Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean-Pierre Allali - Habiter son nom. Une histoire française, par Céline Masson

28 Septembre 2022 | 107 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Le Crif souhaite un prompt rétablissement à Jean-Pierre Allali suite à son récent accident et espère le retrouver très vite en pleine forme.

Par Chloé Blum

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Blog du Crif - Noé, reviens !
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11 Octobre 2018
Catégorie : France, Opinion

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Actualité

Le 30 novembre, l’État d’Israël et les communautés juives du monde entier commémorent la Journée dédiée au souvenir de l'expulsion des Juifs des pays arabes et de l’Iran. A cette occasion, nous vous proposons la lecture de ce texte de Jean-Pierre Allali, vice-président de la JJAC (Justice for Jews from Arab Countries).

Par un enchaînement de hasards, notre bloggueuse Sophie, plus habituée aux sujets de cyber-sécurité et de contre-terrorisme, s'est retrouvée les mains dans la pâte (à pizza). Et ça lui a donné quelques idées plutôt gourmandes... Elle les partage avec vous cet été à travers ces chroniques culinaires ! 

Martine Ouaknine est adjointe au Maire de Nice, déléguée au devoir de mémoire, à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, conseillère métropolitaine et départementale, présidente honoraire du Crif Sud-Est.

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Opinion

Par un enchaînement de hasards, notre bloggueuse Sophie, plus habituée aux sujets de cyber-sécurité et de contre-terrorisme, s'est retrouvée les mains dans la pâte (à pizza). Et ça lui a donné quelques idées plutôt gourmandes... Elle les partage avec vous cet été à travers ces chroniques culinaires !

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Habiter son nom. Une histoire française, par Céline Masson, avec Alexandre Beider (*)

 

C’est un fait : il n’est jamais aisé en France de changer de patronyme. On considère généralement qu’un nom de famille, c’est pour la vie. Cela dit, on peut comprendre que certaines personnes, affublées malencontreusement de noms pour le moins désagréables, soient tentés de tout faire pour en changer. Une personne qui se nomme Legros, Lenain ou, plus délicat, Moncul voire Con, peut avoir envie de modifier son patronyme. Longtemps la loi ne l’a pas permis.

Les Juifs de France, pourtant présents dans le pays depuis des siècles, n’ont pas, pendant longtemps, pratiqué le système des noms et prénoms tel que nous le connaissons. Conformément à un usage ancien, la formule en vigueur était plutôt du type : David, fils de Samuel ou Joseph fils de Benjamin. Ce qui, parfois était simplifié en David Samuel et Joseph Benjamin. C’est Napoléon qui, le 20 juillet 1808, par le biais d’un décret, a obligé les Juifs de France à avoir un patronyme en bonne et due forme. L’article 1er  de ce décret stipulait : « Ceux des sujets de notre Empire qui suivent le culte hébraïque et qui, jusqu’à présent, n’ont pas eu de nom de famille et de prénom fixe, seront tenus d’en adopter dans les trois mois de la publication de notre présent décret, et d’en faire la déclaration par-devant l’officier de l’état civil de la commune où ils sont domiciliés ».

En 1808, on compte 77 000 Juifs au sein de l’Empire. L’historien Philippe Sagnac les classe en quatre catégories : 1. le groupe portugais et avignonnais, 2. le groupe italien, 3. le groupe allemand, 4. le groupe parisien.

Si certains Juifs n’ont pas de difficultés, par le biais d’une légère modification, à se mettre en conformité avec la loi- c’est le cas, par exemple de Jacob Cerf qui devient Julien Lecerf-, la chose est plus difficile avec des patronymes à consonance étrangère, notamment germanique. Dans ce cas, c’est à une véritable traduction qui s’opère  ou, à défaut, une transformation : Schwarz va donner Lenoir et Finkelstein, Finquet. Un cas d’école est celui de l’écrivain Viennois Hans Mayer qui devint Jean Amery, simple anagramme de l’original.

Je précise que le phénomène n’est pas exclusif du judaïsme ashkénaze. On le retrouve également dans le monde séfarade où, par exemple, Taïeb a donné Taillet et Raccah, Raccat.

C’est le phénomène inverse qui va l’objet de l’ouvrage de Céline Masson et Alexandre Beider. Celui de personnes désirant reprendre leur nom d’origine. Une procédure désormais possible depuis quelques années. Cela n’est  parfois pas accepté par des membres de la famille et on assiste au phénomène étonnant de gens portant des patronymes différents dans la même sphère familiale.

Onze cas sont examinés dans ce livre. Cinq de Pologne : FUKS, KRAVITZCH, POJZMAN, SZAJEWICZ et WITTENBERG, deux de Roumanie : KOHN et LEBOVICI, deux d’Alsace-Lorraine : LEVY et WEILL , un d’Autriche : LANDESMANN et un de BIELORUSSIE : RUBINSTEIN.

Fuks était devenu Forest, Kravitzch, Ravot, Pojzman, Pontay, Szajewicz, Sajet, Wittenberg, Durand, Kohn, Ronnet, Lebovici, Lebeau, Lévy, Laurent, Weill, Didier, Landesman, Bouché et Rubinstein, Rimbaud.

Tout est désormais « rentré dans l’ordre ». Des témoignages très émouvant. Un livre édifiant.

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Hermann. 2020. 160 pages. 24 €. Préface de Nathalie Heinich. Postface de  Jean-Marie Dreyfus