Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - Simone Veil, Femme universelle, par Didier Durmarque

03 May 2023 | 185 vue(s)
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Opinion

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

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Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Simone Veil, Femme universelle, par Didier Durmarque (*)

 

Comme le fait remarquer l’auteur dans ce petit livre qui se veut didactique, le « palmarès » de Simone Veil est éloquent, éblouissant : première femme secrétaire du Conseil supérieur de la magistrature en 1970, première femme à siéger au conseil d’administration de l’ORTF en 1972, deuxième femme ministre d’État en 1974, première femme Présidente du premier Parlement européen, élue au suffrage universel, en 1979, membre du Conseil constitutionnel de 1998 à 2007, sixième femme à être élue à l’Académie française en 2008 et à entrer sous la Coupole en mars 2010, occupant alors le fauteuil numéro 13,  celui de Jean Racine et de Paul Claudel.

Jean d’Ormesson en recevant à l’Académie, Simone Veil, avait eu cette jolie formule : « C’est une Antigone qui aurait triomphé de Créon ».

Dans sa préface, l’ancien proviseur du lycée Simone Veil de Brive-la-Gaillarde raconte comment l’établissement qui portait le nom de Danton a failli prendre le nom de Suzanne Lacore, héroïne du Front populaire avant d’opter définitivement pour celui de Simone Veil. Il évoque les figures d’Abdel Feghoul, entrepreneur girondin, inventeur des blocstops à l’effigie de l’ancienne ministre, de Sêma Lao, dessinatrice d’une belle fresque et d’Olivier Fischer, graphiste lyonnais qui exécuta au stylo Bic un remarquable portrait de notre héroïne.

Fille de l’architecte André Jacob et d’Yvonne Steinmetz, Simone est née en 1927, dernière d’une famille de quatre enfants. L’ont précédée, Madeleine (1923) dite Milou, Denise (1925) et Jean (1926). Lorsque la guerre éclate, les Jacob s’installent à Nice. Le 30 mars 1944, Simone, qui  vient de réussir au baccalauréat et qui circule sous la fausse identité de Simone Jacquier est arrêtée par la Gestapo. Fait incroyable, Yvonne, Micheline, André et Jean vont également être arrêtés. Seule Denise échappe provisoirement aux nazis. Cependant, après avoir rejoint la Résistance, elle sera déportée à Ravensbrück en 1944. La famille, donc, est décimée : Jean et son père sont déportés par le convoi numéro 73 du 15 mai 1944, Simone, sa grande sœur et sa mère, feront, elles, partie du convoi numéro 71 du 13 avril 1944.  Direction : Auschwitz. Dans ce même convoi, les malheureux enfants d’Izieu et 12 jeunes victimes de la rafle de Voiron, dont Didier Durmarque, pour ne pas oublier, nous rappelle les noms, Ginette Kolinka, Marceline Rozenberg, qui sera plus tard, Marceline Loridan-Ivens, la future psychanalyste, Anne-Lise Stern et le Grand rabbin de Nancy, Paul Haguenauer. Simone Jacob est désormais Sarah 78651. L’enfer des camps au quotidien, la Libération, enfin, et cette anecdote sordide : lors d’une réception au début des années cinquante, un fonctionnaire français, tout sourire demande à Simone si le numéro tatoué sur son avant-bras est celui de son vestiaire !

Un chapitre de cet ouvrage est consacré à la lutte incessante de Simone Veil pour l’adoption de la loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG) qui sera votée, malgré les fortes oppositions, le 29 novembre 1974, par 290 voix contre 189.  Simone Veil, une vie, une vie exemplaire. Un petit livre percutant !

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Entremises, 2023, Préface de Thierry Chazarin, 106 pages, 9,95 €