Jean-Pierre Allali
Le petit caillou, par Marius Marcinkevičius (*)
Voici un livre destiné à la jeunesse, dès sept ans, annonce l’éditeur, mais qui aborde un sujet douloureux, la Shoah. Nous sommes à Vilnius, capitale de la Lituanie en 1943. C’est l’été et le pays est occupé par les hordes nazies. Deux petits enfants juifs jouent innocemment dans la rue. Eitan et Rivka déploient leur cerf-volant. Tout à coup, le fil casse et le cerf-volant s’enfuit. Ira-t-il au-delà de la grande porte, vers la liberté ? Qui sait ? La grande porte, c’est la limite du ghetto où les Juifs sont enfermés. La ville est envahie par des corbeaux noirs et des hommes en noirs qui leur ressemblent et croassent dans un langage rauque. Le père d’Eitan a franchi un jour et n’est jamais revenu. Mais où donc vont tous ceux qui franchissent cette porte ?
Régulièrement, des gens aux yeux de poissons morts viennent avec leurs camions pour opérer des razzias. Malgré l’angoisse, la communauté juive résiste. Un semblant de vie culturelle est maintenu et Eitan doit donner un petit concert de violon au théâtre juif. Tous les spectateurs arborent, bien sûr, l’étoile jaune.
Hélas, un jour, Eitan et sa mère seront déportés et assassinés. Accompagnée de sa grand-mère, Rivka déposera un jour, conformément à la tradition, un caillou sur la tombe d’Eitan. Pour ne pas oublier.
De nombreux personnages traversent le récit : Eitan et ses parents, Rivka, Laïla, Léon le menuisier, Adam, Michal le petit, Siméon le musicien, Isaac le cordonnier, Samson le costaud, Tante Tsila, Golda la maîtresse, Dov, Benjamin, Jacob, Abigaïl, tante Rachel, les jumeaux Blumenthal, David le forgeron, Aaron le rigolo, Joseph le tailleur, Déborah. Tous ou presque périront. Un récit dramatique mais un témoignage hélas nécessaire.
Jean-Pierre Allali
(*) Traduit du lituanien par Caroline Paliulis, illustrations d’Inga Dagilė, Éditions Hélium, septembre 2024, 56 pages, 14,90 €.
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