déterminent l’image et la conception que les uns et les autres ont de leur combat.

Un peu plus tard, les militants empruntent un escalier et se retrouve devant la salle de réunion. José Bové parle encore : « Et Yasser Arafat fait son entrée. Je découvre quelqu’un que je suis sûr de connaître tellement je l’ai vu à la télé, et pourtant je suis surpris par sa taille : un mètre soixante pas plus, un regard vif, perçant, et en même temps une vraie générosité. Il dégage une force, c’est vraiment frappant. Il fait le tour de la pièce en embrassant chacun, les ambulanciers, les médecins, puis arrive à nous, les bras ouverts, les mains tendues : accolades, embrassades, il me serre dans ses bras, il est vraiment ému et moi aussi. » Un peu plus loin, Bové ajoute (p. 76) : « Dodo. Avec le sentiment du devoir accompli. Et l’image du visage de Yasser Arafat éclairé par les bougies ne me quittera plus… »

Ce qui est incroyable dans cette scène et ces quelques paroles, c’est l’image d’Arafat - image quasi religieuse et quasi « messianique » - que perçoit José Bové. Nous sommes assurément dans l’espace du religieux et de la sacralité, espace accentué par les poses, la tenue, les gestes, les embrassades et les bras ouverts d’Arafat. Le Président de l’Autorité palestinienne n’apparaît pas comme le leader de son peuple, mais bel et bien comme une sorte de surhomme de petite taille, et dont l’aura (spirituelle) semble incroyable. Un saint homme pour une sainte cause !

Dans un moment de lucidité, Bové ajoute aussitôt : « Nous avions emporté avec nous une petite caméra. L’image a maintenant fait le tour du monde. Au moins nous avons gagné la guerre de l’image. » Phrase essentielle s’il en est qui marque et souligne ce qui est en fait la préoccupation première des militants du CCIPPP : l’image, la guerre des images, la symbolique autour des images, et ce que nous pourrions qualifier de jeu de rôle. Nous comprenons mieux pourquoi les militants du CCIPPP ne conçoivent leur rôle qu’au travers de consignes et recommandations, d’une formulation palestinienne. Ce sont les palestiniens qui fixent les objectifs.L’objectif premier est de dresser l’opinion publique. L’objectif second est de mythifier la cause palestinienne. Le troisième objectif entend diaboliser la partie israélienne.

La charte d’engagement absolu du CCIPPP
Chose impensable dans d’autres ONG et associations, une charte engage les militants. Les membres, sympathisants et militants du CCIPP sont tenus d’en respecter les termes. Ainsi s’engagent-ils à, je cite in extenso :

«
• participer à la mission civile pour la protection du peuple palestinien qui se rendra en Palestine…. en apportant toutes mes compétences à sa réussite
• à remettre copie de mon passeport qui doit être valable six mois à compter de la date du départ et ne pas avoir de page arrachée ou tronquée
• à rester solidaire en permanence du groupe partant et à agir en accord avec les décisions prises collectivement à garder en toute circonstances un self contrôle et à n'intervenir qu'en accord avec le groupe et partenaires associés à l'accueil des missions. Dans tous les cas, refus des provocations, et attitude pacifique
• à ne commettre aucune action qui pourrait mettre la population locale en danger ou qui leur créerait des problèmes. Se conformer strictement aux règles de vie du groupe qui nous héberge
• à participer à chaque réunion du groupe pendant le voyage (recommandé : une demi-heure chaque matin avant toute activité), à respecter les horaires, et les décisions prises collectivement (avant le départ, je participerais à une réunion avec tous les membres du groupe formé, où seront données des informations générales et fixés les points de programme, mais aussi où devrons être désignés : coordinateur du groupe, porte-parole, trésorier, rapporteur et autres…)
• à être en cohérence avec les principes et objectifs de la Campagne internationale pour la protection du peuple palestinien tels que définis ici et dans l'Appel, lors des communications faites aux médias, aux publics, etc.…
• à documenter l'expérience du groupe, à informer les coordinateurs de la Campagne de toutes initiatives et divers
• à adopter des signes de visibilité communs (t-shirts…)
• à accepter les consignes générales données par le parrain /partenaire palestinien qui accueille/accompagne le groupe. Le programme des activités et ses éventuelles modifications sont faites à accepter les consignes générales données par le parrain /partenaire palestinien qui accueille/accompagne le groupe. Le programme des activités et ses éventuelles modifications est faites en étroite collaboration avec lui (absolument éviter que ce soit les internationaux qui établissent le programme palestinien).
Le/la partenaire précisera quand il faut intervenir, où se poster, quoi faire, établira les limites et décidera des priorités. Il s'agit de s'inspirer des initiatives palestiniennes et non pas de les susciter juste sous prétexte de la présence de missions étrangères (par exemple : on ne peut pas demander aux palestiniens de manifester parce que nous sommes là)
• à respecter la pluralité des points de vue palestiniens. Nous allons principalement rencontrer et travailler avec les représentants de la société civile palestinienne et leurs partenaires israéliens, sans exclusive de possibles rencontres avec des représentants de formations politiques, Autorité palestinienne incluse
A mon retour, je m'engage à témoigner sur les actions menées et sur la situation en Palestine. Copies de carnets de route, photos, films, réflexions, etc, seront communiqués à la Campagne, qui pourra les rendre publics.
Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien
(…) 75008 – Paris »

