Yonathan Arfi

Président du Crif, un militant juif et citoyen

Commémoration de la rafle de Libourne- Discours de Yonathan Arfi

12 Janvier 2023 | 73 vue(s)
Catégorie(s) :
France

La semaine dernière, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) proposait dans sa newsletter et sur ses réseaux sociaux un contenu qui a fait polémique.

Mon discours prononcé au dîner du Crif Grenoble-Dauphiné, le 22 octobre 2017.

Mon discours à la cérémonie d'hommage aux Juifs engagés volontaires qui s'est tenue le 15 octobre 2017 au cimétière de Bagneux.

Dans ce courrier, j'ai félicité Audrey Azoulay pour son élection. J'ai également attiré son attention sur les positions récentes de l'Unesco sur Jérusalem et commente les relations passées de l'organisation avec le Crif.

Mardi 10 octobre 2017, j'ai été reçu par le Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères pour un long tour d'horizon.

Portrait de Invité
#BlogDuCrif - Devoir de mémoire
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20 Septembre 2017
Catégorie : France

Il y a 76 ans, le 15 décembre 1941, 69 hommes ont été fusillés au Fort du Mont Valérien à Suresnes, dans les Hauts de Seine par les autorités d’occupations allemandes. Ces hommes, français et étrangers, furent arrêtés par les forces de polices françaises de la Préfecture de police du département de la Seine (à l’époque).

Je vais vous raconter l’histoire de Moritz Singer, mon oncle, le frère de ma mère, un de ces fusillés.

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

"Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe…"
 

 

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Actualité

Dimanche 13 janvier 2019, le Crif a organisé un voyage de mémoire à Auschwitz-Birkenau. Ensemble, au cours de cette journée, nous avons honoré le devoir de mémoire qui nous incombe et sommes devenus les témoins des témoins.

L'historien Laurent Joly publie un nouvel éclairage sur la collaboration de la France occupée à la déportation des juifs. Une œuvre magistrale.

Le Crif souhaite un prompt rétablissement à Jean-Pierre Allali suite à son récent accident et espère le retrouver très vite en pleine forme.

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Opinion

Bienvenue sur le blog La Chronique (pas tès casher) de Raphaela ! Sur ce blog, Raphaela vous propose ses billets d'humeur sur tout ce qui l'entoure, l'émeut, la touche, la fait rire et la révolte. Et elle a des choses à vous dire...

Les jolies colonies de vacances... Il fait beau, il fait chaud, ça sent vraiment les vacances ! Cette semaine, nous vous proposons une série d'articles sur les mouvements de jeunesse juifs en France ! Aujourd'hui, découvrez le parcours d'une ancienne E.I. !

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Le 10 janvier 2023, Yonathan Arfi, Président du Crif, s'est rendu à la cérémonie en hommage aux victimes de la rafle de Libourne du 10 janvier 1944. Il a prononcé un discours dans la cour de l'école Myriam Errera, arrêtée à Libourne et déportée sans retour à Auschwitz-Birkeneau, en présence notamment de Josette Mélinon, rescapée et cousine de Myriam Errera.  
 

Monsieur le sous-Préfet,

Mesdames et Messieurs les élus,

Cher Albert Massiah, Président du Crif Bordeaux-Aquitaine,

Mesdames Josette Mélinon et Blanche Chauveau,

Mesdames et Messieurs,

 

En écoutant les textes que viennent de prononcer les écoliers de Libourne, il me revient en mémoire un célèbre proverbe juif : « On ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes ».

Cela, deux personnes semblent l’avoir mieux compris que quiconque : il s’agit de Josette Mélinon et Blanche Chauveau, grâce à qui nous sommes réunis aujourd’hui pour nous souvenir de ce qu’il s’est passé dans cette ville il y a 78 ans.

Il y a dans notre Histoire des dates qui ne s’oublient pas. Le 10 janvier 1944 est l’une d’elles. Ce jour-là, la région est plongée dans le vacarme et l’obscurité. À Libourne, 16 personnes juives sont arrêtées et enfermées dans la prison de la ville. La plupart sont ensuite déportées au camp de Drancy, puis à Auschwitz-Birkenau.

Parmi ces femmes et ces hommes dont il ne reste aujourd’hui que les noms et la mémoire, il y a Camille Torres, la grand-mère de Josette Mélinon et Blanche Chauveau, et leur cousine, Myriam Errera. 

