Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Les Droits de l’Homme et l’ombre de René Cassin à l’ONU

06 November 2023 | 134 vue(s)
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Opinion

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

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Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Aujourd’hui [le 2 novembre 2023] s’ouvre à Genève le Forum du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU. Nous sommes à moins d’un mois du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et l’institution onusienne désire accorder à cet anniversaire un retentissement spécial.

Seulement, voilà. René Cassin et Eleanor Roosevelt, les deux figures emblématiques de cette déclaration, s’agitent dans leur tombe en sachant qui est le Président de ce Forum. 

 

Il s’agit d’un Iranien, représentant de son gouvernement aux Nations Unies.

Il a été choisi au mois de mai par le Président du Conseil des Droits de l’Homme, un diplomate tchèque. Enfin, choisi est une façon de parler. De fait, l’Iranien était l’unique candidat : comme plusieurs des titulaires précédents de cette fonction, il avait été présenté par le groupe Asie du Conseil des Droits de l’Homme et on imagine qu’il a eu le soutien actif de la Chine : de leur gestion du Covid à la persécution des minorités ethniques et à la répression des droits des opposants, les deux pays sont en terrain d’entente pour cacher des questions qui fâchent, sans parler des liens commerciaux pétroliers entre eux.

 

Mais pourquoi les États démocratiques, et en particulier l’Europe, n’ont-ils pas présenté de candidat ? Probablement parce qu’ils ont décidé depuis longtemps que les Droits de l’Homme sont un sujet qui relève des pays du Tiers Monde, aujourd’hui appelés Sud global et qu’ils ont négligemment laissé les clés de la maison aux pires des prédateurs. 

 

Le chef de la diplomatie européenne, responsable de la politique humanitaire, Josep Borrell, a trouvé normale la nomination du représentant iranien. Monsieur Borrell a, comme les anciennes titulaires de son poste, Mesdames Ashton et Meneghini, une solide antipathie pour Israël, où il a travaillé dans un kibboutz dans sa jeunesse et où il a rencontré sa première épouse. Pour les mollahs iraniens, il a longtemps eu les yeux de Chimène, tweetant son admiration pour la place des femmes dans le système éducatif iranien. Il a certes dû mettre son enthousiasme en veilleuse après la sauvage répression qui a suivi les manifestations après la mort de Mahsa Amini, mais il ne voit toujours rien d’anormal à ce qu’un officiel iranien préside une grande conférence sur les Droits de l’Homme dans l’enceinte de l’ONU…

 

En fait ce Forum a le président qu’il mérite car le Conseil des Droits de l’Homme, qui a remplacé en 2006 une Commission des Droits de l’Homme déjà déconsidérée, est une alliance mafieuse des pires régimes de la planète, silencieuse sur leurs exactions, mais volubile contre le seul État d’Israël. Parce qu’au Conseil des Droits de l’Homme chaque voix vaut une autre, et que la Finlande, le pays le plus libre de la planète vaut autant que l’Érythrée, l’une des dictatures les plus féroces, on pourrait y voir des enquêteurs érythréens reprocher sans rire à la Finlande des atteintes à la liberté lors de l’examen tous les quatre ans de la situation de chaque pays. 

 

Le fonctionnement du Conseil des Droits de l’Homme, continuellement dénoncé par l’organisation UN Watch témoigne du délabrement moral d’une organisation incapable de sortir d’une loi du nombre, qui condamne Israël avant même que le motif soit exposé.

 

Il y a un autre organe à prendre en considération en ce qui concerne l’ONU, c’est l’UNWRA, cette agence dédiée aux réfugiés palestiniens, seuls réfugiés de père en fils parmi la centaine de millions au moins de réfugiés dans le monde, ce qui a permis leur nombre d’être multiplié par six en 75 ans, exploit démographique sans précédent, surtout lorsqu’il provient d’un peuple qu’on dit victime d’un génocide. L’UNWRA a facilité l’enkystement du problème des réfugiés palestiniens et leur non-intégration dans les pays voisins. Elle a laissé se développer dans ses écoles une rhétorique de la haine, a bénéficié de financements généreux et sciemment aveugles d’une Union européenne pétrie d’angélisme et de contrition. Enfin, comme toutes les administrations qui tiennent pour des intérêts corporatistes à persister dans leur être, elle a développé une stratégie de collaboration intime avec le Hamas, qui exerce un pouvoir absolu sur ses professeurs comme sur ses élèves.

 

Quand le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, prononce un discours où, tout en admettant le caractère terroriste des actes commis par le Hamas, il en atténue la gravité en insistant sur la responsabilité du contexte, cette formule qui permet tous les amalgames et mensonges, il reprend la phraséologie victimaire de l’UNWRA.

 

La réaction de la délégation israélienne exaspérée a été violente, contre-productive pour certains qui soulignent que Guterres n’avait pas été jusque-là le plus anti israélien des secrétaires généraux de l’ONU. Quant à l’étoile jaune arborée par le représentant israélien à l’ONU, on peut la juger excessive, mais je ne comprends pas qu’elle soit assimilée uniquement à la Shoah, alors que c’est un signe de marquage des Juifs dont les premiers exemples remontent à 1 200 ans et qu’il est malheureusement vrai que le traitement d’Israël à l’ONU est caractérisé par une mise à l’écart et une réprobation tout à fait spécifiques.

 

Les accusations de crimes de guerre lancées à l’ONU contre Israël sont des accusations particulièrement pénibles à supporter. On savait qu’elles allaient venir, qu’elles allaient effacer le souvenir de la barbarie du Hamas, mais on n’imaginait pas que la bascule serait si rapide. 

 

Je n’ai aucune compétence dans le droit de la guerre, mais je suis légèrement sceptique devant ces peseurs de morts qui prétendent déterminer ce qui est proportionnel et ce qui ne l’est pas. Pour se référer au droit de la guerre, il faut être deux. Israël l’applique, le Hamas, non. Comment faire ?

 

En 2017, les combats de Mossoul qui ont duré huit mois et qui ont des similarités avec la guerre urbaine actuelle à Gaza n’ont fait l’objet, à ma connaissance, d’aucune critique des Nations Unies. Comme le Hamas, Daech prenait en otage la population de la ville, qui lui était par ailleurs assez largement favorable ; comme le Hamas, Daech installait ses centres de commandement dans des hôpitaux ; comme le Hamas, Daech exécutait ceux qui n’obéissaient pas à ses ordres. Comme le Hamas, Daech devait être éradiqué. Comme dans le combat contre le régime hitlérien, cela s’est fait au prix d’un lourd tribut payé par la population civile. Et c’est pourquoi il est malveillant d’assimiler les efforts d’Israël pour faire partir les populations, efforts d’ailleurs en grande partie efficaces à des crimes de guerre et à une épuration ethnique.

 

Ne pas comprendre que le Hamas est l’équivalent de Daech, qu’il n’y a pas de compromis avec lui car son extrémisme n’est pas lié au « contexte » mais à l’essence même de son idéologie, c’est chercher des accommodements avec les nazis sous le prétexte que le traité de Versailles avait été trop sévère contre l’Allemagne. C’est sous le paravent de la paix, céder par avance à la déferlante islamiste. C’est le chemin que prend une ONU qui n’est vraiment pas celle que René Cassin avait rêvée… 

 

Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif

 

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