Virginie Guedj-Bellaïche

Journaliste-Blogueuse

Les territoires perdus de la République, 13 ans après

22 Octobre 2015 | 948 vue(s)
Catégorie(s) :
Antisémitisme

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

À l'occasion des 80 ans du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), les membres du Crif ont été reçus à l'Élysée par le Président de la République, Emmanuel Macron, et Madame Brigitte Macron, lundi 18 mars 2024. Le Président du Crif, Yonathan Arfi, a prononcé un discours à cette occasion. 

Dimanche 14 janvier 2024, quelques mois avant les Jeux Olympiques Paris 2024, une délégation de sportifs et de dirigeants du monde du sport q"es, avec le Crif, pour un voyage de la mémoire dans le camp d’Auschwitz-Birkenau, en partenariat avec le Mémorial de la Shoah.

 

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Ce soir, jeudi 22 octobre, France 3 diffuse à 23h15 « Profs en territoires perdus de la République ? »

Treize ans après la publication du livre « Les territoires perdus de la République », ce documentaire nous montre combien la situation n’a fait que se dégrader.
 
En 2002, la sortie du livre « Les territoires perdus de la République » aux Editions « Milles et une nuit » avait fait grand bruit. Je me souviens que la lecture de cette compilation de témoignages de professeurs qui racontait combien l’antisémitisme, le racisme et le sexisme gangrénaient le milieu scolaire, avait été pour moi un vrai choc. Fini le temps où l’enseignant était craint et respecté par les élèves et leurs parents, je découvrais que dans certains quartiers – ces fameux « territoires perdus de la République », expression rentrée dans le langage journalistique, il était devenu impossible d’enseigner la Shoah, de parler de la théorie de l’évolution ou même de faire un simple cours de Sciences naturelles sur la reproduction.
 
Treize après où en est la libération de la parole antisémitisme déclenchée après les attentats du 11 Septembre et amplifiée avec l’éclatement de la seconde intifada ? Malheureusement, elle se porte on ne peut mieux.  Pire, elle a laissée place à des actes d’une violence inouïe qui ont été autant de traumatismes pour la communauté juive : assassinat d’Ilan Halimi, meurtres perpétrés devant l’école Ozar Hatorah de Toulouse et à l’hyperCasher de la porte de Vincennes.
 
Il y a 13 ans, la publication du livre était un cri d’alerte. Nous sommes forcés de constater qu’il n’a pas été entendu. En écoutant les professeurs,  raconter dans leurs classes et leurs établissements les jours qui ont suivi l’attentat perpétré à Charlie Hebdo on mesure la fracture opérée entre ceux qui pensent que les dessinateurs ont été trop loin et nous, le reste de la communauté internationale bouleversé par cet attentat.
 
En regardant le générique de fin de ce documentaire, je me dis que l’école de la République française est malade. Diagnostiquée il y a 13 ans, la malade n’a fait l’objet d’aucun traitement de choc que nécessitait son état. Entre 2002 et 2015, l’école de la République - celle qui faisait la fierté des générations avant nous  - n’a cessé de se délabrer dans des coins de France.
 
Entre 2002  et 2013, Mohamed Merah, les frères Kouachi, Amedy Coulibaly et Youssouf Fofana se sont assis sur les bancs de cette école de la République. Quels élèves étaient-ils ?  A quel moment ont-ils définitivement basculés ? La généralisation d’Internet, l’explosion des théories complotistes ont achevé de noircir ce tableau. Cette semaine, à l’occasion de la sortie du film ‘Mon roi’, Vincent Cassel était l’invité de Léa Salamé sur France Inter. Quand la journaliste lui demande ce qui a changé en banlieue depuis « la Haine », l’acteur répond « Il n’y avait pas de téléphone portable, pas d’internet, pas d’armes et pas l’islamisme radical ».
 
Le réalisateur de ce documentaire Georges Benayoun a mis un point d’interrogation à la fin du titre. Une façon de dire que le débat reste ouvert. A la fin du film, un professeur explique qu’il aime, malgré tout ça, être dans sa classe avec ses élèves. Une façon de dire qu’il n’a pas renoncé à enseigner. Et une invitation, pour nous tous à croire en la guérison de cette école en danger ?