La méthode utilisée, la charte ainsi énoncée, l’engagement réitéré, l’attitude toute spartiate ou/et extrêmement discipliné et militante montre à quel point les hommes qui adhèrent et soutiennent un tel projet sont déterminés à défendre la cause palestinienne. Il faut admettre qu’il est rare de trouver une telle fermeté, une telle résolution dans l’engagement. La préparation est minutieuse, les axes et buts sont parfaitement définis et les méthodes utilisées relèvent d’une presque parfaite stratégie de communication. Comme nous venons de le voir, les militants du CCIPPP sont liés à une charte qui énumère méthodes et buts, droits et devoirs.

Ainsi structurés et animés par des militants bénévoles et déterminés, les différentes ONG peuvent elles se prévaloir de résultats substantiels, d’une bonne médiatisation, d’avoir constitué un réseau relationnel important. Elles concourent toutes aux mêmes objectifs, qu’elles atteignent le plus souvent. Encore faut-il qu’elles continuent d’animer l’action, qu’elles encouragent en permanence les militants afin qu’ils sensibilisent à leur tour les médias et l’opinion publique. Pour ce faire, de multiples actions sont proposées. Mais là encore, gageons qu’en raison de la permanence du conflit israélo palestinien et de la reconnaissance qui est accordée à la cause palestinienne, des buts énoncés, des méthodes suivies et de l’extraordinaire médiatisation qui est entreprise autour de leurs actions, le CCIPPP continuera de battre le pavé, d’attirer les caméras et de se « sacrifier » à cette cause.

Imposer le boycott !
Le site Internet de la Campagne Civile de Protection Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien publie le 6 janvier 2006 un long commentaire de Mustafa Barghouti, qui dénonce avec virulence la politique menée par Ariel Sharon. Barghouti prête à Ariel Sharon les pires intentions, même lorsqu’il est question du retrait de Gaza : « Un autre mythe répandu avec succès par Israël est que le redéploiement de ses colons signifierait la fin de l’occupation de Gaza. Aujourd’hui, la Bande de Gaza est occupée comme elle l’a toujours été. Ce qui a changé, c’est uniquement la structure de l’occupation. Libérés de l’obligation de maintenir une présence physique à l’intérieur de la zone pour « protéger » ses colons, il est maintenant plus facile pour les israéliens, et moins coûteux, de contrôler la Bande de Gaza à distance en utilisant l’état de l’art de sa technologie militaire. »

