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Publié le 14 Janvier 2022

Actualités des Régions - Crif Bordeaux-Aquitaine : Commémoration de la Rafle de Libourne

La commémoration de la Rafle des Juifs de Libourne est organisée chaque année par l’association "Souvenir de Myriam Errera" et par sa présidente Josette Daguet Melinon et son bureau. Le Crif Bordeaux-Aquitaine invité par la présidente de l’association y participait pour la première fois.

Le 10 janvier 1944, près de 400 juifs de Bordeaux, Libourne, Arcachon, Bayonne et Pau sont enfermés dans la grande synagogue de Bordeaux transformée en prison. La plupart sera déportée à Drancy puis Auschwitz-Birkenau. 365 juifs sont arrêtés par les autorités françaises, dont 228 en Gironde. Ils ont ensuite été transférés vers le camp de Drancy avant d'intégrer le convoi numéro 66 du 20 janvier composé de 1 153 juifs à destination d'Auschwitz-Birkenau. Dans ce triste convoi, le plus jeune déporté n'avait que trois mois.

 

Libourne, le 10 janvier 2022

C’est en présence d’un très grand public constitué de nombreux écoliers, parents d’élèves, enseignants et représentants des associations œuvrant pour la défense de la mémoire de la Rafle de Libourne du 10 janvier 1944 que s’est déroulée cette très émouvante cérémonie.

La cérémonie s’est déroulée sur deux sites différents ; tout d’abord dans la cour de l’école primaire anciennement école du Nord et qui porte maintenant le nom de Myriam Errera, devant sa plaque commémorative, puis devant la stèle à la mémoire des déportés de la Seconde Guerre Mondiale.

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C’est la présidente de l’association Josette Melinon qui a pris tout d’abord la parole pour rappeler la Rafle du 10 janvier 1944 à Libourne, l’arrestation et la déportation de Myriam Errera et d’une grande partie de sa famille, mais également à travers elle, de toutes les victimes de la Shoah, emprisonnées à Libourne puis déportées et assassinées à Auschwitz, pour unique et seule raison d’être nées juives.

L’émotion palpable dans l’assemblée a été à son paroxysme quand une écolière de l’école voisine de Lugon raconta avec sa voix d’enfant le sauvetage de Josette 3 ans et demie et de Blanche sa sœur de 8 ans, puis la déportation de sa mère Gilberte Torres Daguet à Drancy :

« Vers 22h, le 10 janvier 1944 des coups frappés à la porte d'entrée. Notre mère ouvrit et se trouva face à 5 soldats allemands, mitraillette calée contre la hanche. Après avoir suivi notre mère dans les chambres où elle prit quelques vêtements, ils réclamèrent du linge devant les portes de l'armoire ouverte. Nous descendîmes l'escalier toujours encadrées et là, je me mesurai à la hauteur de leurs bottes !… Après avoir pris l'escalier en colimaçon dont les murs étaient peints en rose sale, nous nous retrouvâmes face à la cellule où nous vîmes, assises sur le banc, tantes, cousines, grand -mère, grand - tante, etc. Là je passai dans tous les bras, embrassée, serrée, ne comprenant pas ce qui m’arrivait… Après deux nuits passées en prison, notre père, muni de certificats de baptêmes de grands - mères et arrière - grands - mères (7 générations), nous fit sortir avec l'aide d'une voisine épouse d'un médecin. »

Des chants d’enfants, des musiques, puis la Marseillaise furent entonnés pour ponctuer cette cérémonie.

Parmi les nombreuses personnalités présentes les porte-drapeaux, les anciens combattants, le Grand Rabbin Régional Claude Maman, le député de la 10ème circonscription Florent Boudié, le représentant du Marie de Libourne, Josette Melinon, la président de l’association, Albert Massiah président du Crif Bordeaux-Aquitaine prononça un discours à la mémoire de Myriam Errera et de toutes les victimes de la Shoah.

Il rappela notre rôle de veilleur, cette attention à l’histoire, pour la mémoire et contre l’oubli : « Voilà justement notre principal objectif et notre combat permanent comme il est également le vôtre… La fraternité n’exclut pas la vigilance, et face à cette perte de repères qui ouvre souvent la porte à la haine, la fraternité donne du crédit à nos actes et de la portée à nos paroles. »

La deuxième cérémonie se déroula devant la stèle du mémorial aux morts des victimes de la Seconde Guerre Mondiale avec des prises de paroles et des témoignages tout aussi émouvants, puis se conclu par une prière du Grand Rabbin Régional.

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Pour en savoir plus : http://www.souvenirdemyriamerrera.fr

 

Albert Massiah, Président du Crif Bordeaux-Aquitaine