C’est en souvenir de Myriam, de sa jeunesse, de sa soif de vivre que Josette et Blanche ont investi tant de temps et d’énergie. Chaque année, à la même date, elles s’attachent à organiser cette cérémonie qui est devenue un rendez-vous de mémoire pour tous les habitants de Libourne. Parents et enfants, jeunes et moins jeunes, vous êtes tous réunis pour honorer le souvenir de cet événement qui a frappé votre ville.

Puisque les dates comptent, je voudrais rappeler qu’il y a un an, presque jour pour jour, le 12 janvier, le Crif a rencontré Josette et Blanche chez elles, ici à Libourne. Les deux sœurs avaient accepté de participer au projet Lest We Forget – N’oublions pas, une exposition de portraits photographiques de 42 survivants français de la Shoah, présentée l’été dernier sur les grilles du Jardin du Luxembourg, à Paris.

Accompagnés du photographe Luigi Toscano, nous avons donc été accueillis par Josette et Blanche qui nous ont raconté leur histoire et celle de leur famille. Pour celles qui avaient voué leur vie à rendre hommage à leur cousine, c’était à leur tour d’être honorées, regardées et entendues. Pendant un mois, leurs photos ont été vues et leurs histoires lues par des milliers de visiteurs qui portent désormais en eux la mission de la transmettre à leur tour. 

Oui, Mesdames et Messieurs, faire face à l’histoire de la Shoah, c’est accepter une responsabilité : celle de devenir soi-même un témoin du présent, un maillon de la chaîne de transmission, trait d’union entre les générations passées et futures. Cette responsabilité ne diminue pas avec les années : au contraire.

Tout à l’heure, nous avons entendu la voix des élèves réciter le texte poignant d’Albert Pesses qui nous décrit « ce badge », cette étoile jaune que tant d’enfants ont dû porter sur leurs manteaux, leurs chemises et leurs robes. « On avait marqué Juif sur mon cœur de sept ans », dit le poème. En 1942, Gilberte, la mère de Josette et Blanche, coud sur ses vêtements l’étoile jaune désormais obligatoire en zone occupée. À elle aussi, on a marqué « juive » sur le cœur. 

Chers élèves, cette cérémonie, c’est vous qui venez de la faire. Cette plaque commémorative, c’est la vôtre. Cette école, dans laquelle Myriam Errera a fait sa scolarité avant d’être arrêtée, dans laquelle Josette a enseigné et dans laquelle ont été scolarisés ses enfants, c’est aussi la vôtre. « Tout se regroupe » nous a dit Josette, et elle avait raison.

Ce récit de la rafle de Libourne, c’est à vous que reviendra demain la tâche de le transmettre. N’oubliez pas, chers élèves, qu’en vous racontant leur histoire, Josette et Blanche vous ont donné des racines. En vous la confiant, elles vous donnent à présent des ailes.

Cette tâche, cependant, n’aura rien de facile. Car 80 ans après la Shoah, rien n’est acquis. Aujourd’hui encore, des comportements et des idées toxiques demeurent. Qu’elle soit d’inspiration islamiste, d’extrême-droite, complotiste, antisioniste, d’extrême-gauche ou négationniste, la haine et la stigmatisation des Juifs persistent comme un bruit de fond.

Pour les combattre, il n’est rien de plus important que de défendre ces valeurs si chères à l’école républicaine, si chères d’ailleurs au judaïsme. Je pense à l’humanisme, à l’universalisme des Lumières. Je pense à l’esprit critique, à l’importance du questionnement et du doute. Je pense au partage du savoir et de la connaissance.

Cela, vous venez de le faire, tout au long de cette cérémonie, à travers la lecture de textes terribles et importants : ceux qui ont scellé le sort des Français juifs il y a 80 ans, de leur dénaturalisation à l’application du Statut des Juifs. Mais puisque nous sommes dans le vif du sujet, je propose que l’on se souvienne aussi d’un autre texte. Celui-là est bien plus ancien. Il s’agit du décret pour l’émancipation des Juifs de France, voté en 1791 par l’Assemblée constituante. Ce décret a permis aux Juifs d’obtenir la citoyenneté et la pleine égalité de leurs droits avec leurs concitoyens.

Des textes comme ceux-là, Mesdames et Messieurs, sont tout aussi importants, car ils nous rappellent que l’histoire des Juifs en France n’est pas qu’une longue succession de drames, mais peut aussi être porteuse d’espoir et d’optimisme.

 

Yonathan Arfi, Président du Crif

 

 

 

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