Tribune
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Publié le 26 Janvier 2016

Hassan Rohani et la répression des minorités en Iran

La situation s'est dégradé depuis qu'il est à la tête de l'exécutif dans son pays

Tribune de François Colcombet, Président de la Fondation d’Etudes pour le Moyen-Orient (FEMO), publiée dans le Huffington Post le 26 janvier 2016
 
Le président iranien arrive le 27 janvier pour une visite diplomatique dans la capitale française, c'est le moment de faire le point sur la situation des droits de l'homme en Iran. Une situation qui s'est dégradé depuis les deux ans et demi qu'il est à la tête de l'exécutif dans son pays.
 
Que vaut le qualificatif de "président modéré", dont on veut bien le qualifier en Occident? N'est-il qu'un vain mot pour ce dirigeant qui semble avoir ni le pouvoir ni, sans doute, la volonté nécessaire pour réformer une théocratie basée sur le pouvoir absolue du Guide suprême.
 
Les responsables politiques français, au premier rang desquels le président François Hollande, seraient bien inspirés de placer la question des droits et libertés du peuple iranien au centre de leurs discussions avec le dirigeant iranien. Ils ne doivent pas, en effet, oublier que l'Iran n'est pas un pays comme les autres: il détient le triste record mondial du nombre d'exécutions par tête d'habitant. Près de 1000 exécutions ont été répertoriés pour la seule année 2015!
 
Monsieur Rohani n'est pas non plus un président comme les autres. S'il a signé un accord crucial avec l'Occident pour freiner le programme nucléaire militaire du régime -acculé à le faire sous la pression des sanctions internationales- il ne doit pas pour autant bénéficier aujourd'hui d'un traitement spécial de notre part sur la question tout aussi cruciale des droits de l'homme.
 
Les ONG continuent de dénoncer "un appareil d'Etat qui commet des meurtres à grande échelle (...) Les autorités iraniennes doivent avoir honte d'exécuter des centaines de personnes sans tenir compte de toute procédure légale à la base" (Saïd Boumedouha, adjoint pour le programme d'Amnesty International pour le Moyen-Orient). La justice islamiste n'épargne les mineurs dont quelques 160 d'entre eux sont le couloir de la mort en Iran, et ce, en violation de la Convention internationale des droits de l'enfant que pourtant l'Iran a signée.
 
Les extrmistes continuent en outre à imposer une double oppression à aux femmes, à la fois par une ségrégation institutionnalisée et par un renforcement du code vestimentaire d'un califat à l'iranienne. Les universités, les milieux artistiques, les intellectuels, les journalistes sont les cibles privilégiées de la machine de répression du Guide suprême qui impose la censure. Dans ce contexte, le sort des minorités religieuses, particulièrement les sunites, mérite d'être particulièrement souligné!
 
Le 2 novembre 2015, l'Assemblée générale des Nations Unies s'est déclaré "gravement préoccupée par les limitations et les restrictions graves et constantes au droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion ou de conviction, les restrictions concernant l'établissement de lieux de culte, ainsi que les attaques dont ces lieux et les cimetières font l'objet, et d'autres violations des droits de l'homme, y compris les actes de harcèlement, les persécutions et l'incitation à la haine qui mène à la violence à l'égard des personnes appartenant à des minorités religieuses reconnues ou non, y compris les chrétiens, les juifs, les musulmans soufis, les musulmans sunnites, les zoroastriens, les personnes de confession bahaïe et leurs défenseurs"... Lire l'intégralité.