Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean Pierre Allali - Le parlement des cigognes, de Valère Staraselski

20 Mars 2018 | 569 vue(s)
Catégorie(s) :
France

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Actualité
Le 10 janvier 2023, Yonathan Arfi, Président du Crif, s'est rendu à la cérémonie en hommage aux victimes de la rafle de Libourne du 10 janvier 1944. Il a prononcé un discours dans la cour de l'école Myriam Errera, arrêtée à Libourne et déportée sans retour à Auschwitz-Birkeneau, en présence notamment de Josette Mélinon, rescapée et cousine de Myriam Errera.  
 

La 12ème Convention nationale du Crif a eu lieu hier, dimanche 4 décembre, à la Maison de la Chimie. Les nombreux ateliers, tables-rondes et conférences de la journée se sont articulés autour du thème "La France dans tous ses états". Aujourd'hui, découvrez un des temps forts de la plénière de clôture : le discours de Yonathan Arfi, Président du Crif.

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 Le parlement des cigognes, de Valère Staraselski

Magnifique ! Ce roman est tout simplement magnifique. Avec maestria, l’auteur nous conduit, pas à pas, d’une banale excursion d’adolescents français en Pologne à la tragédie infinie de la Shoah.

Ils sont douze jeunes et ont pour noms David, le « leader », Maxime, Cyril, Katell, Zahia, Laurent, Elisabeth, Charlotte, Théo…Ils se sont retrouvés, début février, à Cracovie, l’ancienne capitale polonaise, pour un séminaire dans le cadre de leurs études d’hôtellerie. Un stage de perfectionnement, mais aussi une occasion de flâner sur le Rynek ou dans la rue Grodska et de se régaler dans un mleczny, un bar à lait typiquement polonais où l’on peut déguster un bigos, soupe à l’œuf locale,  s’avaler quelques verres de kwas, la « bière de pain », de faire son jogging et même d’élire une « Miss Cracovie », ce sera la jolie Katell, par ailleurs experte en claquettes et  que David n’arrête pas de dévorer des yeux.

Insouciance et décontraction. Mais la Pologne ne saurait indéfiniment cacher son passé douloureux, même à des jeunes gens en vadrouille qui ne songent qu’à se distraire.

Les choses vont changer lorsque la petite troupe se retrouve dans l’ancien quartier juif de Kazimierz, là-même où Steven Spielberg avait tourné, dans les années quatre-vingt-dix, son fameux La Liste de Shindler puis, plus tard, de l’autre côté de la Vistule, dans l’autre quartier juif de la ville, Podgorze. Plus tard, c’est la découverte du camp de Plaszow, où naguère, étaient installés deux cimetières juifs, détruits par les nazis et dont les pierres tombales ont servi, en 1942, à construire des routes. A cette époque, raconte David, un Cracovien sur quatre était juif. Il évoque le personnage sinistre d’Amon Göth, qui prenait un plaisir cynique à tuer des Juifs avec le concours de ses chiens, Alf et Ralf. Il parle aussi, à ses camarades de l’infernale marche de la mort.

Mais c’est en visitant une exposition de peinture dans l’ancienne Halle aux Draps que les jeune Français vont être confrontés, de plein fouet, à l’horreur de l’extermination des Juifs par Hitler et ses sbires. Face à une toile étrange, « Sejm Bociani », « Le Parlement des Cigognes » due à Wladyslaw Malecki, un vieillard, Zygmunt, assis, contemple la peinture, comme subjugué. On apprendra par la suite, qu’il est originaire de la ville, Krakow, en polonais et qu’il vit désormais en Israël. C’est son premier voyage en Pologne depuis les années sombres de la Shoah.

Pris de sympathie pour les jeunes, il va, par petites touches, leur raconter, dans les moindres détails, l’horreur et l’expérience terrible de l’Occupation allemande de la Pologne. Et comment, par chance, et aussi grâce à des cigognes, il s’en est sorti. Il leur dira aussi que la fin de la Guerre n’a pas signifié, loin de là, le répit pour les rescapés juifs. L’antisémitisme a resurgi, comme lors du pogrome de Kielce en 1945.

Un récit haletant dans  une écriture d’une belle finesse. A découvrir absolument.

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Le Cherche Midi. Août 2017. 128 pages. 15 euros.