Jean-Pierre Allali
Haine de la raison et obsessions antisémites, La philosophie pervertie, par Nikol-Nicole Abécassis (*)
Qu’est-ce que la philosophie, se demande l’auteure qui, dans ses réponses, invite le lecteur à regarder le film de J. Coen, « Barton Fink » et à lire et relire Pierre Bergougnioux. Professeure agrégée de philosophie, elle considère, un tantinet désabusé, que la haine de la pensée ou de la raison habite l’homme. Et, plus grave, que cette haine est consubstantielle à une forme d’antisémitisme.
Dès l’introduction, on réalise que Nikol-Nicole Abécassis a choisi de s’exprimer dans une langue recherchée, ce qui parfois, déroute et oblige le lecteur à une vigilance constante, voire à une relecture. Sont convoqués au tribunal de la pensée Sartre, Baudrillard, Hegel, Husserl, Heidegger, Adorno, Levinas, Proust, Claude Simon, Barthes, Stendhal, Joyce, Husserl, Kierkegaard, Artaud, Deleuze, Walter Benjamin, Merleau-Ponty, Edgar Morin, Fougeyrollas, Spinoza ou encore Faulkner et bien d’autres encore. Face aux bouleversements des valeurs, notamment dans le domaine de l’art, l’auteure se demande : « À quelle aune penser ? ». La réponse n’est pas facile.
La misologie, qui est une aversion pour le raisonnement, pour la discussion et pour l’argumentation logique fait bon ménage, tout compte-fait avec l’antijudaïsme. Les Juifs ont inventé le concept du Dieu unique et ont tendance à trop philosopher. Trop, c’est trop, pour les antisémites.
Intéressant, mais d’une lecture ardue.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions L’Harmattan, 2022, 280 pages, 28 €.
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