Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Blog du Crif - Les Juifs de Finlande

09 Mai 2022 | 535 vue(s)
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Opinion

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

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Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Dès le début de l’offensive russe contre l’Ukraine, nous avons, le 23 février dernier, proposé à nos lecteurs, une étude sur les Juifs d’Ukraine. Depuis quelques jours, le conflit semble s’étendre à deux autres pays, la Finlande et la Suède. Nous vous proposons de découvrir les communautés juives de ces deux pays. Aujourd’hui, les Juifs de Finlande.

La Finlande, c'est le Grand Nord, la Laponie... Il y avait, historiquement, peu de chances que des communautés juives s'installent un jour dans ce pays. C'est la situation des Juifs en Russie qui va conduire plusieurs milliers de Juifs à choisir la Finlande.

À l'époque, en 1825, le Tsar Nicolas 1er, dès le début de son règne, se montre très malveillant à l'égard de ses sujets juifs. Les Juifs de Russie, déjà astreints à être confinés dans une « zone de résidence », voient littéralement tomber sur leurs têtes l'oukase du 26 août 1827 qui impose aux jeunes Juifs, jusqu'ici dispensés moyennant un impôt spécial, une conscription de 25 ans. Pour contraindre les Juifs à l'assimilation, pour éradiquer les sentiments familiaux et pour faire éclater les structures religieuses, les jeunes gens juifs sont arrachés à leurs familles par des « happeurs », des kidnappeurs, parfois dès l'âge de huit ans, logés dans des familles chrétiennes, loin du respect des prescriptions alimentaires de la cacheroute et poussés à la conversion. On peut comprendre, dès lors, que des familles aient choisi de s'exiler dans la Finlande voisine. Certains historiens considèrent néanmoins qu'il y avait déjà, sur place, une petite communauté, notamment parce que si l'installation de Juifs fut longtemps interdite en Finlande, le passage temporaire était, lui, autorisé. On a ainsi gardé la trace du passage à Helsinki, en 1782 de trois chansonniers portugais juifs, Josef Lazarus, Meijer Isaac et Pimo Zelig ainsi que d'un prestidigitateur, Michel Marcus.

On mentionne également, la présence dans la ville d'Hamina, en 1790, d'un Juif, Jacob Weikaïm dont les descendants s'installèrent plus tard à Vyborg. De nombreux Juifs convertis purent s'installer dans le pays par ailleurs.

Lors de la grève générale de 1905, un Juif de Vyborg, Santeri Jacobsson, prit la tête d'un mouvement de revendications des droits civiques pour les Juifs, créa une « Ligue des Droits des Juifs de Finlande » et lança même un journal.

Il faudra cependant attendre le 1er janvier 1918 pour voir les Juifs finlandais traités en citoyens égaux.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement finlandais, bien que le pays fût l'allié de l'Allemagne, résista aux pressions allemandes et ne livra aucun Juif aux nazis. La situation des réfugiés juifs, environ cinq cents, venus de pays d'Europe fut plus délicate. Huit Juifs dont deux enfants, refoulés en Estonie et déportés à Auschwitz. Après la Guerre, le Premier ministre finlandais, Paavo Lipponen, présenta les excuses de son gouvernement pour cette extradition meurtrière.

La Finlande a reconnu l'État d'Israël de facto en juin 1948 et entretient depuis de bonnes relations avec l'État juif. Notons d'ailleurs que 29 Juifs finlandais ont participé à la Guerre d'Indépendance d'Israël.

Le recensement de 1983 dénombre 1 200 Juifs en Finlande, 900 à Helsinki, 280 à Turku et 20 à Tampere. Des synagogues ont été érigées à Helsinki et à Turku, des écoles fonctionnent ainsi que des mouvements de jeunesse. On notait déjà, à cette époque, un nombre important de mariages mixtes.

Signalons qu'en 1994, une exposition intitulée « Les Juifs de Finlande » a été proposée à Paris dans les locaux de l'Institut Finlandais.

Plus près de nous, en 2012, avec la montée d'un certain antisémitisme, des responsables communautaires ont suggéré aux Juifs pratiquants de ne pas porter la kippa en public. Cela a provoqué un véritable tollé que le président de la communauté, Yaron Nadbornik, a eu du mal à contenir. En octobre 2013, le journal gratuit « Magneettimedia » a été condamné par la justice finlandaise pour des articles à caractère antisémite.

En 2022, on compte environ 1 400 Juifs dans le pays. Le Grand rabbin Simon Livson est originaire d'Israël.

Petite anecdote : en 2015, quatre Israéliens, Amir Weil, Aviad Scheibitz, Assaf Giler et Moti Shemtovi, ont acheté une île finlandaise, Petäjäsaari. Il y a en Finlande, 188 000 îles, mais l'affaire a fait grand bruit.

En 2022, l'histoire des Juifs et de la Finlande continue de s'écrire sous nos yeux.

Jean-Pierre Allali

Illustration : la Grande Synagogue d’Helsinki