Bruno Halioua

Président de la Commission Souvenir du Crif

Blog du Crif - La mémoire des enfants du Ghetto de Varsovie (1)

15 Avril 2021 | 239 vue(s)
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Actualité

Prix Nobel de littérature en 2002, l'écrivain hongrois Imre Kertèsz est mort à Budapest le 31 mars 2016. Son dernier livre, "L'ultime auberge" a reçu, le 22 mai 2016, le Prix Spécial du Jury 2016 du Salon du Livre de la Licra-Paris

Voici le discours que j'ai prononcé après le vote de l'assemblée générale du Crif.

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Lors du 9ème Salon du Livre de la Licra, deux écrivains ont reçu un prix

Là-bas, la crainte d'une menace russe est la principale raison qui exacerbe les passions identitaires.

 
Lors d’une allocution devant le Conseil de sécurité, Rafael Ramirez, représentant du Venezuela auprès des Nations-Unies, a lancé… « Qu’est-ce qu’Israël a l’intention de faire avec les Palestiniens ? Vont-ils disparaître ? Est-ce qu’Israël cherche à imposer une Solution finale sur les Palestiniens ? » 
 

Décryptage.

 

Des 27 avril au 10 juin 2016, se tiendront les journées nationales des Mémoires de la traite de l’esclavage et de l’abolition.  Souvenons-nous.

Nouvelle erreur de casting - Au lendemain de l'émission Dialogues Citoyens, retour sur Marwen Belkaid, un invité pas comme les autres.

Seuls, nous ne pouvons rien. Tous unis nous pouvons tout.

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Réaction à la célébration du 20ème anniversaire de la mort de François Mitterand

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A quelques jour de notre Convention Nationale j'ai répondu aux questions de Sara Mesnel pour L'Arche 

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Comment les réseaux sociaux sont passés de l'effroi à la solidarité sans précédent avec les telavivim

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Opinion

Par Chloé Blum

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Techouva, de Frédéric Lauze.

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Dina Porat, Le Juif qui savait Wilno-Jérusalem : la figure légendaire d’Abba Kovner, 1918-1987.

"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

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Le 19 avril, comme chaque année nous commémorons l’anniversaire du soulèvement du Ghetto de Varsovie. C’est l’occasion d’honorer la mémoire des hommes, des femmes et des enfants qui ont été exterminés. Dans ces chroniques avons voulu rappeler le souvenir des 100 000 enfants du Ghetto de Varsovie qui ont été tué à travers ces photographies emblématiques.

 

Les deux petites filles qui jouent dans le Ghetto de Varsovie

Mon image

Crédit photo (c) : Yad Vashem Photo Archives FA 36/2069

 

Comment ne pas être ému en voyant cette photographie de cette petite fille en train de chuchoter un secret à sa copine ?

On ressent une forte complicité entre ces deux petites filles âgées de 4 ans. L’une dispose d’une pelle et l’autre porte un petit sceau. La petite fille qui a un petit ruban soigneusement noué dans ses cheveux  regarde vers le ciel. A quoi pense t-elle ? D'autres enfants en arrière plan s’amusent également à faire des « patés ». On aperçoit deux mamans également qui surveillent leurs enfants. Cette scène se déroule dans une partie de  la cour d’un immeuble situé dans le Ghetto de Varsovie au 127 rue Leszno qui a été aménagé en espace de jeu pour les enfants. 

L’architecture particulière des logements du ghetto, construits autour d’une cour (hoyf), favorise considérablement l’établissement de liens de solidarité entre les habitants. Avant la guerre, la hoyf était un microcosme de la vie juive de Varsovie juive. Il y avait un enchevêtrement d’ateliers, avec des logements en sous-sol pour les plus pauvres, et des appartements plus spacieux dans les  étages supérieurs. Au sein du Ghetto, les habitants de  ces immeubles prennent l’initiative de se réunir entre colocataires après le couvre-feu dans la cours pour discuter du cours de la guerre ou pour se remonter le moral. Au sein de chaque immeuble, il est créé un comité d’immeuble afin de mettre en place des actions de solidarité. Ces comités, qui existent dans chaque grand immeuble, organisent des repas, des distributions de vêtements ou d’articles de puériculture et des garderies.  C’est justement dans l’une de ces Hoyf qu’a été prise cette photographie car les enfants juifs du Ghetto ne disposent d’aucun espace vert. Les autorités d’Occupation en ont établi le tracé en prenant soin de n’y intégrer ni jardin ni parc. Le 18 mai 1942, Abraham Lewin exprime sa frustration dans son journal : « Il est impossible de prendre plaisir à contempler la nature, la beauté du monde de Dieu » Un habitant du ghetto rapporte que les enfants « ne savaient rien des animaux et des plantes. Ils ne savaient même pas à quoi ressemblait une vache».

Pendant l’été 1941, certains installent ces jardins d’enfants sur des parcelles de cours ou des toits en jardins rudimentaires dont l’accès est payant. Les habitants prennent plaisir à se rendre dans ces lieux de convivialité. Mary Berg évoque le sentiment d’évasion qu’elle éprouve lorsqu’elle se rend sur l’une de ces toitures afin de profiter du soleil. « L’air est pur […] et je pense au vaste monde, à des terres lointaines, à la liberté. »

Certains débrouillards font payer ces « espaces de liberté » ce qui suscite l’indignation d’Emmanuel Ringelblum car il considère que cela contribue à accroître le clivage social au sein du ghetto : « Certaines cours ont été transformées en restaurants de plein air. D’autres ont été louées pour servir de terrains de jeux pour enfants. Seuls les gosses des riches peuvent en bénéficier, car le prix est de 30-40 à 70 zlotys par mois. Les enfants pauvres ne voient jamais de verdure. L’air frais lui aussi est mis en vente ! ».

Les parents de ces deux petites filles ont-ils payé pour qu’elles puissent profiter de ce jardin d’enfants ? Il est impossible de le savoir. Qu’importe. Cette photographie suscite une émotion particulière quand on sait qu’il s’agit de leurs derniers moments d’insouciance  avant leur extermination à Treblinka comme pratiquement les 100 000 enfants du Ghetto de Varsovie …

 

Bruno Halioua

Pour en savoir plus: Les 948 jours du ghetto de Varsovie. Bruno Halioua. Ed Liana Levi. 253 pages. mars 2018.