Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean-Pierre Allali - Heureux comme un Juif en France ? Réflexions d’un rabbin engagé, par Yann Boissière

22 Mars 2021 | 403 vue(s)
Catégorie(s) :
France

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Actualité

Billet d’Ariel Amar*, pharmacien

 

Dimanche 19 avril, le Crif et le Mémorial de la Shoah ont organisé une cérémonie virtuelle pour commémorer le 77ème anniversaire du Soulèvement du ghetto de Varsovie. Un moment très émouvant au cours duquel, ensemble, nous avons rendu hommage aux Hommes qui se sont soulevés pour leur liberté.

Bienvenue sur le blog La Chronique (pas tès casher) de Raphaela ! Sur ce blog, Raphaela vous propose ses billets d'humeur sur tout ce qui l'entoure, l'émeut, la touche, la fait rire et la révolte. Et elle a des choses à vous dire...

Bruno Halioua nous parle avec émotion de Milo Adoner.

Dimanche 12 janvier 2020, le Crif a organisé un voyage de mémoire à Auschwitz-Birkenau. À l'issue de cette journée, je me suis exprimé devant les participants. Voici les quelques mots prononcés.

 

 

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Opinion
Portrait de Marc Lévy
Blog du Crif - Une leçon de vie
|
17 Février 2021
Catégorie : Israël, Opinion

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Heureux comme un Juif en France ? Réflexions d’un rabbin engagé, par Yann Boissière (*)

 

« Gliklekh vi Got in Frankraykh », « Heureux comme Dieu en France ». L’adage yiddish est bien connu avec son corollaire : « Leibn vi Got in Frankfaykh », « Vivre comme Dieu en France ». Ou, comme le disait Henri Heine, en 1826,  dans ses « Tableaux de voyage » : « Leben wie Gott in Frankreich ». C’est ce concept qui fera dire, au père d’Emmanuel Levinas, du fin fond de sa Lituanie natale, après la réhabilitation du capitaine Dreyfus : « Un pays dans lequel on réhabilite un petit capitaine juif est un pays où il faut aller ». Et la famille Levinas émigrera en France.

Le rabbin Yann Boissière a choisi un titre similaire pour son livre mais il l’assortit d’un point d’interrogation qui traduit les préoccupations actuelles de la communauté juive de France.

Étonnant parcours que celui de Yann Boissière, catholique de naissance, mais très éloigné de la pratique religieuse, qui, après la mort de sa mère, en 1989 et une audition de Pierre-Henri Salfati, place des Vosges, sur le « Cantique des Cantiques », découvre le judaïsme qui lui va comme un gant : « C’est ça le judaïsme ? Mais c’est moi ! ».Dès lors, « La décision de me convertir au judaïsme est douce, nette et sans bavure ».

Yann Boissière se tourne alors vers le MJLF, Mouvement Juif Libéral de France, alors dirigé par les rabbins Daniel Farhi et Pauline Bebe. Un mouvement qui, en 2019, se rapprochera de l’ULIF-Copernic pour former le JeM (Judaïsme en Mouvement). Au bout de deux années de préparation, Yann Boissière est intégré dans le Klal Israël par un Beit-Din et, après sa conversion, s’engage fortement dans le MJLF-Est. En 1997, le voilà adjoint de la directrice du Talmud-Torah et, en 2007, il décide de devenir rabbin. Sa formation se fera à Paris, à Berlin et à Jérusalem. En 2011, il est ordonné rabbin à Bamberg en Allemagne avant de rejoindre, au MJLF, Delphine Horvilleur et Steven Berkowitz. « Je me sens porteur de la sensibilité libérale du judaïsme », aime-t-il rappeler. Car, à l’entrée dans le monde moderne, trois solutions se présentaient au peuple juif : l’assimilation, l’orthodoxie ou le libéralisme, la réforme en somme dans le sillage des travaux fondateurs du rabbin Abraham Geiger.

Deux sujets sociétaux sont particulièrement sensibles pour le judaïsme libéral : la patrilinéarité et l’égalité hommes-femmes.

Dans le petit livre bien documenté, qu’il vient de publier, le rabbin Boissière aborde le sujet délicat de l’inquiétude de la communauté juive avec la montée d’un antisémitisme virulent. À l’antijudaïsme chrétien et à la haine raciale portée par l’extrême-droite, se sont désormais ajoutés l’antisémitisme porté par la culture musulmane sur fond de conflit israélo-arabe et celui de la gauche extrême, libertaire ou altermondialiste axée sur une détestation profonde de l’État d’Israël. Et la pandémie de Covid-19 n’a pas arrangé les choses, les théories du complot accusant les Juifs d’être responsables de l’apparition et de la diffusion du virus se multipliant à travers l’Europe.

Tout cela fait que beaucoup de Juifs de France ont perdu patience, choisissant le départ, l’alya, pour Israël. Et si, entre 2012 et 2016, l’étiage des départs se situait aux environs de 2000 âmes, il atteint 8000 personnes en 2017. Alors, « que faire si Marine Le Pen accède au pouvoir : partir ou entrer en résistance ? »

Bref, « Les Français juifs doivent maintenant décider de continuer ou non leur histoire française ».

Des pages très intéressantes sont consacrées au dialogue judéo-chrétien et aux relations entre judaïsme et islam. « Le dialogue entre Musulmans et Juifs est donc à la fois naturel et complexe, marqué par le conflit mais aussi par une culture commune ».

On regrettera l’absence d’un chapitre sur les relations du judaïsme avec le bouddhisme et l’hindouisme. Mais la richesse de cet ouvrage est telle qu’on ne saurait bouder notre  plaisir à sa lecture.

À découvrir en urgence !

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Tallandier. Mars 2021. 158 pages. 15,90 €.

 

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