Et de conclure de la manière suivante : « Un des moyens de corriger cette situation est de faire ce qui a été réalisé avec succès en Afrique du Sud, c’est-à-dire imposer des sanctions. Un fait notable dans la situation actuelle est la coopération militaire avec Israël qui est le quatrième exportateur d’armes dans le monde. Nous voulons que cette coopération militaire cesse et que se développe un mouvement de désinvestissement et de gel des accords économiques jusqu’à ce qu’Israël applique la loi internationale et mette en œuvre les résolutions internationales. »

Depuis peu, le CCIPPP confectionne des autocollants et des affiches en très grand nombre pour amorcer cette campagne de boycottage des produits israéliens. Le thème en est : « Made in Israël, boycottons l'apartheid ! ». Le CCIPPP s’inspire directement du boycott des produits d'Afrique du Sud qui a participé à la chute du régime d'apartheid. Dans cette perspective, le CCIPPP a d’abord dressé une liste de produits qui pourraient servir de cible pour ce boycott. Le CCIPPP a lancé ensuite un appel à la participation financière de tous les individus, les organisations et associations qui se mobilisent pour la « décolonisation » de la Palestine. Le CCIPPP appelle donc tous les groupes et toutes les personnes intéressés à passer commande d'une quantité d'autocollants en versant la somme de 0,02 euros par autocollant. Les autocollants sont en deux formats : 6 X 6 cm pour collage partout et 2 X 2 cm afin de pouvoir les coller sur tous les produits en provenance d'Israël dans les grandes surfaces, marchés et magasins. Les chèques sont à envoyés à l'ordre de « Missions Solidarités Palestine » à la Librairie Païdos, à Marseille. D’autres ONG et associations se sont jointes à cette campagne du CCIPPP notamment : Droits Devant !, le Droit Au Logement, la Confédération paysanne, l’Union générale des étudiants de Palestine (GUPS-France), le Collectif Palestine Marseille, Palestine 33 ; Evry Palestine et Palestine 12.

Derniers rebondissements :
Lu sur le site de la Campagne Civile Internationale de Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP) (une ONG pro palestinienne française): « Un État criminel et voyou. Ce ne sont pas des mots de colère face au nouveau crime israélien. Pas uniquement, même si la colère est totalement justifiée. Mais ce sont les adjectifs qui caractérisent cet Etat. Israël n’arrive à vivre que par le crime : du crime originel de la Naqba, aux expropriations ininterrompues des terres, aux expulsions des Palestiniens, aux massacres qui, chacun, porte un nom. Cette fois, la tuerie s’est produite dans les eaux internationales, visant des militants de 40 pays, dont des Américains et des Européens. C’est un Etat raciste en plus : le plan israélien avait prévu d’attaquer avec une particulière violence le navire turc, et de tirer en plein sur ses voyageurs ! Ce sont finalement des sous-hommes puisque essentiellement des Turcs ! Exactement comme le sont les Palestiniens ou les libanais aux yeux d’Israël… En fait, Israël veut être totalement libre : libre de tuer comme il l’entend, de nier l’existence du peuple palestinien comme il l’entend, ou de nier son humanité en en disposant comme bon lui semble.»

Lorsque les mots dépassent l’entendement, lorsque les mots deviennent des armes, lorsque les mots cinglent et giclent, lorsque les mots frappent, on perd alors toute décence, on perd alors toute retenue et l’aveuglement devient force de loi.

Ce communiqué qui est signé par la coordination nationale de la CCIPPP en est un bel exemple. Lorsqu’ils parlent d’Israël, les militants ne se contentent pas de jauger d’une politique, de critiquer une politique, non. Il faut assurément qu’ils aillent plus loin, qu’ils frappent plus fort et qu’ils nazifient Israël. Comment expliquer par exemple le terme de « sous-hommes » qui est utilisé dans ce texte ? Rappelons qu’Untermensch (en français sous-homme) a été un terme introduit par l'idéologie raciste nazie par opposition au concept introduit par Friedrich Nietzsche d’Übermensch (en français surhomme).

Note :

1) Les membres de la 11ème Mission et José Bové, Retour de Palestine, Editions Les mille et une nuits, mars 2002, 179 pages.

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