Ayant été éduquée à Téhéran dans une famille libérale, la jeune femme y mène une vie partagée entre les valeurs de liberté prônées par ses parents et les règles strictes imposées par les mollahs « Nous détestons les dogmes: nous ne croyons pas à l’idéologie; nous voulons être libres. Avec l’éducation que j’avais reçue, je ne fus pas longue à remarquer que la liberté dont je jouissais à la maison disparaissait sitôt franchie la porte ».
Devenue dissidente, elle est arrêtée par la milice du régime. « Comme la plupart des enfants, j’ai grandi avec un sens aigu de la justice. Il est tragique pour un enfant de découvrir que parfois les méchants gagnent. » À l’instar de milliers d’autres étudiants, elle estima alors de son devoir de manifester pacifiquement contre « les inepties politiques du pouvoir en place. »
Pour la jeune femme, ce n’est pas l’islam en soit qui doit être remis en cause : «Mon seul problème, ce sont les mollahs qui redoutent ce que les femmes éveillent chez eux. Ils semblent détester tout ce dont la nature nous a pourvues». Elle ne supporte pas le statut des femmes inscrit dans la loi islamique. «Je n’étais pas intéressée par des revendications d’ordre cosmique, je voulais simplement pouvoir marcher dans la rue les cheveux au vent». Elle se remémore qu’enfant, elle se vit interdire, au nom d’Allah de porter des chaussettes blanches à l’école: cela aurait porté atteinte à la mémoire des martyrs. « Le sentiment de justice se développe d’autant mieux qu’il s’accompagne du sens du ridicule. »
Sa pire expérience? Emprisonnée, son tortionnaire décide un jour de lui raser les cheveux, un passage vécu par Zarah comme un moment extrêmement douloureux: « Rien de ce que j’ai déjà subi jusqu’ici n’est comparable à l’horreur d’avoir été tondue. Ils sont même parvenus à me faire changer d’apparence».