Jean-Pierre Allali
Reset sur la vie, par Pierre Lebahar (*)
Le titre de ce roman peut intriguer le lecteur peu familier avec les vocables anglo-saxons. « Reset », c’est tout simplement la réinitialisation au sens informatique et, d’une manière plus générale, le nouveau départ : on efface tout et on recommence.
Et c’est ce qui attend les protagonistes de ce roman écrit par un médecin installé à New York.
Nathalie, professeure agrégée de philosophie, la quarantaine passée, célibataire, a décidé de rejoindre un couvent et d’entrer dans les ordres. Pour rejoindre le lieu de son retrait de la vie classique, elle a choisi le covoiturage. Et c’est Michel, un médecin généticien, lui-aussi célibataire, né en France, mais qui vit désormais aux États-Unis, au Texas plus précisément, qui va la cornaquer. Michel se définit comme un Juif athée
Dans la même voiture, un jeune homme, Kévin, travaillant dans la restauration et qui, fatigué, va dormir ou peut-être feindre de dormir, tout au long du trajet. Un trajet qui va permettre à Nathalie et à Michel de s’épancher, de se livrer peu à peu jusqu’au plus intime de leur existence et nouant, au fil des heures et des kilomètres une véritable amitié
On apprend que Michel a choisi de vivre aux States parce que la France, selon lui, est en train de passer à côté de toutes les révolutions scientifiques en cours : digitalisation, data…
Il livre à Nathalie son sentiment selon lequel un Chrétien se voudrait être un Juif qui espère pouvoir réformer le monde…par des bisous. Ou encore : « Le judaïsme, c’est le pouvoir de dire non, le christianisme, c’est la permanente et difficile tentation de dire oui à presque tout ». Quant à Nathalie, elle fait remarquer que « les Juifs nous ont donné Jésus ». Les comparaisons entre judaïsme et christianisme émaillent le trajet : « Le christianisme est une religion de règne, tandis que le judaïsme, lui, est une religion de survie ».
Bizarrement, l’islam est absent de leur conversation. On rencontre Sarah et Isaac, Marie et Jésus mais pas Agar et Ismaël.
Très détendant.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Anfortas. Juillet 2020. 134 pages. 15 €.