Stéphanie Dassa

Directrice de projets

Blog du Crif - La Rafle du Vel d’Hiv, par Laurent Joly

01 Juin 2022 | 141 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Lors de la cérémonie nationale d'hommage commémorant le Vel d'Hiv, le Président du Crif s'est dit "choqué et révolté par les images indécentes des récalcitrant à la vaccination arborant l’étoile jaune et faisant des raccourcis honteux. C’est un outrage à la mémoire des victimes de la Shoah".

Discours de Marcel Dreyfuss,  Président d’honneur du Consistoire, représentant du Crif ARA - Dimanche 18/7/2021 au CHRD

Discours prononcé à la cérémonie du 18 juillet par M. Albert Massiah, Président du Crif Bordeaux-Aquitaine, lors de la « Journée nationale à la mémoire des crimes racistes et antisémites commis par l’État français de Vichy et en hommage aux Justes de France. »

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La Rafle du Vel d’Hiv, par Laurent Joly

 

La plume de Laurent Joly rendrait n’importe quel ouvrage historique un bonheur de lecture.

Calé au fond du fauteuil, on part dans ses phrases en oubliant les heures, même s’il s’agit ici « des plus sombres de notre histoire » (qui n’a jamais entendu cette expression, ressassée à l’envi, qui voudrait tout dire en surtout ne disant rien?).

Nous voici en France occupée celle dont il écrit dans les premières lignes de son premier chapitre qu’elle « ne sera jamais pour les Juifs un territoire complètement hostile », parce que, avance-t-il « nombre d’agents [de l’appareil d’Etat] laisseront filer des Juifs ou leur viendront en aide ».

Oui, Paris n’était ni Berlin ni Varsovie, mais pourtant, entre le 16 et le 17 juillet 1942, plus de 13 000 juifs y furent arrêtés et « nulle part, même à Berlin, on n’arrêta autant de victimes en si peu de temps » précise l’historien.

Au commencement était… la décision. Tel est le titre de son premier chapitre, car pour comprendre la monstruosité du crime, il faut entrer dans « l’arrière-plan administratif et la logique policière », il faut entrer dans les rouages de la collaboration de Vichy avec l’occupant nazi.

Qui, comment, pourquoi, l’historien l’explique parfaitement et limpidement dans sa dernière étude qui fera date « La rafle du Vel d’Hiv », parue tout récemment aux éditions Grasset.

46 pages de sources et de références bibliographiques témoignent de l’énorme travail de recherche qu’il a accompli, décliné en huit chapitres, dont un consacré au 16 juillet (le quatrième) et un au 17 juillet (le cinquième), qui encadrent, contextualisent, enracinent ces deux journées d’enfer dans la complexité d’un appareil d’état criminel, avide, qui veut du chiffre, du rendement et sans doute aussi les congratulations de son maître, le IIIème Reich.

Dans sa conclusion, Laurent Joly rappelle que cette « grande rafle a entraîné un drame unique, invraisemblable » : l’arrestation de 4000 enfants dont le sort glace le sang. Ces enfants ont été internés puis séparés de leurs parents. Littéralement abandonnés par Vichy, ils ont été déportés seuls, au milieu « de centaines d’inconnus », puis assassinés à Auschwitz-Birkenau.

Ce crime-là, celui commis contre ces enfants, justifiait à lui seul, s’il en était besoin, la phrase du Président Chirac prononcée lors de son discours en 1995 « La France ce jour-là accomplissait l’irréparable ».

80 ans plus tard, Laurent Joly nous offre dans sa magistrale étude les clés pour appréhender cet évènement terrible qui a marqué de manière indélébile notre histoire et notre conscience nationale.

À lire absolument.

Stéphanie Dassa

 

* La Rafle du Vel d’Hiv, Laurent Joly, éditions Grasset