Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean-Pierre Allali - Vrai…ment ! Récit de l’enfance sous la terreur, par Guta Tyrangiel Benezra

12 Janvier 2021 | 201 vue(s)
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Antisémitisme

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

À l'occasion des 80 ans du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), les membres du Crif ont été reçus à l'Élysée par le Président de la République, Emmanuel Macron, et Madame Brigitte Macron, lundi 18 mars 2024. Le Président du Crif, Yonathan Arfi, a prononcé un discours à cette occasion. 

Dimanche 14 janvier 2024, quelques mois avant les Jeux Olympiques Paris 2024, une délégation de sportifs et de dirigeants du monde du sport q"es, avec le Crif, pour un voyage de la mémoire dans le camp d’Auschwitz-Birkenau, en partenariat avec le Mémorial de la Shoah.

 

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Vrai…ment ! Récit de l’enfance sous la terreur, par Guta Tyrangiel Benezra (*)

 

C’est l’histoire d’une vie. Celle de l’auteure. Celle d’une petite Juive polonaise qui, aux heures sombres de la Shoah, a été confiée à un famille catholique. Dès lors, notamment grâce à son physique, une jolie blonde frisée, Guta, devenue Genowefa alias Genia Filipiak et qui sera protégée par son oncle d’adoption, Jozio Jaszczuk, est parfaitement intégrée à son environnement chrétien. Les Juifs, ce sont les autres, ceux que l’on vomit, ceux qu’on accuse de tous les maux, ceux qui ont toujours été victimes des pogromes récurrents et meurtriers, ceux qu’on a exterminés par millions dont une bonne partie de sa famille. Seul son oncle Meir Tyrangiel reviendra du Sibir, la Sibérie soviétique, après la catastrophe.

Guta est née en octobre 1940 à Minsk Mazowiecki, au sein du ghetto. Fille de Moshe Tyrangiel  et de.Rachel Korman Son grand-père maternel, Nahum Korman avait un atelier-magasin sur la place du marché. L’occupation allemande, dès le 13 septembre 1939 puis l’invasion de l’est de la Pologne par les Soviets le 17 septembre de la même année, va conduire à la destruction quasi-totale de la judéité polonaise. « Je ne sais pas de quelle façon sont morts les membres de ma nombreuse famille ; mes grands-parents, oncles, tantes et cousins. La liquidation du ghetto fut une ultime épreuve dans la terreur… ». Guta sera cachée avec sa petite sœur Esther dans des caves et sauvée de l’horreur par l’organisation « Zegota ». Dès la fin octobre 1942, elle partagera la vie de l’ « oncle » Jozio et de la « tante » Bronia. « Être « Juif » signifiait pour moi la mort et le mépris. J’avais peur qu’on me reconnaisse comme telle. Je me réveillais toutes les nuits en hurlant, en faisant des cauchemars effrayants ».

Officiellement adoptée par les Jaszczuk en 1949, Guta Genia va faire sa première communion, elle recevra cependant de nombreuses lettres de sa famille désormais installée en Israël. Bonne élève, elle se lancera dans le sport vers 12-13 ans et étudiera à l’Académie des Sports avant de se lancer dans le droit à Varsovie.

Les retrouvailles avec le monde juif se feront en France, à Metz, où Guta s’installe en 1961 avant de gagner Strasbourg. Dès lors, Guta va peu à peu renouer avec le judaïsme de son enfance. « Nous avions de la chance de nous trouver à Strasbourg dans un cocon juif exceptionnel… »

Une déception amoureuse avec Robert, un mariage en 1966 à Casablanca, avec Claude Benezra, Juif marocain, la découverte du pays d’Israël et, plus tard, du Canada, la fondation d'une famille juive. Pour séparer le Vrai de ce qui Ment, l’auteure a choisi la forme d’un dialogue avec la mémoire de son corps et de son esprit, sorte d’alter ego intérieur.

Pour séparer le Vrai de ce qui Ment, l’auteure a choisi la forme d’un dialogue avec la mémoire de son corps et de son esprit, sorte d’alter ego intérieur.

« Un dernier acte d’espoir », selon l’auteure. Un véritable cri dans le souci de l’exigence du savoir. Émouvant. À découvrir.

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Maïa. Septembre 2019. 116 pages. 18 €.