- English
- Français
Très franchement j’ai du mal avec les fêtes algériennes, celles du calendrier légal, j’entends, les religieuses et les civiles. Ces jours-là je reste à la maison et j’attends que ça passe. Passons sur les religieuses, elles m’effraient, il me semble qu’elles mettent la religion, l’islam en l’occurrence, au-dessus de tout, on sent que les gens, remués de l’intérieur par je ne sais quelle musique, sont persuadés que toute la vérité du monde leur appartient en propriété éternelle et que rien ne les déviera de leur sacerdoce. Par les temps qui courent, certaines scènes de l’Aïd-el-Kébir, l’égorgement de millions de moutons bêlants d’effroi, donnent froid dans le dos. Les caniveaux et les rivières débordent. « Que de sang, que de sang ! », aurait dit le sieur Mac-Mahon. Comment le dire et à qui : Dieu s’est adressé à Abraham, à lui seul il a demandé de faire un sacrifice de sang, pas à sa descendance jusqu’à la fin des temps. Laissons les moutons tranquilles, ils ne sont pour rien dans nos malheurs et nos folies.
Les fêtes civiles me mettent plus bas que terre, elles renvoient toutes à la guerre de libération et disent des choses très discutables pour ne pas dire mensongères.
Un exemple : le 5 juillet, jour anniversaire de l’indépendance. Soit dit en passant, on pourrait le fêter dans la joie et la bonne humeur, avec les Français pourquoi pas, autour de la même table, mais non, on le célèbre comme la Corée du Nord fête l’anniversaire du Leader bien-aimé. Il y a dans la démarche comme un regret que la guerre soit finie ou qu’elle n’ait pas été suivie d’une fête de la Repentance dont le clou serait quelque chose qui ressemble à l’histoire des bourgeois de Calais remettant leurs vies et les clés de leur ville au brillant et héroïque roi d’Angleterre. Les dignitaires du FLN et du gouvernement le disent et l’expliquent dans leurs meetings au peuple, ils verraient la scène ainsi : une délégation de Ministres et de Parlementaires français débarquant à Alger en sabots et chemises de nuit, enchaînés l’un à l’autre par les pieds et allant, sous les huées de la foule, au palais du Raïs lui remettre la déclaration annuelle de repentance, sans oublier le petit chèque des réparations et des indemnisations. Le Bouteflika en rêvait, il trépignait, jusqu’au jour où un AVC providentiel est venu le guérir de sa folie. Je me demande à quoi il peut bien penser à présent qu’il est cloué dans un fauteuil roulant et qu’un silence glacé règne autour de lui… Lire la suite dans l’édition du Figaro du 5 novembre 2014.