Stéphanie Dassa

Directrice de projets

Hommage à Claude Hampel

14 November 2016 | 31 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

Mardi 16 juillet 2024, s'est tenue la cérémonie nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et d'hommage aux Justes de France, commémorant la rafle du Vél d'Hiv organisée par le Crif en collaboration avec le Ministère des Armées. Cette année, à l'approche des Jeux Olympiques, la cérémonie s'est tenue au Mémorial de la Shoah. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé, dans un contexte national et international difficile.

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« Il y eut un soir et il y eut un matin » Genèse1 : 5

C’est avec consternation que nous avons appris le décès prématuré de notre grand ami Claude Hampel.

La peine qui nous habite le dispute au choc qui nous tétanise.
Ce que Claude Hampel représentait pour nous ne peut pas se résumer en quelques mots.
Ce sont 10 ans de souvenirs d’une collaboration amicale et solide devenue avec le temps une amitié franche et complice, qui affluent et s’entrechoquent.

Claude Hampel tout d’abord, c’était un style : une mise soignée, le cheveu épais et savamment travaillé, un flegme emprunté aux britanniques, un langage châtié ; en un mot une éducation.
Il avait horreur du laisser –aller, du négligé.

Né en 1943 dans le cadre sordide du ghetto de Varsovie, cet enfant juif portait à la naissance le prénom de Casimir. Sa survie Claude la devait à un couple de Polonais, les Michalski, devenus Justes parmi les Nations. Discret sur cette période de son existence, Claude Hampel avait pris le parti d’en extraire la mélodie la plus suave : le yiddish.

Une histoire d’amour le reliait à cette langue qu’il maniait parfaitement : c’est lui qui fut le créateur des Cahiers Yiddish– Yiddishe Heften- publication originale qui trouvait sa place dans le désert laissé par la disparition progressive de la presse yiddish en Europe-
En octobre 2011, il lance une émission hebdomadaire en langue Yiddish sur Radio J. Claude Hampel portait le yiddish comme on porte l’héritage d’une civilisation, et c’est dans la presse yiddish qu’il a débuté sa carrière de journaliste.

Claude Hampel n’était pas vraiment « un homme d’institution », il était bien trop original et libre pour cela-mais il a présidé la commission du Souvenir du CRIF avec beaucoup de talent et d’exigence.
Tous les membres de cette commission voulue par Henry Bulawko sont soit survivants de la Shoah, soit engagés à titre associatif dans des actions visant à mieux comprendre la Shoah : on imagine aisément la liberté de parole qui y a cours. Claude Hampel savait parfaitement insuffler l’énergie et l’enthousiasme nécessaires pour donner à chacun une place et un rôle. Ces commémorations que nous préparions ensemble, celle du soulèvement du ghetto de Varsovie et celle dite du Vel d’Hiv, étaient toujours mises en place dans un esprit démocratique, l’avis de tous comptait.

Et puis, il y avait l’autre Claude Hampel… Celui qui dans les années 60 avait des rêves de rocker, se faisait appeler Jimmy et cognait la batterie. Celui avec qui nous avions des joutes oratoires tout à fait fascinantes sur la qualité des terrasses malouines : il aimait celle du Chateaubriand, moi celle d’en face du bar de l’Univers…

J’irai m’asseoir cet hiver au Châteaubriand, chez moi, à Saint-Malo, rendre hommage à celui qui à travers le choix de cet établissement résumait toute sa noblesse d’âme et son amour pour la France. Et penser à notre amitié, à cette disparition brutale qui me laisse dépossédée.

Dire de Claude Hampel qu’il va nous manquer c’est déjà intégrer qu’il ne soit plus de ce monde… Il est un peu tôt pour cela en ce 14 novembre.

Un dernier hommage sera rendu à Claude mercredi 16 novembre à 11h30 au cimetière de Bagneux où il sera inhumé.

Nous espérons que tous ses amis, tous ceux qui l’ont aimé viendront ce matin là.