Tribune
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Publié le 4 Août 2008

L’Iran défie une nouvelle fois l’Occident

Le Monde, dans son édition du week end du samedi 2 aout, rapporte que le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a rejeté l’ultimatum lancé le 19 juillet à Genève par le haut représentant diplomatique de l’Union européenne, Javier Solana. Celui-ci avait donné quinze jours aux négociateurs iraniens pour répondre à une proposition de coopération des Six (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne), destinée à les convaincre de renoncer à l’enrichissement d’uranium. Le quotidien estime probable un retour à la politique du bâton, pratiquée en alternance avec celle de la carotte par la communauté internationale dans ses relations avec l’Iran. Un durcissement des sanctions est actuellement à l’étude.


Pourtant, la réunion de Genève avait fait baisser la tension entre l’Iran et les «cinq plus un». Il semblait alors que l’on assistait à une amorce de dialogue direct entre Téhéran et Washington, un rapprochement inédit depuis la révolution islamique de 1979. Mahmoud Ahmadinejad, le président iranien, à la surprise générale, avait salué l’attitude du numéro 3 de la diplomatie américaine, William Burns, expliquant qu’il avait parlé «poliment et de manière digne, respectueuse de la nation iranienne, ce qui est un pas positif». Même sentiment chez les observateurs iraniens. «Des sources officielles et non officielles, proches du pouvoir en Iran, ont fait des remarques positives sur le "paquet" de nouvelles propositions [de l’UE], suscitant l’espoir que nous allions peut-être nous éloigner de l’attitude de confrontation actuelle ». .Esfandiar Mashai, un proche du président iranien et le père de son gendre, a même osé dire que le peuple américain est parmi «les meilleurs du monde» et que «l’Iran, aujourd’hui, est ami avec les peuples américain et israélien», avant de nier avoir tenu les derniers propos, devant les réactions indignées de la presse conservatrice qu’ils ont suscitées.
Pourtant, l’optimisme a été de courte durée et les propos conciliants ont laissé place à un retour à un discours plus intransigeant. Ainsi, le Guide suprême Ali Khamenei a affirmé que son pays ne reculerait pas devant les grandes puissances : «L’idée que tout recul ou concession sur nos positions justes amènerait les puissances arrogantes à changer leur politique est totalement erronée et sans valeur.». Du côté américain, c’est Barack Obama qui, relatant sa visite en Israël, a évoqué un risque de guerre avec l’Iran. «Aucun de mes interlocuteurs ne me l’a dit directement, mais j’ai le sentiment, après mes entretiens, que si les sanctions ne marchent pas, Israël attaquera l’Iran».